Certains ont salué les excuses de Philippe Couillard offertes hier aux centaines de personnes abandonnées en pleine nuit sur l’autoroute 13. Le problème est qu’elles ont été faites vingt-quatre heures trop tard. Ses excuses auraient dû être présentées dès mercredi matin, pendant que les naufragés de l’A-13 commençaient à peine à être secourus.
Les quelques têtes subalternes qu’on prétend faire rouler sentent aussi l’écran de fumée. Question de préserver deux ministres de la tempête politique: Laurent Lessard aux Transports (MTQ) et Martin Coiteux à la Sécurité publique.
Ce qui nous ramène au premier ver dans la pomme de cette énième crise de gestion au gouvernement Couillard: l’absence totale de préparation. Comment se fait-il que, face à une tempête hivernale majeure annoncée depuis des jours, ces deux ministres n’aient pas vu eux-mêmes à ce que tout soit prêt et coordonné à temps pour assurer la sécurité des citoyens?
Ver dans la pomme
Force est de constater qu’ils ont échoué. D’autant plus qu’en matière de sécurité civile, ces deux ministères sont des partenaires. Sur le site web du MTQ, on lit qu’en situation d’urgence, les objectifs visés incluent l’«assistance aux usagers de la route»; «la gestion d’événements»; l’acheminement «des secours»; «les évacuations nécessaires» et le désenclavement «de la zone sinistrée». Bref, tout ce qu’ils n’ont PAS fait pour les naufragés de l’A-13.
Une autre question choque les deux ministres responsables, mais elle est essentielle. Où étaient-ils mardi soir, pendant que la tempête sévissait et que des centaines de personnes croupissaient sur l’A13 dans le froid? M. Coiteux aurait passé la soirée au restaurant, et M. Lessard, on ne sait trop.
Quelque part en Écosse...
Le premier ministre se demandait hier pourquoi ses collègues Coiteux et Lessard «n’ont été avertis que le lendemain de la gravité de la situation». N’est-ce pas justement parce qu’ils n’avaient pas posé eux-mêmes les questions qu’ils auraient dû poser avant et pendant la tempête?
Or, comme je l’écrivais hier, dans toute société normale, les responsables d’un tel gâchis démissionneraient sur-le-champ. Non pas parce que leur démission réglerait d’office tous les problèmes du gouvernement. Loin de là. Démissionner serait néanmoins, pour eux, le geste à poser. Et ce, pour deux raisons.
Primo, parce que leur inaction a mis en danger la sécurité de centaines de personnes. Secundo, pour cause de responsabilité ministérielle non respectée. Un exemple l’illustre à merveille. En 2010, le ministre écossais des Transports quittait lui-même ses fonctions dans la foulée de sa gestion inepte des routes lors d’une tempête de neige majeure. Eh oui.
En voilà au moins un qui, en Écosse, a compris ce qu’est la responsabilité ministérielle dite «individuelle». Au Québec, le même principe prévoit d’ailleurs qu’un ministre est responsable de «ses propres actions, mais aussi de celles de ses fonctionnaires» et «pourrait même être forcé à démissionner en raison d’un cas important de mauvaise gestion».
Il faut croire qu’ici, ce principe fondamental de notre parlementarisme est oublié depuis longtemps.
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