Quand on veut dire du bien de Stephen Harper, on dit qu'il tient ses promesses. Si c'est vrai, on devrait s'inquiéter sérieusement.
Il a promis aux américains et à George W. Bush en particulier de leur fournir, le plus rapidement possible, cinq millions de barils de pétrole par jour, tirés des sables bitumineux de l'Alberta. Sans se soucier des dégâts environnementaux que ça coûtera au Canada.
L'Alberta produit déjà un million de barils pour jour, vendus aux Américains. Cette production est, pour l'essentiel, responsable de l'augmentation faramineuse de la production des gaz à effet de serre, qui font notre honte devant le monde international. Un million de barils égale 25 mégatonnes de gaz à effet de serre. Qu'est-ce que ce sera avec une production à cinq millions ? 125 millions de mégatonnes. Nous allons étouffer.
Stephen Harper parle comme un visage à deux faces. Une face pour les Américains, qu'il veut satisfaire, et une face pour le reste du Canada, auquel il essaie de faire croire qu'il est devenu subitement sensible aux revendications concernant les enjeux environnementaux. Il vient de mettre un milliard 500 millions sur la table pour développer des énergies propres. Sur 10 ans. 150 millions par année. Des grenailles devant l'ampleur du travail à accomplir.
Stephen Harper, l'Albertain, navigue entre deux mondes: celui de l'Alberta qui aspire à fournir le maximum de pétrole aux É.-U. et à libérer ainsi les Américains de leur dépendance envers les pays arabes devenus trop instables, et celui des environnementalistes qui crient au secours devant l'assassinat de la planète Terre.
C'est le journaliste Guy Gendron et son équipe de l'émission Zone libre qui ont réussi à démasquer le jeu de Stephen Harper dans ce dossier. Ils ont mis bout à bout toutes les déclarations de Harper, à New York et à Houston en particulier, alors que le premier ministre du Canada s'appliquait à vendre le pétrole de l'Alberta à des magnats du pétrole qui rêvaient déjà de cet or noir qu'on pouvait avoir sans envoyer l'armée le chercher. Le développement sauvage de l'Alberta ne fait que commencer. Les Albertains s'enrichissent. La pollution, hélas, voyage d'ouest en est.
La dernière nouvelle venue de l'Alberta dit qu'on y construirait des réacteurs nucléaires, prétendant ainsi remédier à la pollution que produit le gaz naturel qu'on utilise pour produire le pétrole. On semble oublier que le nucléaire produit également des déchets pour lesquels personne n'a encore trouvé de solution.
Tic-tac
L'horloge de la fin du monde existe depuis 60 ans. Depuis quelques jours, ses aiguilles indiquent qu'il est minuit moins cinq. On peut la voir à Londres et à Washington. L'horloge a été créée par le Bulletin des scientifiques atomiques et mesure les dangers qui planent sur l'humanité. Ce regroupement de scientifiques qui compte dans ses rangs 18 Prix Nobel a décidé d'inclure les changements climatiques parmi les dangers qui menacent la planète. L'horloge était à minuit moins sept. Ils l'ont avancée de deux minutes.
Sir Martin Rees, président de la Royal Society pour les sciences à Londres, a expliqué que les armes nucléaires sont encore la menace la plus immédiate pour l'humanité, mais (que) les changements climatiques et les technologies émergentes dans les sciences de la vie ont également le potentiel de mettre un terme à la civilisation telle que nous la connaissons.
Il nous reste à inscrire ces avertissements dans nos têtes et à rappeler à Stephen Harper qu'il y a urgence dans le domaine de l'environnement. Le développement des sables bitumineux de l'Alberta doit être réévalué avec les données que nous avons en ce moment et une vision de l'avenir qui n'est pas nécessairement celle de George W. Ni celle de Stephen Harper, qu'il parle de la bouche gauche ou de la bouche droite.
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