ÉCONOMIE

Le dérapage financier du gouvernement Trudeau

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Au diable les dépenses !


C’est en plein été que le ministre Bill Morneau nous a annoncé que l’ampleur du déficit fédéral serait historique. On l’a écouté, on s’est insurgés et on est partis en vacances.


Or, tout n’a pas été dit sur la façon dont on en est arrivés là. Et sur la part de responsabilité du gouvernement Trudeau pour ce dérapage. Parce que dérapage il y a.


Dès mars, il a demandé au Parlement de lui octroyer les pleins pouvoirs en matière budgétaire. M. Morneau voulait devenir un ministre de droit divin et dépenser presque sans rendre de comptes. Gouvernement minoritaire oblige, l’opposition a pu le retenir.


Manque de transparence


Par la suite, il a été extrêmement difficile pour le public et pour les experts de connaître l’état réel de nos finances publiques. On aurait presque cru que le ministère des Finances relevait des services secrets. 


À la fin mai, le directeur parlementaire du budget estimait le déficit fédéral à 260 milliards de dollars. À la fin juin, cette estimation était à 256 milliards $. Finalement, le déficit annoncé en juillet était de 343,2 milliards $. 


Le directeur parlementaire du budget (DPB) vient tout juste de déposer un rapport qui explique cet écart. On y comprend que le ministère des Finances ne lui a pas fourni l’information dont il avait besoin pour bien soutenir le travail des parlementaires.


Par exemple, les pertes de 12 milliards $ des sociétés d’État étaient restées secrètes. Le DPB, indépendant et au service de la Chambre des communes, blâme le gouvernement pour son opacité. 


« Les parlementaires devraient avoir accès à des prévisions à jour », écrit-il.  


Le rapport du DPB note également que le gouvernement n’a aucune cible budgétaire à moyen terme. Encore une fois, le blâme est sévère : « La transparence et la responsabilisation budgétaires s’en trouveraient renforcées si le gouvernement déterminait sa cible budgétaire », lit-on. En bon français, le gouvernement Trudeau n’a aucune espèce d’idée d’où il s’en va !


C’était quoi, l’autre choix ?


Lors de son allocution budgétaire, Bill Morneau a laissé sous-entendre que ceux qui le critiquent auraient préféré laisser tomber les Canadiens et couler notre économie. Il est même allé jusqu’à dire qu’il n’avait pas d’autre choix que de faire un déficit aussi gros. Comme s’il n’y avait qu’une seule voie à suivre : la sienne. 


On accepte le fait qu’il fallait verser rapidement de l’argent dans les poches des Canadiens en début de crise. Aux États-Unis, où cela n’a pas été fait, les défauts de paiements des ménages plus démunis fragilisent l’économie. 


Mais sur la manière, le gouvernement aurait quand même pu écouter les experts. Il savait que la PCU apportait plus de revenus que de travailler au salaire minimum dans sept provinces et que cela nuirait à la reprise économique. 


Il savait que l’aide aux étudiants était disproportionnée. Qu’elle interférerait avec la reprise de l’activité économique dans les provinces. Il a préféré faire du clientélisme avec la marge de crédit. 


Il savait que l’aide financière aux retraités raterait sa cible. Que la plupart d’entre eux n’avaient pas connu de baisse significative de revenus et que leurs dépenses avaient diminué, données à l’appui. Mais il a persisté.  


Les subventions salariales étaient mal réfléchies et ont fini en pétard mouillé. Ottawa pensait dépenser 71 milliards $ en trois mois avec ce programme... Les entreprises n’en ont même pas demandé le tiers. La PCU, elle, est devenue la saveur du mois. 


Alors, que dire ? Le ministre des Finances nous dit qu’il a fait de son mieux. S’il le dit, je le crois. C’est bien ce qui m’inquiète.




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