« Inacceptable et irrespectueux », a dit le ministre Jolin-Barrette.
« Pas acceptable », a dit la mairesse Plante. « Exaspérant et inexcusable », a dit la présidente de la société Saint-Jean-Baptiste.
« Navrant », ont dit le chef du Bloc Québécois et celui du Parti Québécois.
« Troublant », a dit la libérale Christine St-Pierre.
« Voyons donc, calice », a dit Guy A. Lepage.
De quoi parle-t-on ? Du fait qu’aux Francos de Montréal, des employés sont forcés de travailler en anglais. L’anglais... aux Francos, c’est vraiment le monde à l’envers !
THE FRANCOS OF MONTREAL IN ENGLISH
Au début, quand j’ai vu le titre de l’article de Thomas Gerbet de Radio-Canada, j’ai pensé que c’était une blague : Des employés des Francos se plaignent de devoir utiliser l’anglais au travail.
Ça se peut pas, ils n’ont pas osé ! Il semble que « travailler pour l’Équipe Spectra ne serait plus pareil depuis qu’elle appartient à evenko (Groupe CH) et Live Nation ».
J’ai cru pendant un instant qu’on était de retour en 1950 quand j’ai lu que « certaines réunions se tenaient en anglais, même s’il n’y avait qu’un seul anglophone parmi la vingtaine de personnes autour de la table ».
J’ai été estomaquée quand j’ai lu que « des consignes écrites ou orales sont données en anglais uniquement ». Un employé a raconté : « Les gens d’evenko m’ont fait les gros yeux quand j’ai parlé en français, en réunion ».
Mais là où ma mâchoire a vraiment décroché, c’est quand j’ai lu que l’organisateur des Francos, le groupe Spectra, a plaidé « la diversité et l’inclusion » pour esquiver les critiques. Heu, pardon ? Quelle explication stupide ! Le petit catéchisme woke pour justifier que « nous on est ouvert à toutes les langues » ? Misère !
Sur le coup, j’étais déprimée et, pour tout dire, humiliée de voir que ce Festival qui célèbre le fait français soit le symbole de la colonisation de l’anglais. Mais quand j’ai vu le sursaut d’indignation que cette nouvelle a provoqué dans la société civile, je me suis dit qu’il y avait encore une lueur d’espoir.
Sentez-vous que le vent tourne ? Depuis que mon collègue Pierre-Oliver Zappa a posé la question fatidique au PDG d’Air Canada sur sa capacité de vivre en anglais à Montréal, on sent une prise de conscience.
Quand on voit la réaction épidermique de certains anglophones à la loi 96 (« au secours, on nous demande de parler la langue commune de la province où on vit »), on se désole. Mais quand on voit la réaction des décideurs face à l’anglais aux Francos, on se console.
Selon Radio-Canada, « le gouvernement Legault a mandaté l’Office québécois de la langue française pour faire des vérifications et s’assurer du respect de la Charte de la langue française dans le milieu de travail des Francos de Montréal ».
BOU HOU HOU
Il y a une chose qui me frappe dans toute cette controverse. Elle met en relief une contradiction flagrante.
Au Québec, la seule province francophone dans le « plusse meilleur pays du monde », quand on veut forcer des anglos à parler français, on se fait dire qu’on est intolérant, despote.
Mais quand une grande entreprise impose l’anglais comme langue de travail à ses employés francophones, ça fait partie de l’ordre des choses, on devrait se fermer la boîte et se résigner, au nom de l’inclusion et de la diversité ?