Réponse à monsieur Labrie

Qui devrait avoir le droit de voter lors d’un éventuel référendum?

Les Québécois s’inscrivent ainsi dans l’histoire moderne de toutes les luttes menées pour l’indépendance, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Aucune n’a été menée au nom d’une ethnie, mais bel et bien sur la revendication de la souveraineté d’un territoire.

Tribune libre 2010

Au début des années 1960, dans les trajectoires conjointes de la Révolution tranquille et de la naissance du mouvement indépendantiste, les Canadiens français du Québec se sont donné une nouvelle identité, basée non plus sur l’ethnie mais sur la territorialité : « Le Québec aux Québécois », brandissions-nous sur toutes les pancartes et les slogans de nos manifestations, revendiquant les pouvoirs d’être « Maîtres chez nous ».
Bien sûr, en s’autoproclamant « Québécois », les Canadiens français ne minimisaient pas consciemment l’importance de leur enracinement dans la nationalité canadienne-française, mais dans les faits, ils l’écartaient comme fondement de toutes leurs revendications, qu’elles soient nationalistes ou indépendantistes. En réclamant pour l’État québécois plus de pouvoirs ou tous les pouvoirs, selon les aspirations des uns et des autres, tous fondaient leurs revendications sur la possession en droit et en fait d’un territoire, le Québec. Dès lors, tous les habitants de ce territoire, quelle que soit leur origine étaient nécessairement des Québécois (après, bien entendu, avoir satisfait aux conditions canadiennes pour devenir citoyens canadiens, puisque, comme tous les autres Québécois, passeport à l’appui, sont aux yeux du Droit international citoyens du Canada).
On peut penser, aujourd’hui, qu’agissant ainsi, les Canadiens français du Québec ont jeté le bébé avec l’eau du bain. Instinctivement, c’est ce que je ressens. Au lendemain du référendum de 1980 et plus encore de celui de 1995, j’en voulais au Parti québécois de n’avoir eu ni la lucidité ni le courage d’organiser cette consultation populaire auprès des seuls Québécois d’origine canadienne-française, pour les raisons invoquées par Réjean Labrie.
J’avais tort.
À moins de considérer le Canada d’un océan à l’autre comme notre patrie, il est impossible, les Canadiens français habitant l’ensemble du territoire canadien, de prôner l’indépendance du Québec sur une autre base que celle du droit des Québécois à être souverain sur leur territoire, en se dotant d’un état indépendant.
Les Québécois s’inscrivent ainsi dans l’histoire moderne de toutes les luttes menées pour l’indépendance, depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Aucune n’a été menée au nom d’une ethnie, mais bel et bien sur la revendication de la souveraineté d’un territoire. Pour ne donner qu’un exemple, je rappelle que vivent sur le territoire sénégalais pas moins d’une trentaine d’ethnies, mais c’est au nom du pays (territoire) que Senghor a revendiqué et réalisé l’indépendance du Sénégal.
Bref, puisqu’il est vrai que l’indépendance du Québec est le seul aboutissement logique de nos luttes séculaires, menées successivement par les Canadiens, les Canadiens français et les Québécois de souche, il nous appartient de la réaliser en convainquant la plus grande majorité possible d’entre nous de sa nécessité, et non en enlevant aux autres Québécois leur droit de participer à une décision qui les concerne en tant que Québécois.
La grande majorité d’entre nous constitue encore, heureusement, la majorité du peuple québécois. Dépêchons-nous à tous nous mobiliser avant qu’il ne soit trop tard.
Andrée Ferretti.

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Andrée Ferretti124 articles

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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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17 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juin 2010

    Il me semblerait que tous ceux et celles qui ont prêté serment à la Reine ne devraient pas avoir le droit de voter car ils n'ont pas le libre choix de leur décision.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juin 2010

    Une identité basée sur un territoire ?
    Si elle était basée au moins sur ce qui s'est donné naissance et a construit sur ce territoire, nous-nous rapprocherions un peu plus de culture et donc d'identité nationale. Car de quoi d'autre une nation peut-elle se réclâmer de ce territoire ? Certainement pas des arbres et des pierres, des montagnes et des eaux ! Un territoire-don de Dieu, comme en Israel ?
    Ce territoire est le nôtre parce qu'il était vierge, que nous ne l'avons pas volé mais l'avons partagé avec l'invitation de ceux qui le parcouraient, que nous en avons défriché notre part et l'avons développée à notre manière en donnant naissance à une nouvelle culture. Pendant 400 ans.
    C'est ça notre identité et notre droit à notre part de ce territoire.
    Notre identité n'a rien de commun avec l'impérialisme territorial des USA et Israel.
    Le Québec est la terre des Canadiens français (nation québécoise) et des nations amérindiennes avec lesquelles nous avons fait alliance historique. Seuls ceux-ci sont légitimes à décider de déclarer leur indépendance nationale.
    Celà exclu les Mohawks, les Anglais, les immigrants, et les Canadiens français qui ont émmigré.
    Une fois notre indépendance déclarée et donc territoire reprit, alors de nouveaux statuts citoyens pour les anglais et immigrants peuvent être alors décidés. Nous ne pouvons donner ce que nous ne nous sommes pas encore accordé à soi.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2010

    La guerre, yes, Sir.
    Vous êtes jeune, cher monsieur Montmarquette, ce qui me réjouit profondément, croyez-moi, d’autant plus que j’aime votre conception de l’indépendance politique du Québec, comme projet de libération nationale et sociale, indissociablement.
    Cela dit, si vous n’étiez pas si jeune et si vous connaissiez mes prises de position stratégiques exprimées et vécues, depuis près de 50 ans, vous sauriez que je n’ai jamais conçu notre lutte autrement que comme une guerre à finir contre un ennemi réel, soit le Canada, depuis 1867 (avant, c’était Londres). Vous serez donc heureux de m’entendre le déclarer, en octobre prochain, dans une émission de RC consacrée aux événements d’octobre 1970, enregistrée, il y a déjà plus d’une semaine.
    Cela dit, parlez-en à monsieur René Marcel Sauvé, une guerre, pour être victorieuse, doit être menée dans la parfaite connaissance et conscience des forces en présence, c’est-à-dire que la stratégie doit décider des tactiques, en tenant compte du rapport de force.
    On peut le déplorer rageusement, ce qui est mon cas, dans sa guerre contre le Canada, le Québec, tant au plan intérieur qu’au plan international, ne jouit d’aucun autre atout que celui, nommé à tort ou à raison, « démocratie », compte tenu de notre situation dans le monde occidental.
    Nous, nous savons que notre nation est objectivement dominée et exploitée par le Canada. Malheureusement (ou peut-être heureusement?), elle n’est pas opprimée, en ce sens précis qu’elle jouit, du moins selon les normes de la démocratie libérale (celle à l’oeuvre aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis et ailleurs) de la liberté d’expression et d’action.
    Ce fait conditionne inévitablement le choix de nos moyens d’action. Et, à mes yeux, aujourd’hui comme hier, cela commence par l’éducation politique des Québécois et leur mobilisation massive.
    Andrée Ferretti.
    P.S. Cela pourrait aussi commencer chez les lecteurs actifs de Vigile par une éducation à la lecture et, conséquemment, à la compréhension des textes soumis à leur réflexion. Cela éviterait les débats mal fondés.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 juin 2010


    L'indépendance est une guerre Madame Ferretti.
    Et dans cette guerre, les anglos ne se sont jamais gênés pour abuser et jouer dur.
    Je ne vois pas pourquoi nous ne leur servirions pas la même médecine !
    Je crois que lorsqu'il s'agit du droit à l'autodétermination du peuple canadien français du Québec, nous devrions nous encombrer des scrupules démocratiques du pleutre Ti-Poil.
    Est-ce que les Anglophones ont le droit d'autodéterminer les francophones du Québec ?
    En ce qui me concerne, je ne prêche même plus pour un référendum, mais pour une élection décisionnelle.
    Et quant à moi, étant donné le vol du référendum de 1995, et la non ratification de la Constitution canadienne :
    NOUS LE SOMMES DÉJÀ : «INDÉPENDANTS»
    C'est l'Assemblée nationale qui refuse de l'entériner un point c'est tout.
    Dans cette guerre bien précise…
    Les anglos… je les emmerde…
    ______________________
    Christian Montmarquette
    Référence :
    L’erreur fondamentale du PQ
    Le référendum : Une stratégie perdante
    http://www.vigile.net/L-erreur-fondamentale-du-PQ
    .

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    Pour rajouter aux quelques exemples dissemblables données par M. Noel, je rajouterais le cas atypique d'Israël où une minorité acquiert son indépendance sans référendum contre une majorité. Ici au Québec, avec le nez rivé sur des tactiques convenues comme celle du référendum (comme s'il s'agissait de la Terre promise !)on occulte généralement et plaisamment la question de l'indépendance dans sa globalité politique. S'il est vrai que le volet démocratique est indispensable (N'est-il pas l'objet de toutes les fixations ?) sont aussi indispensables de bons et puissants appuis internationaux parmi d'autres éléments. Un regard ailleurs suffira pour s'en convaincre.
    Gagnant d'un référendum bâclé privant de vote les Chinois, le Tibet aurait tout de suite l'appui de la «communauté internationale» à grands renforts de médias, de l'ONU, du bedo et de son Éminence. Personne (à part les Chinois) ne douterait de la démocratie d'une si noble cause. Pour le Québec, il ne suffirait que de l'appui du Dalaï Lama (personnalité reçue par tous les présidents US) pour que notre cause devienne d'office une cause démocratique à sa face même.
    Obtenons donc l'appui du Dalaï Lama et du Saint Père à notre cause en échange de notre appui à l'indépendance du Tibet et à nos bons offices au Saint-Père et je vous assure que le caractère démocratique de notre cause aura fait du progrès. En démocratie (toujours perfectible !), il y a le pouvoir des urnes et le pouvoir qui maîtrise l'opinion qu'il faut retenir.
    GV

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    Le gouvernement fédéral ne limitera jamais sa possibilité d’utiliser les immigrants pour minoriser les francophones du Québec.
    À nous de savoir faire avec.À nous d'être d'excellents pédagogues.
    À nous de démontrer qu'il y aura,pour tout le monde,ici et au Canada, plus de gains que de pertes,après une élection pour l'indépendance du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    C'est une belle valeur que la démocratie mais il ne faut pas être naif pour autant. Quand ceux qui nous dirigent le font sous le mode dictatorial, quand ils utilisent des moyens qui sont on ne peut plus anti-démocratiques, je ne vois pas comment on peut jouer "la partie" sans respecter les mêmes règles.
    En second lieu, il me semblerait tout-à-fait logique de demander aux immigrants qui ne seraient pas encore réellement intégrés, assimilés au groupe majoritaire, de s'abstenir de voter. En effet, voter sur une question fondamentale telle l'indépendance du pays, exige une connaissance profonde de son histoire et un vécu senti de ses us et coutumes. Voter, c'est plus qu'une question de simple droit, c'est une question de responsabilité sociale. Pour permettre à un néo-québécois de voter, il faudrait qu'il fasse la preuve de sa compétence pour le faire ou, encore, on devrait établir une exigence de base à savoir, par exemple, pouvoir voter à compter de la 5e génération de vie en territoire québécois. Pour ma part, si j'émigrais ailleurs, je refuserais de voter sur une question fondamentale par simple respect envers la population autoctone: on n'a pas à dire aux autres comment ni dans quel cadre ils doivent vivre.
    En conclusion, dans la jungle, les animaux de différentes espèces ne se consultent pas pour savoir qui va manger qui: ils se contentent de se manger. Chez les humains, c'est assez semblable, les plus forts mangent les plus petits sans se soucier de ce que ceux-ci en pensent. Les petits ne sont pas tenus de se laisser faire et peuvent prendre les moyens jugés "raisonnablement nécessaires" pour se protéger. Or, limiter la possibilité de permettre à nos conquérants d'utiliser les immigrants pour nous minoriser me semble beaucoup plus raisonnable, dans les circonstances, que d'utiliser la violence comme beaucoup d'autres minorités, vivant notre situation, l'ont fait.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    madame

    D'abord, je n'ai pas dit qu'il fallait retirer le droit de vote aux habitants du Québec qui ne sont pas d’origine canadienne-française. J'ai soulevé la question du vote au référendum des non-québécois (dans le sens culturel du terme) et j'ai donné des exemples de pays qui fonctionnent autrement.

    Michel Vastel était français. F-R-A-N-C-A-I-S. Il est né français, il est mort français. Plus camembert tu meurs (il était normand). Vous connaissez Foglia? 50 ans au Québec. Toujours français. Clairette? 50 ans au Québec. Elle est morte française. Idem pour les Italiens, Chinois, Grecs, Chiliens, Roumains, Vietnamiens. A partir de l'adolescence, on ne peut plus s'assimiler. C'est encore plus difficile chez les "races fortes", les peuples qui ont une forte identité nationale. On peut vivre 50 ans ici, s'y plaire, s'y épanouir, on ne peut pas devenir québécois. Pas plus qu'on devient basque, khurde ou tibétain (parlant des Tibétains, s'ils le pouvaient, pensez-vous qu'ils seraient assez cons pour donner le droit de vote aux Chinois dans un référendum sur leur indépendance nationale? Et pensez-vs que le reste de la planète crierait au meurtre?)

    Vastel avait beau vivre au Québec depuis 25 ans, aimer le Québec, avoir des enfants québécois, il était français et se jugeait indigne de voter pour l'avenir d'un peuple qui n'était pas le sien. Il votait aux élections, puisqu'il payait des taxes comme tout le monde, mais il n'a pas voté au référendum de 1995 parce qu'il jugeait que ce n'était pas de ses oignons. Si tous les immigrants avaient fait comme lui, le Québec serait libre aujourd'hui.

    Les pays baltes ont tenu des référendums sans demander l'avis des Russes, présents dans le pays depuis plus de 40 ans, et personne n'a jappé. Même pas le Canada!

    Ce qui m'a toujours désolé chez les souverainistes comme vous, c'est votre absence total de réalisme, de pragmatisme. Y'a une pureté idéologique chez beaucoup de souverainistes qui explique en bonne partie l'échec du mouvement. Vous jouez francs, vous êtes sincères: les Anglais et les immigrants vous baisent à fond!

    Même si on a voté à 60% pour le OUI, on a perdu le dernier référendum parce que 91% des Indiens (1% de la population), 92% des immigrants (8%) et 97% des Anglos (8%) ont voté contre. Sans parler d'une majorité de personnes âgées (12%)

    On est rendu à 13% d'immigrants (5% de plus qu'en 1995), 8% d'Anglos, un peu plus de 1% d'Indiens et 15% de personnes âgées. Il n'y aura pas de référendum avant 2015, peut-être 2020 puique Pauline a tout enterré. Il rentre 50,000 immigrants par année! C'est 250,000 d'ici 2015, 3% de plus!!! Et les vieux vont passer rapidement à 16, puis 17%.

    Alors, vous aurez beau faire du porte à porte jour et nuit, expliquez-moi comment vous allez faire pour aller chercher 75% des "nous" de 18 à 64 ans pour aller chercher de peine et de misère un p'tit chétif 51% en bout de ligne?

    La politique d'Ottawa est d'innonder le Québec d'immigrants pour rendre toute possibilité de souveraineté démographiquement impossible. C'est à pleurer de voir que les plus ardents souverainistes sont incapables de lire la game, gros comme la Place Ville-Marie.

    @Monsieur l'Européen qui croit que le Furher se cache quelque part à Hérouxville et que les Indiens sont en voie de disparition.

    En Hollande, pays tolérant et libéral s'il en est, le parti de Wilders vient de créer la surprise en rafflant le troisième rang, très près du gagnant. Idem au Danemark, pays cool et hypertolérant qui n'en peut plus!

    En 1981, lorsque René Lévesque a reconnu les 11 nations autochtones, le Québec comptait alors 49,000 Indiens. Au dernières nouvelles, on était à plus de 80,000. Tout le monde veut être indien aujourd'hui.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    L’incohérence de monsieur Noël
    Il faudrait savoir ce que vous voulez, monsieur Noël.
    Vous apportez comme argument à votre refus d’accorder le droit de vote aux habitants du Québec qui ne sont pas d’origine canadienne-française, l’abstention de Michel Vastel, qui aurait invoqué pour ne pas voter au référendum de 1995, le fait que la décision de l’avenir politique du Québec appartenait aux Québécois de souche. Cette prise de position n’était pas répandue, mais elle exprimait celle de plusieurs Québécois de diverses origines. Par respect pour nous de souche, prétendaient ceux que j’ai rencontrés dans mon porte-à-porte dans le vaste comté de Brome-Missisquoi. J’ai su convaincre plusieurs d’entre eux du sophisme de leur raisonnement, en leur montrant l’esprit profondément antidémocratique qui l’orientait.
    Or, je crois profondément que la lutte pour l’indépendance politique du Québec ne sera irréversiblement victorieuse que menée selon les exigences de la démocratie en vigueur dans notre société. Ce qui, à mes yeux, bien évidemment, ne se limite pas à l’action électoraliste. Mais c’est un autre débat.
    Par ailleurs, sont tout aussi fallacieux et démagogiques, comme le sont généralement vos écrits, les exemples que vous apportez dans votre commentaire précédent, concernant les luttes menées par plusieurs nations pour l’indépendance de leur pays. Bien sûr que, partout, la lutte était menée par l’ethnie majoritaire du pays, mais elle l’était bel et bien pour la conquête ou reconquête du territoire où elle vivait. Il n’empêche qu’en Algérie ce sont les Berbères qui ont été les meilleurs résistants et combattants. Mais cela aussi est une autre histoire qui pourrait faire l’objet d’un autre débat.
    Bref, comme je l’écris ici, c’est aux Québécois de souche à prendre en charge la lutte pour l’indépendance du Québec. Nous sommes bien évidemment le fer de lance de cette lutte. Notre première tâche est de convaincre ceux des nôtres qui sont encore trop aliénés par plus de deux siècles d’une histoire faite par des puissances politiques et économiques étrangères. C’est aussi notre tâche de convaincre les Québécois d’autres origines de se joindre à nous. S’ils ne le font pas avant l’indépendance, ils le feront après, avec d’autant plus d’empressement, si nous ne les avons pas exclus du processus de notre lutte.
    Andrée Ferretti.

  • Thibaud de La Marnierre Répondre

    10 juin 2010

    J'ai trouvé cet article inquiétant et choquant, la réponse d'Andrée Ferretti intéressante et modérée, mais insuffisante.
    J'étais favorable à la liberté politique du Québec dès avant ma venue ici. Il reste que je suis un importé, un "panous", un étranger, et à entendre certains, presque un allophone, en tout cas une minorité audible.
    À une époque, je faisais partie du comité de comté d'un jeune député, dans Gouin. Ayant contribué à son élection, il eut la gentillesse de nous emmener à Québec assister à s prestation de serment. J'étais le seul pas-nous.
    J'ai dû entendre les reproches d'un vieux militant lors du trajet, qui m'a semblé très long. IL me reprochait de voter, alors qu'en tant qu'étranger je n'y aurais pas eu moralement droit. Le fait que j'aie voté dans son sens n'entrait pas en ligne de compte...
    Les Européens qui connaissent un peu l'histoire de leur sous-continent savent trop bien ce que peut donner ce genre de nationalisme borné, celui des années trente du siècle passé. Il se trouve que nous sommes à une époque de repli identitaire, de crispation ethnique, à cause de la démographie incontrôlée, d'une immigration qui ne l'est guère davantage, de l'idéologie conquérante de religions à la trop forte personnalité pour lesquelles les concessions ne peuvent qu'être à sens unique, et de la perte de repères des vieux peuples, parmi lesquels semble désormais se situer le peuple québécois.
    Depuis un an j'ai eu l'occasion de constater l'étroitesse d'esprit, voire le fanatisme de certains provinciaux qui se croient seuls dépositaires de la légitimité, en tous domaines, et dont le discours est uniquement fait de rancœur et d'aigreur.
    Le courant nationaleux, xénophobe, est très présent au Québec. IL n'est pas majoritaire, mais l'histoire nous apprend que ce n'est pas le nombre qui fait la force, mais l'intimidation. La seconde moitié du vingtième siècle est un cas d'école. Ce qui s'est produit peut se reproduire n'importe où, n'importe quand. Le Québec aux sympathies pétainistes et ultramontaines est enterré, mais pas très profondément.
    Je reste convaincu que le désir de liberté politique du Québec est légitime, et que la souveraineté serait possible si une grande majorité des Québécois "Pure-Laine" votaient en ce sens, avec l'Aide de quelques idiots utiles comme l'importé qui vous écrit.
    Mais de telles réflexions pourraient me faire craindre l'usage qui serait fait de cette liberté.
    Je souhaiterais que le Québec soit un État gouverné par des hens comme Gérald Godin, Gaston Miron, Andrée Ferretti, pas par des nationalistes rancis qui prennent exemple sur les pires moments de l'histoire, ou sur l'exclusion frileuse des Amérindiens menacés d'extinction.
    Pour ceux-ci et pour ceux-là, il nous faudrait faire une réserve loin de tout, sans contact avec l'extérieur, où ils pourraient conserver leur consanguinité intellectuelle jusqu'à la dégénéresence totale.
    Michel Colucci, un Français d'origine italienne, disait qu'il faudrait diviser le monde en deux parties, dont l'une réservée aux racistes.
    Pas fou.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    Nunez est retourné au Chili (son pays) et Payne est en Haiti(c'est lui qui fouillait les ruines pour sauver des vies pendant que le grand chantre de la littérature haitienne s'était réfugié lâchement à l'ambassade du Canada avant de monter dans le premier avion envoyé par Harper)
    Trois points là-dessus
    1) Au dernier référendum, 92% des immigrants ont voté NON. S'ils n'avaient pas eu le droit de vote, le OUI l'emportait par 54-46
    2) Michel Vastel est arrivé au Québec en 1970. Il a toujours été près des nationalistes. Il a refusé de voter en 1995 parce que ca ne le regardait pas, disait-il
    3) Dans les pays baltes, les minorités russes (4 fois plus nombreuses en % que les Anglos du Québec) n'ont pas eu le droit de vote.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    Hmm, Réjean Labrie Jacques Noël ne permettrait pas à Maka Kotto, Amir Khadir, David Payne ou Orlando Nuñez de voter lors du prochain référendum. Ça s'appelle du nationalisme borné et n'a rien à voir avec une volonté de libération nationale, d'un projet de société ouvert et inclusif, tourné vers l'avenir et le monde.
    Heureusement que Mme Ferretti est restée tellement plus jeune, et porté par l'élan émancipateur qui a coulé du Refus global aux vertes années du mouvement de libération nationale du Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    10 juin 2010

    @J. Noël
    Il n’y a que Nous qui pouvons faire l’indépendance. La dérive du P.Q. c’est la dérive de sa gauche, qui n’entend rien au Nous et qui s’en moque.
    Écoutez Gilles-vive-la-souveraineté- Duceppe se moquer des « nounous »…mais profiter de Nous pour se faire élire, et proclamer partout la grande réussite du Bloc.
    C’est triste à écrire, mais P.E.T. lui-même n’a pas agi autrement. S’est-il moqué de Nous celui-là ! Et lui aussi avait été un « gauchiste », un supposé moderne sorti de la tribu, au temps de sa jeunesse.

    Les référendums de 80 et 95 sont des précédents sur lesquels il est désormais impossible de revenir. Les anglos vont voter.
    Cependant, Mme Ferretti est bien trop avisée pour ne par faire la distinction qu’il y a faire entre le discours lui-même et son adresse.
    Sans adresse, en effet, où envoyer ses lettres ?

  • Gilles Bousquet Répondre

    9 juin 2010

    M. Noel écrit : «C’est à partir du milieu des années 80, que la dérive a commencé et qu’on est passé au nationalisme territorial. Une gaffe historique selon moi. Un cul-de-sac dont on n’arrive pas à se sortir. »
    Fallait bien que les bottines suivent les babines. Si nous demeurons des Canadiens-français, ça veut dire que le Canada est notre pays. Si nous nous nommons Québécois, ça veut dire que le Québec pourrait être notre pays mais nous ne pouvons plus dire que les Anglos de Westmount ne sont pas des Québécois puisqu'ils résident au Québec. Nous ne pouvons pas les empêcher de voter aux élections ni aux référendums sur la souveraineté vu que la souveraineté c’est pour les Québécois et que tout le monde qui demeure au Québec, c’est des Québécois...simple.
    Pourquoi placer cette évidence là comme une autre faute du PQ ? Qu'est-ce qu'ils auraient pu faire d'autre qui serait mieux, s.v.p. ?

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juin 2010

    Deux précisions.

    «les Canadiens français du Québec se sont donné une nouvelle identité, basée non plus sur l’ethnie mais sur la territorialité"

    On est passé au mot et au territoire québécois au milieu et à la fin des années 60. Mais pendant toutes les années 70 et le début des années 80, le mot ne parlait que de nous, i.e. ceux qui étaient d'origine canadienne-française ou ceux qui avaient été assimilés en cours de route, de Daniel Johnson à Pierre Curzi.

    C'est à partir du milieu des années 80, que la dérive a commencé et qu'on est passé au nationalisme terrorial. Une gaffe historique selon moi. Un cul-de-sac dont on n'arrive pas à se sortir.

    C'est Gérald Leblanc (un Acadien!) qui le premier a lancé la dérive. Le PQ est tombé dans le panneau. Panneau parce qu'il n'y a jamais eu de retour d'ascenseur. Et il n'y en aura jamais. Tu auras beau dire 100 fois de suite à un Anglais de Westmount, un Jamaicain de NDG, un Italien de St-Léonard ou un Mohawk d'Oka qu'"est québécois qui vit au Québec" il ne te croira jamais. Pour eux, un Québécois c'est un Frog et un séparatiste et le séparatisme et les Frogs, veulent rien savoir
    (j'ai décrit dans ce texte l'incroyable dérive du Pq)
    http://www.vigile.net/Fini-de-s-elvisgrattoniser
    --------
    «Aucune n’a été menée au nom d’une ethnie, mais bel et bien sur la revendication de la souveraineté d’un territoire»
    D'accord pour le territoire, mais au nom d'une ethnie.
    Pensez juste à l'Algérie. L'ont certainement pas faite l'indépendance pour les Pieds-Noirs,qui pourtant habitaient le pays depuis des générations. Idem en Tunisie et au Maroc. L'ont pas faite pour les Juifs et les Berbères qui étaient dans le coin depuis des siècles!
    L'indépendance américaine ce n'étaient pas pour les esclaves noirs.

    L'indépendance de la Rhodésie c'étaient pour les Blancs. Et plus tard, le Zimbabwe pour les Noirs et l'ethnie de Mugabe (sorry j'oublie le nom)
    L'indépendance d'Haiti c'était pour les Noirs.
    La plupart des pays africains libérés dans les années 60 étaient dominés par une ethnie qui dirigeait tout (pensez juste aux Tutsies...). Et ils le sont encore!
    Et plus près de nous, l'indépendance des pays baltes, c'étaient pour les Baltes, par pour les Russes. Les Russes, qui font jusqu'à 30% de la Lettonie, n'ont jamais eu le droit de vote. Et personne n'est monté dans les rideaux (s'il y a un dossier que les souverainistes québécois devraient fouiller c'est bien celui de l'indépendance des pays baltes). Trois petits pays qui ont défié le gros ours. Icite, les Monsieur Bousquet tremblent de peur devant le Roc à Harpeur!

  • Archives de Vigile Répondre

    9 juin 2010

    Nouvel outil d'expression de notre solidarité entre les peuples en lutte: le T-shirt où le poing du Résistant réunit les drapeaux du Québec, de la Bretagne, de la Corse, de la Palestine, de l'Écosse, de la Catalogne, de la Galice, du Pays Basque et de l'Irlande.
    Tout en appuyant le financement du Réseau de Résistance du Québécois et le journal Le Québécois, porter cet emblème coloré vous personnalise à la Fête nationale, qui est un événement on ne peut plus politique, quoi qu'en disent les festivaleux.

  • Michel Laurence Répondre

    9 juin 2010

    Merci madame Ferretti.
    Vous m'avez facilité la tâche. Je partage tout à fait votre analyse et votre position.
    Le RIN va bientôt renaître et c'est aussi sa position.
    « Le Rassemblement pour l’indépendance nationale (R.I.N.) est un mouvement citoyen. Le R.I.N. n’est pas un parti politique. Le R.I.N. ne se transformera pas en parti politique. La mission du R.I.N. est de rassembler les indépendantistes de la société civile québécoise pour travailler à l’indépendance du Québec. Un mouvement citoyen assez puissant pour forcer n’importe quel gouvernement de l’Assemblée nationale à engager un processus menant à l’avènement du pays du Québec: un pays démocratique, pacifique, laïque, écologique, un pays qui reconnait l’égalité entre les femmes et les hommes, un pays dont la seule langue officielle sera le français, un pays libre de ses choix politiques, économiques, juridiques et sociaux, libre de ses alliances et pleinement maître de son destin. »
    Un rappel à tous : « Quand nous défendons le français chez nous, ce sont toutes les langues du monde que nous défendons contre l’hégémonie d’une seule. » — Pierre Bourgault