Harper, un an plus tard

Harper - obsession et raideur


Ce qui frappe à propos du gouvernement Harper après 12 mois au pouvoir, c'est le peu de progrès politique réalisé
Le gouvernement Harper a été élu il y a un an. Que pouvons-nous dire de ce gouvernement?
La conclusion la plus évidente est aussi la plus importante: Stephen Harper domine totalement ce gouvernement. Il contrôle tout. Il fait presque toutes les annonces du gouvernement et même les plus modestes. Tous les dossiers importants sont entre ses mains et dans celles de ses conseillers à qui il fait confiance.
Les changements climatiques. Le mythique «déséquilibre fiscal». La réforme du Sénat. Des ministres sont censés être responsables de ces grands dossiers; en réalité, ils sont contrôlés par le premier ministre.
Il y a longtemps, le gouvernement de cabinet au Canada s'est métamorphosé en gouvernement du premier ministre. Alors, il n'y a rien de nouveau à ce qu'un premier ministre souhaite tout contrôler. Paul Martin l'a certainement fait. Tout ce que l'on peut dire, c'est que M. Harper a poursuivi cette tradition de contrôle centralisé et il l'a portée à un autre niveau.
La conséquence de ce contrôle? Peu de ministres comptent dans ce gouvernement. Parmi eux, on note Jim Flaherty, le ministre des Finances, John Baird, le ministre de l'Environnement, et en particulier Jim Prentice, le ministre des Affaires indiennes, un homme stable, fiable et à qui M. Harper confie des responsabilités supplémentaires.
Autre résultat de ce contrôle: chaque grande question «appartient» au premier ministre, pour le meilleur ou pour le pire. On l'identifie à tout. Si quelque chose va bien, on louera le premier ministre; si quelque chose tourne mal, c'est lui qu'on blâmera.
La deuxième conclusion évidente est que le gouvernement a rempli nombre des promesses faites durant la campagne électorale, dont certaines étaient passablement stupides, et qu'il s'attaque maintenant, Dieu merci, à des problèmes plus sérieux tels que la compétitivité et la productivité, les changements climatiques et la réforme démocratique. (...)
Promesses soi-disant populaires
Ce qui frappe à propos du gouvernement Harper après un an au pouvoir, c'est le peu de progrès politique réalisé. Le gouvernement a tenu un bon nombre de promesses soi-disant populaires. Les libéraux ont été inefficaces dans l'opposition pendant tout 2006 en l'absence d'un chef. L'économie a bien tourné. Le premier ministre a fait les manchettes. Le programme politique national était le sien. Et pourtant, la performance du gouvernement dans les sondages n'a pas été meilleure (et elle a souvent été inférieure) que l'appui de 36% obtenu lors des élections d'il y a un an.
Les résultats dans les sondages ne donnent pas à penser que la première année des conservateurs au pouvoir lui a fourni l'élan nécessaire pour passer d'un gouvernement minoritaire à un gouvernement majoritaire.
M. Harper a démontré qu'il pouvait être résolu et capable de surprises. Il a signé l'arrêt de mort des fiducies de revenu après avoir promis durant la campagne électorale qu'il n'y toucherait pas. Il a annoncé, sans avoir consulté son cabinet, que le Québec serait considéré comme une "nation" et il a fait adopter une résolution en ce sens par le Parlement. Il a amené le Parlement à approuver, de justesse, une prolongation de la mission canadienne en Afghanistan. Il a fait preuve de sagesse en rejetant les demandes de Danny Williams, le premier ministre de Terre-Neuve, voulant qu'Ottawa se joigne à sa province pour attaquer les sociétés pétrolières.
M. Harper a démontré qu'il est coriace et qu'il pouvait par conséquent s'attirer le respect. Mais il ne tissera jamais un lien émotionnel avec les Canadiens. Il n'est tout simplement pas ce genre d'homme ou de chef.
Sur le plan régional, les conservateurs n'ont pas fait de gains en Ontario et ils ont perdu du terrain au Québec. Leur recul au Québec explique plus leur incapacité de devenir un gouvernement majoritaire que tout autre facteur.
C'est cette glissade qui explique que, sur le plan politique, l'accent du gouvernement Harper se porte maintenant carrément sur le Québec. Les changements climatiques et le mythique «déséquilibre fiscal» seront les deux grandes priorités du prochain budget.
Si les conservateurs y vont d'initiatives dans les deux cas, ils ont le sentiment qu'ils se rendront service à eux-mêmes et au premier ministre Jean Charest qui souhaite déclencher des élections au printemps. On verra si les conservateurs en feront suffisamment sur ces deux questions pour donner satisfaction au Québec. Ils vont certainement y mettre les efforts, mais les attentes du Québec sont élevées.
Quoi que fassent les conservateurs, ce sera décrié par les sécessionnistes. À moins que M. Harper puisse faire mieux au Québec, il n'obtiendra pas de majorité. Il se pourrait même qu'il ne remporte pas les prochaines élections à cause de Stéphane Dion, nouveau chef libéral crédible.


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