Catherine Fournier quitte le PQ pour siéger comme souverainiste indépendante et elle annonce vouloir oeuvrer au rassemblement des indépendantistes sans nécessairement créer un parti politique. L’évènement me rappelle René Levesque quittant les libéraux, au milieu des années 60, pour créer le mouvement souveraineté-association, précurseur de la naissance du PQ. Elle compte retourner 50 ans en arrière pour raviver la fougue indépendantiste!
René Lévesque a quitté un parti fédéraliste pour s’inscrire dans un mouvement émancipateur vers la souveraineté incluant une forme de marché commun avec le reste du Canada. Catherine Fournier abandonne le parti qui recueillait le plus grand nombre d’électeurs indépendantistes, lors du dernier scrutin, et qui apparaissait comme le plus crédible dans cette intention, selon les travaux de l’universitaire Claire Durand. On ne peut douter de la sincérité de la députée à vouloir que le Québec se transforme en pays, on peut toutefois anticiper un échec retentissant de sa stratégie pour y arriver.
La crainte de Fournier de voir le PQ résister à une transformation en profondeur, selon ses prétentions, l’incite à chercher un autre véhicule qui sera plus rassembleur. Paradoxalement, le premier geste qu’elle pose s’inscrit dans la division des forces en reniant sa propre formation. Son scepticisme sur la capacité du PQ de se renouveler n’est pas sans justification si on tient compte de l’évolution du parti depuis le référendum de 1995. Toutefois, son geste semble précipité après à peine quelques mois du dernier scrutin et en ne se donnant pas le temps de prendre la mesure de l’effet de l’électrochoc de la défaite sur son parti.
À cet effet, il est difficile de ne pas faire de rapprochement entre les déclarations récentes de militants indépendantistes qui concluaient que le PQ ne peut plus être crédible pour mener le Québec vers la souveraineté. Pour ceux-ci la création d’un nouveau parti s’impose. D’ailleurs, une demande de réservation de nom pour un nouveau parti a été fait en ce sens à la direction générale des élections, à savoir Option Québec. En considérant la proximité de la députée avec l’ex-chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, et les rapports de ce dernier avec Gabriel Nadeau-Dubois, certains rêvent déjà de faire le plein de tout l’électorat indépendantiste de QS, de la CAQ et encore plus du PQ agonisant.
Il faudra beaucoup de naïveté pour croire possible un tel scénario dans un contexte où les règles de financement des partis ne favorisent aucunement les rapprochements. En quittant le navire, Catherine Fournier contribue à la croyance populaire que les souverainistes sont en perpétuelles chicanes et qu’il serait hasardeux de leur confier la conduite d’un pays. François Legault devait se bidonner en visionnant son point de presse et anticiper déjà sa réélection en 2022.
Plutôt que de ranimer l’idée d’indépendance, Fournier coopère à son agonie.