Il est fort probable que c'est la première réponse claire qui sortira de l'enquête menée par Le Journal de Montréal et dont les premiers résultats paraissent aujourd'hui. Les Québécois sont bonasses dans le sens qu'ils préfèrent la bonne entente à la chicane et l'ouverture d'esprit aux lois rigides. Ils aiment se voir généreux et accueillants.
Le problème, c'est qu'il est difficile de mesurer sa «bonasserie». Sommes-nous juste assez bonasses ou trop bonasses? Difficile de fixer des mesures. Surtout que l'origine de notre «bonasserie» proverbiale remonte loin dans le temps.
Ma grand-mère avait l'habitude de dire que nous étions un peuple de conquis et que chez les conquis, la colonne vertébrale avait tendance à plier avec le vent. Pour survivre, il était impérieux de ne pas faire de vagues. Ce que nos ancêtres avaient vraisemblablement compris, eux qui avaient appris à se taire et à se faire petits devant ceux qui les avaient conquis.
Il est évident que la longue pratique de la soumission qui a été celle des Canadiens français pendant si longtemps a laissé des traces. Depuis 1960, nous avons relevé la tête. Pas d'un seul coup, mais tout doucement. Nous avons commencé à reprendre la direction de nos destinées en ménageant la chèvre et le chou et en respectant tous ceux qui vivaient avec nous. Cinquante ans plus tard, nous avons beaucoup de raisons d'être fiers de ce qui a été accompli, mais nous ne sommes pas encore debout.
Le moment est venu de nous demander où nous en sommes par rapport à ceux et celles qui ont choisi de vivre avec nous et de définir, avec le plus de générosité possible, ce que veut dire accommodement raisonnable. Il faut éviter de sombrer dans les règlements de comptes qui ne seraient pas dignes de ce que nous sommes. Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas qu'on vous fasse, comme on disait autrefois, serait un guide précieux.
Élargir l'horizon
Maintenant que tout le monde a bien compris, je crois, qu'il y avait une différence entre un accommodement raisonnable et un accommodement déraisonnable, laissez-moi pousser un peu plus loin le questionnement.
Est-ce un accommodement raisonnable ou déraisonnable que Jean Charest s'apprête à faire avec Stephen Harper au sujet du déséquilibre fiscal? Vous vous souvenez d'où on est parti? Jean Charest avait déchiré sa chemise en jurant qu'il s'accrocherait à Harper jusqu'à ce que celui-ci ait cédé sur cette question. Harper avait même promis régler ce problème pendant sa campagne électorale. Jean Charest a admis cette semaine qu'il se contenterait «d'un geste significatif» de la part d'Ottawa dans le prochain budget fédéral. On est loin du ton des premières revendications.
Est-ce un accommodement raisonnable ou déraisonnable que les soldats de Valcartier soient en Afghanistan alors que les citoyens du Québec n'appuient pas cette guerre qui a été décidée à Ottawa?
Est-ce un accommodement raisonnable ou déraisonnable que le gouvernement du Québec ait autorisé la construction de deux super hôpitaux universitaires à Montréal, un francophone et un anglophone, alors que les coûts sont faramineux et que le gouvernement manque d'argent?
Est-ce un accommodement raisonnable ou déraisonnable qu'Hydro détourne la rivière Rupert pour vendre de l'électricité à l'Ontario, même si les Cris s'y opposent?
En fait, l'expression «accommodement raisonnable ou déraisonnable» pourrait nous servir dans presque tous les dossiers auxquels nous sommes confrontés pour arriver à une opinion sur un sujet. Une sorte de guide du bon sens. Histoire de se défaire de la vieille habitude de vivre à genoux que nous traînons depuis 400 ans.
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