Un nouvel ALENA sur mesure pour l’Ontario

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L'ACÉUM protégera l'acier américain, mais pas l'aluminium québécois


Donald Trump est protectionniste. Son obsession pour la concurrence déloyale explique pourquoi il a rouvert l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).  En moins de deux ans, il s’est tour à tour attaqué à notre bois d’œuvre, à la main-d’œuvre mexicaine et aux exportations chinoises. 


Le Canada s’est donc retrouvé dans une situation paradoxale. Il fallait négocier le libre-échange pour satisfaire l’appétit protectionniste de notre voisin du sud. 


L’accord signé la semaine dernière, qui remplacera l’ALÉNA, offre des protections sans pareilles pour l’industrie automobile ontarienne. 


En vertu de l’ancien accord, les composantes automobiles devaient être produites à 62,5 % en territoire nord-américain pour être libérées de tarifs douaniers. 


Cette règle augmente aujourd’hui à 75 %.


Les syndicats et le NPD


À cela s’ajoutent toutes sortes d’autres contraintes spécifiques. 


Par exemple, une automobile devra avoir été produite à 40 % par des travailleurs gagnant l’équivalent de 16 dollars américains de l’heure. 


C’est plus de trois fois le salaire d’un travailleur mexicain de l’automobile. 


Trump et Trudeau s’attendent à ce que cette clause évite que notre industrie de l’auto ne glisse vers le Mexique. Ce faisant, le soutien des syndicats de l’automobile à l’accord est presque garanti.


Le NPD, qui fait semblant de rechigner, détient une base électorale importante dans les milieux syndiqués ontariens. 


Il serait surprenant qu’il morde la main qui le nourrit en votant contre l’accord au parlement. Et ça, le gouvernement Trudeau le savait très bien en négociant. 


L’industrie canadienne de l’aluminium se trouve chez nous. 


Abandon de la clause Québec


À elles seules, les installations québécoises d’Alcoa, de Rio Tinto et d’Alouette représentent 60 % de la capacité de production nord-américaine d’aluminium. Notre production a plus que doublé en 20 ans, alors que celle des États-Unis a diminué de 75 %. 


L’avant-dernière version du nouveau traité stipulait qu’un minimum de 70 % de l’acier et de l’aluminium utilisés dans les composantes automobiles devaient provenir d’Amérique du Nord. 


C’est ce qu’on aurait pu appeler la « clause Québec ». 


Mais c’était la goutte qui faisait déborder le vase pour le Mexique, qui importe ces matériaux de l’Allemagne, du Japon, du Brésil et de la Chine. 


Les négociateurs ont donc finalement décidé de conserver les protections sur l’acier, produit aux États-Unis... et de laisser tomber l’industrie de l’aluminium. 


Adieu la transformation


Depuis 20 ans, la production chinoise d’aluminium a augmenté de 3835 %. Puisque la Chine le vend à perte, le Canada et les États-Unis imposent des droits compensatoires sur l’aluminium chinois. Des droits reconnus par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le Mexique, lui, en importe de plus en plus. 


Comme la plus grande portion de la valeur ajoutée des pièces automobiles provient de la main-d’œuvre et des technologies, le Mexique pourra contourner légalement l’esprit de l’accord en achetant de l’aluminium déloyal. En le transformant et en nous vendant le résultat, libre de droits de douane. 


Les conséquences pour le Québec se feront sentir à long terme. D’abord parce qu’il y aura moins de débouchés nord-américains pour notre aluminium. Et, avec la concurrence des pièces d’auto mexicaines, on peut dire adieu au vieux rêve de la transformation de notre aluminium. 





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