Des groupes de défense de la langue française ont pour une première fois affiché leurs couleurs au sein de la foule tandis que d'autres, comme notre photo l'illustre, ont préféré montrer les couleurs distinctives de l'événement. (Photo André Tremblay, La Presse)
Catherine Handfield - Midi. Le signal de départ du défilé de la Saint-Patrick est sur le point d'être donné. Les spectateurs majoritairement anglophones se pressent le long de la rue Sainte-Catherine, bière à la main.
Tout à coup, un jeune homme maquillé de vert se détache de la foule et court au milieu de la rue, agitant un immense drapeau canadien. La réaction est immédiate: tous hurlent leur approbation.
Si les organisateurs ont toujours défendu le côté apolitique du défilé de la Saint-Patrick, des tensions linguistiques se sont fait sentir, hier après-midi, à l'occasion du 184e défilé.
Des groupes de défense de la langue française* ont pour une première fois affiché leurs couleurs au sein de la foule. Les drapeaux du Mouvement Montréal français, de la Société Saint-Jean-Baptiste et du Réseau de résistance du Québécois côtoyaient les chapeaux verts.
Une présence qui a déplu à certains fêtards. Surtout vers la fin de la parade, quand l'alcool consommé en pleine rue a commencé à faire son oeuvre.
Vers 14h, quelques jeunes ont encerclé la douzaine de membres du Réseau de résistance du Québécois. Ces derniers distribuaient pacifiquement des tracts pour souligner les «liens historiques entre les patriotes irlandais et les patriotes québécois».
Un fêtard a descendu son pantalon, tandis qu'un autre a haussé le ton. Les policiers sont arrivés sur les lieux, et tous se sont dispersés.
«Nous avons été appelés pour deux incidents du genre, a indiqué Olivier Lapointe, porte-parole du SPVM. Le ton a monté, mais personne n'a été arrêté.»
Les groupes ont également reçu quelques boules de neige et verres de bière. Sans oublier les doigts d'honneur et les injures bien senties.
Provocation ou rapprochement?
Même avant le défilé*, la présence de militants francophones a déchaîné les passions de certains anglophones. Les membres du Réseau de résistance du Québécois ont reçu plusieurs courriels haineux. Le SPVM leur a même conseillé de ne pas se présenter.
Les organisateurs du défilé, pour leur part, ont offert aux militants de se joindre au char allégorique des dignitaires, mais sans banderoles. Jean Dorion, de la Société Saint-Jean-Baptiste, a accepté l'invitation.
Provocation? «Pas du tout», a répondu Mario Beaulieu, porte-parole du Mouvement Montréal français.
«On veut dialoguer et établir un climat de solidarité. Et l'année prochaine, au lieu d'être dans la foule, on va essayer de faire partie du défilé.»
Outre ces tensions, le défilé s'est bien déroulé, à part cinq arrestations pour voies de fait et infractions aux règlements municipaux. Des milliers de spectateurs ont participé à la fête.
Politiciens de la fête
Plusieurs politiciens ont ouvert la marche, qui s'est déroulée entre les rues du Fort et Saint-Urbain. Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, celui du NPD, Jack Layton, le libéral Justin Trudeau et le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ont tous répondu à l'invitation.
«C'est une fête pour tous les Québécois, et tout le monde est libre de s'exprimer. Mais les Québécois n'ont pas vraiment le goût de parler de politique aujourd'hui», a dit le premier ministre Jean Charest, questionné sur la présence des militants.
Quelques minutes plus tard, Jean Charest a donné une tape amicale dans le dos de Gilles Duceppe, a remarqué La Presse. Les organisateurs l'ont dit: une fête apolitique.
* Photos fournies par MMF et SSJBM à la Saint-Patrick
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