Un manque de leadership?

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La question qui tue !

Avoir, à la tête d'un parti politique qui aspire au pouvoir, un bon leader est une nécessité cent fois prouvée. Ne pas avoir de leader, c'est être comme une poule sans tête. Bien sûr, il n'existe pas de recettes miracles pour en trouver un compétent. Normalement, à l'intérieur du bassin des milliers de militants, il doit s'en trouver un ou une qui n'attend que son heure. La députation également est une bonne école de formation puisque tous les jours ou presque les députés sont appelés à intervenir et à prendre la parole. Ce député méconnu, d'une intelligence supérieure, qui ne vient pas nécessairement des centres plus médiatisés comme Montréal ou Québec, mais de la Gaspésie ou de l'Abitibi, par exemple, peut parfois s'avérer un fier débatteur et un combattant acharné.

On dit également qu'un dirigeant ne peut pas à lui seul changer le cours des choses et garantir la victoire, ça lui prend une équipe solide sur laquelle il exerce un leadership incontestable. Le leader devra savoir organiser ses troupes et établir des objectifs communs à court et à moyen termes. Ce n'est pas une science exacte, c'est plutôt un art où le dirigeant est appelé à déployer ses talents de rassembleur.

Le Parti québécois et le mouvement indépendantiste ont connu plusieurs leaders, plus ou moins charismatiques. Pierre Bourgault, orateur hors pair et redouté, René Lévesque, sympathique parce que simple et naturel, Jacques Parizeau, notre papa en qui on avait confiance, sont de cette trempe. Andrée Ferretti était aussi une femme forte, capable de galvaniser les foules, et a représenté, un temps, notre passionaria.

Force est d'admettre qu'actuellement le Parti québécois est en panne, il est comme un long train bien huilé mais qui peine à monter la pente pour se positionner sur la ligne de départ. Il n'arrive tout simplement pas à trouver le ton juste, la bonne posture, la stratégie idoine qui va le mener à la victoire lors des prochaines élections générales, dans un an à peine. On le voit dans les sondages qui se succèdent depuis un certain temps. On peut toujours accuser les sondeurs de partialité, force est d'admettre que la tendance se maintient d'une fois à l'autre. La remontée de la CAQ, avec un François Legault qui a toujours le sens de la formule qui frappe l'imaginaire malgré l'absence de cohérence dans son programme, et la montée de QS avec l'arrivée de Gabriel Nadeau-Dubois qu'on croyait n'être qu'un feu de paille, alors que le PLQ se maintient malgré tous ses déboires et son lourd passé de scandales n'augurent rien de bon pour le PQ.

Certes, nager à contrecourant n'a jamais été facile. Québec solidaire le fait à merveille, se situant toujours du côté de la vertu, et il réussit fort bien dans la mesure où son électorat est bien ciblé et gagné d'avance à sa cause. Ce parti n'aspire pas au pouvoir ni dans l'immédiat, ni dans le moyen terme, et ses propositions le reflètent, si on prend la peine d'examiner son programme. L'utopie au pouvoir : « la représentation d'une réalité idéale et sans défaut ».

La CAQ de François Legault a réussi le pari de l'ambigüité. Son tink tank a percé le secret de la caramilk. Selon lui, le « monde ordinaire » se satisfait de choses ordinaires. Pas de grandes vagues, juste un petit dosage de nationalisme inoffensif tout en affirmant sa foi dans ce beau, grand et fort Canada multiculturel.

Pas de statistiques alarmantes à propos de la perte de terrain de la langue française un peu partout au Québec, à propos de notre représentation proportionnelle qui diminue au sein de la fédération canadienne pour d'évidentes raisons démographiques, à propos des volontés agressives d'Ottawa d'occuper sans cesse plus les champs de compétence du Québec en matière d'immigration, de justice et de tribunaux, d'organisation territoriale, de ressources énergétiques, de transport, de commerce, à propos de notre histoire nationale où le peuple québécois est réduit à un simple rôle de figurants parmi des milliers d'autres, de culture et de communication, d'organisation de l'aide sociale, etc. Nous sommes de moins en moins maîtres chez nous mais cela importe peu à François Legault qui accepte pleinement cet état de fait, lui jadis ministre péquiste. Legault assume fort bien son leadership sur une députation peu connue et quelques centaines de militants seulement. C'est le paradoxe Legault. Le jour où il part, son parti s'effondre.

Jean-François Lisée aura fort à faire pour nous prouver, pendant les semaines à venir, qu'il a l'étoffe d'un chef. Jusqu'à maintenant, il ne nous a pas convaincus.


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