Les sondages ne sont que des instantanés de la réalité. Et quand les temps politiques sont aussi mouvants que présentement, il est normal que la lecture précise de l'instant s'embrouille. Alors, lente montée ou lente descente pour le Parti québécois, ou bien 3e ou 2e rang pour le Parti libéral, selon que l'on lise le sondage Léger Marketing ou celui de Crop? L'intérêt est ailleurs, dans la mise en perspective, et celle-ci appelle à une très grande prudence.
Le baromètre des personnalités que nous publions aujourd'hui est à cet égard révélateur. Le grand atout du Parti libéral c'est la cohérence de ses électeurs. Ceci explique notamment la résilience du premier ministre Jean Charest en dépit des sommets d'impopularité qu'il atteint, ce pour quoi il ne faut pas le compter pour battu, commission Charbonneau ou pas.
Le partisan libéral ne se laisse pas distraire: dans son top 10 des politiciens les plus populaires, il n'y a que des ministres libéraux. François Legault ne trouve plus place dans leur palmarès, alors qu'il y occupait le huitième rang il y a un an. C'est là une bonne nouvelle pour M. Charest, le genre de soutien sans faille qui fait sortir le vote et qui permet de se faufiler lors d'une élection, comme on l'a vu dans Bonaventure.
Les partisans du PQ, de la Coalition avenir Québec ou de Québec solidaire, eux, sont soit plus ouverts, soit plus mêlés..., soit plus tentés d'aller voir ailleurs.
Ainsi, Pauline Marois peut se féliciter que 78 % des électeurs péquistes aient une bonne opinion d'elle, mais six des dix personnalités qu'ils apprécient le plus ne sont pas du PQ, et François Legault y figure en bonne place (tout comme on le retrouve au palmarès des électeurs de... Québec solidaire!). L'électeur tenté par la CAQ, lui, apprécie en choeur Gérard Deltell et Louise Beaudoin, Sylvie Roy et Amir Khadir, Bernard Drainville et Éric Caire — des gens que la l'idéologie sépare pourtant très clairement.
Il y a là le reflet d'une époque, qui refuse les étiquettes, mais il y a là surtout de bonnes nouvelles pour les libéraux. Rester dans le vague, c'est bien joli pour la popularité, mais pour gouverner, ou même en campagne électorale, ça devient un véritable défi à relever. Et à cet égard, comme le démontrait un sondage Crop-La Presse cette semaine, c'est un véritable chemin miné qui attend la pourtant si populaire CAQ de M. Legault.
Passe encore que l'électeur ne sache pas si le parti est fédéraliste ou souverainiste puisque la CAQ a décidé de faire comme si cette question n'existait pas (une illusion à laquelle les anglophones, déjà, n'adhèrent plus). Mais que l'électeur n'arrive pas à dire où se positionne la CAQ sur des enjeux politiques de base (pour ou contre la loi 101, le privé en santé ou l'augmentation des droits de scolarité), c'est un signe de très grande fragilité.
L'électeur a beau croire, mais dans l'isoloir, il veut des repères, qui à long terme ne peuvent pas être seulement le chef. Mario Dumont a rayonné au firmament des politiciens québécois, mais son rêve ne s'est pas réalisé. Jack Layton est devenu un chef mythique, mais les beaux jours du NPD au Québec sont maintenant assombris. Et la coquille vide de la CAQ, pour le moment, annonce surtout de la cacophonie...
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