Québec-Canada: avant tout, sortir de l'impasse

Recomposition politique au Québec - 2011

Depuis le 2 mai, on a entendu tous les commentaires imaginables suite à l’élection du gouvernement Harper, du balayage NPD au Québec et de la quasi disparition du Bloc Québécois. Certains y ont vu la démonstration de la différence entre le Québec et la Canada, d’autres le signal d’un déplacement et d’une polarisation du débat en termes gauche-droite plutôt que Canada-Québec, d’autres encore y ont vu le signal de la fin pour l’option indépendantiste.
Or, bien qu’elles contiennent une part de vérité, aucune de ces visions ne reflète vraiment ce que les résultats de l’élection laissent entrevoir. Pour les interpréter, il est nécessaire d’utiliser différents paramètres et de regarder au-delà de cette seule élection. On ne peut parler de la pertinence du Bloc Québécois, de l’opposition au Parti Conservateur, du rejet du Parti Libéral du Canada et de la signification du vote pour le NPD de la même manière à Québec qu’à Montréal ou dans l’Outaouais, dans un milieu francophone, immigrant ou anglophone, chez des fédéralistes ou des indépendantistes convaincus.
Commençons par les évidences…
Le besoin de changement
De toutes les conclusions que l’on peut tirer de l’élection du 2 mai, la plus générale et la plus évidente est que les Québécois, toutes origines, langues et géographies confondues, veulent du changement. Qu’on en juge: si le Bloc a perdu 490,000 votes, les Conservateurs en ont perdu 157,000, les Libéraux 322,000 et le Parti Vert 44,000 ! Tout ce beau monde est allé au NPD, qui a reçu 1,628,000 votes soit 1,187,000 de plus qu’en 2008. Parlez-moi d’un mouvement de foule!
Par contre, je ne parierais pas trop sur le caractère «de gauche» de ce vote. Les gens de la grande région de Québec ont successivement choisi l’ADQ, les Conservateurs et le NPD. Leur seule constante est de voter sans faire référence à «la question nationale», ce qui reflète en bonne partie le fait que le Québec est coupé en deux, entre la zone d’influence de Québec et celle de Montréal. Mais le 2 mai, c’est pratiquement tout le Québec francophone qui a choisi de s’extirper de l’impasse dans laquelle le plonge la question nationale alors que les anglophones et les néo-québécois exprimaient une autre insatisfaction.
Sortir de l’impasse
C’est une conjoncture tout à fait exceptionnelle qui a permis au NPD de bénéficier du ras-le-bol des Québécois. Ce ras-le-bol s’est déjà reporté à quelques reprises sur l’ADQ au niveau provincial et n’eût été de sa maladresse, de son discours simpliste et de son manque de candidats prestigieux, il aurait pu être un concurrent sérieux aux deux partis qui dominent la scène québécoise depuis près de 40 ans. Le ras-le-bol s’exprime aussi par l’intérêt que l’on manifeste au projet de François Legault.
La conjoncture exceptionnelle est le fait de cinq éléments:
* la redondance du discours du Bloc, son impuissance à influer de manière sérieuse sur l’avenir du pays (peu importe auquel on pense) et son absence d’importance stratégique pour l’indépendance;
* la piètre performance de Michael Ignatief qui s’est révélé incapable de représenter une alternative crédible à Harper, tant au Québec qu’au Canada;
* et le rejet des politiques conservatrices qui ne conviennent pas au Québec et qui font peur.
Lorsque s’est présenté le «bon gars» Jack Layton et ses politiques social-démocrates qui promettent mer et monde sans effort, tous les ingrédients se sont mis en place pour canaliser les insatisfactions de tous et chacun dans un beau vote de protestation sans risque réel de le voir se réaliser. Pour certains, la possibilité de se débarrasser d’un élu conservateur honni a même joué un rôle déterminant. Mais si le véritable enjeu avait été le programme néo-démocrate et si le NPD avait vraiment eu une chance de prendre le pouvoir, la partie n’aurait pas été aussi facile.
Bienvenue au 21e siècle
J’ai signalé en août 2009, dans un texte publié dans Le Devoir, l’impasse politique qui dure depuis le référendum de 1995 et le fait que les paramètres actuels de la question nationale ne permettent pas de susciter le moindre projet mobilisateur. De fait, le discours indépendantiste ne peut plus rouler sur les vagues arguments de l’opposition entre Ottawa et les «valeurs québécoises», entre autres, parce que les solutions aux défis présents et à venir ne passent pas obligatoirement par l’indépendance. Aux yeux de la majorité, l’indépendance n’apparaît ni comme une évidence, ni comme une panacée. Et il faut cesser de penser qu’un peu d’éducation, un effort soutenu ou un leader charismatique constitueraient les conditions gagnantes. La démonstration de la nécessité de l’indépendance a besoin d’être (re)faite.
L’indépendance n’apparaît même pas obligatoire pour aborder efficacement LA grande question de la langue et de l’épanouissement du français. Imaginons pour le reste. Même si la Cour Suprême a limité la portée de la Loi 101, ce n’est vraiment pas un motif capable de mobiliser les Québécois.
D’une certaine manière, il est tout à fait pertinent de parler de «vrais problèmes» plutôt que de constitution tant que celle-ci n’apparaît pas elle-même comme un problème qui nous empêche d’agir efficacement pour régler les «vrais problèmes». C’est ce que disent l’ADQ, le Parti Libéral et François Legault qui représentent bien, ensemble, l’opinion d’une majorité de Québécois, y compris celle de bien des partisans du Parti Québécois. Il en serait autrement si le cadre fédéral devenait un obstacle majeur à la résolution des problèmes d’éducation, de santé, d’environnement, d’intégration des immigrants, de lutte ou d’adaptation aux changements climatiques, d’énergie, de culture, de communications, etc.
Il faut également prendre note que le changement de génération est bien amorcé. Il est toujours frappant de constater le grisonnement marqué des congrès du PQ par rapport à d’autres assemblées. Même si la question nationale n’est pas disparue de l’écran radar de tous les moins de 30 ans, force est de constater qu’elle n’a pas la même résonance que jadis et que les jeunes, qu’ils soient de Montréal ou du reste du Québec, ont d’autres priorités. Lesquelles? Voyez les sujets qui préoccupent les jeunes de Génération d’idées: environnement, démocratie, justice sociale, assainissement des finances publiques, développement de l’esprit d’entreprise, diplomation de tous les jeunes, reprise du contrôle sur les ressources naturelles, amélioration du fonctionnement de l’État et des services publics, etc. Ces gens sont les plus allumés de la génération montante.
Demandons-nous franchement qui semble le mieux à même de répondre à leurs préoccupations. Je ne dirai pas qui peut le faire, mais je dirai que les figures connues du mouvement indépendantiste ne le peuvent pas. Qui écoute les Gérald Larose, Jacques Parizeau, Michel Arsenault, Gilbert Paquette et autres intellectuels pour la souveraineté? Ont-ils eu la moindre influence le 2 mai dernier? Pour le moment, une seule personne pourrait représenter un choix possible si son discours était mieux défini : François Legault.
La non pertinence stratégique du Bloc Québécois
Il ne faut pas accorder trop d’importance à la «disparition» du Bloc Québécois, celle-ci n’est qu’apparente. À 23% des suffrages, le Bloc est encore le deuxième parti au Québec, largement devant les Conservateurs et les Libéraux. Le fait est qu’il n’avait pas été conçu pour durer aussi longtemps. Sa nécessité est tactique, dans le cadre d’une bataille précise pour l’indépendance, afin de représenter les Québécois au Parlement fédéral. Mais la bataille stratégique doit se livrer au Québec, ce que tous les observateurs ont déjà souligné depuis longtemps. D’une certaine manière, même s’ils n’ont pas fait cette savante analyse, un peu plus d’un tiers des électeurs du Bloc ont évalué qu’il n’était pas pertinent dans les circonstances actuelles.
Tant qu’il n’y a pas d’échéance référendaire, l’intérêt d’aller siéger à Ottawa constitue une perte d’énergie et une distraction qui peut facilement faire illusion comme on l’a vu depuis l’élection du gouvernement Charest: gouvernement fédéraliste à Québec, représentation indépendantiste à Ottawa. Le monde à l’envers, gracieuseté d’un système électoral qui favorise la surreprésentation de ceux qui ont la pluralité des votes sans être majoritaires. Les sept «victoires» consécutives du Bloc ne servaient qu’à cacher sa faiblesse réelle.
Le Bloc ne doit pas être dissous, seulement mis en veilleuse pour un temps, tant que la 3e bataille ne sera pas déclarée. Et lorsqu’on le réanimera, il faudra le faire avec toute la vigueur possible, non comme une stratégie à long terme mais pour mesurer vraiment les forces en présence et pour occuper toutes les positions possibles avant de livrer l’ultime combat. Mais pour le moment, il est impossible de même concevoir une échéance possible pour un troisième référendum, qui serait gagnant celui-là. Pour cela, il faudrait que le PQ ose ce qu’il n’osera pas: se déplacer au centre et entreprendre de négocier sérieusement et honnêtement avec Ottawa.
Un moment charnière
Pour le mouvement indépendantiste, la situation actuelle est extrêmement ouverte et fluide. Résumons les principaux points.
* Selon toutes probabilités, les orientations du gouvernement Harper heurteront et irriteront les Québécois dans de nombreux domaines, certains émotifs (le registre des armes à feu), d’autres économiques (commission des valeurs mobilières, garantie de prêt à Terre-Neuve), politiques (Afghanistan, manie du secret, politique culturelle), sécuritaires (politique purement répressive envers le crime), environnementaux (gaz à effet de serre) et possiblement d’autres encore. Cependant, aucun de ces sujets ne provoquera une crise grave, seulement une crise permanente d’urticaire.
* Il serait très étonnant que le NPD puisse offrir une opposition digne de ce nom et défendre les positions du Québec. Son caucus sera traversé par de nombreuses tensions et on voit mal comment tout ce monde pourrait s’accorder. Il ne serait pas surprenant que des défections surviennent d’ici deux ans, le temps que le Québec connaisse des désaccords sérieux sur des politiques fédérales. Autrement dit, le NPD est destiné à décevoir les Québécois.
* Il est indéniable que le débat politique québécois a glissé d’une polarisation sur la question de l’indépendance à des débats sur la transformation de l’État québécois, l’équilibre des finances publiques, la création de richesse, l’intégration des immigrants, les problèmes du système de santé et du système d’éducation, le contrôle des ressources naturelles et quantité d’autres sujets plus ou moins chauds, tels le financement des partis politiques et l’infiltration de la mafia dans le secteur de la construction.
Malgré l’apparence du virage social-démocrate suggéré par le vote NPD, le virage que l’on souhaite vraiment est celui de l’allègement des structures de l’État ou, du moins, sa plus grande efficacité. Alors que la richesse n’a pas augmenté pour les classes moyennes, les exemples de gaspillage, de traitements privilégiés et d’inefficacité provoquent un sentiment de révolte envers l’État. Le gouvernement que la majorité attend est celui qui sera capable de tenir en laisse les groupes d’intérêt et de diminuer les privilèges non mérités. Il ne s’agit pas tant d’un virage à droite que du besoin d’une mise à jour et d’une mise en ordre de la maison.
* Compte tenu de l’impopularité du gouvernement Charest, il est probable, aujourd’hui, que Mme Marois devienne première ministre du Québec. Mais il est aussi probable qu’elle le devienne non parce que les Québécois auront un coup de coeur pour elle ou pour l’option indépendantiste, mais simplement parce qu’elle apparaîtra comme la meilleure alternative pour se débarrasser des Libéraux. Elle vaincrait par défaut. Pour qu’elle devienne véritablement le premier choix des Québécois, il faudrait que le Parti Québécois prenne note du changement de conjoncture politique au Québec et qu’il reconnaisse qu’il lui faut de nouveau faire la démonstration de la nécessité de l’indépendance.
Autrement dit, qu’il est nécessaire de mettre l’option indépendantiste en veilleuse pour entreprendre de bonne foi de véritables négociations avec Ottawa pour récupérer les pouvoirs essentiels à l’épanouissement du Québec à l’intérieur de l’ensemble canadien. Si ces négociations aboutissaient, l’option indépendantiste ne serait plus pertinente. Si elles n’aboutissaient pas, la table serait mise pour l’ultime bataille. Mais il est très improbable que le PQ ait le courage et la lucidité nécessaires pour oser cette stratégie.
* Reste donc la possibilité que François Legault vienne brasser les cartes. Comme on l’a vu avec l’ADQ et le NPD, bien des choses sont possibles lorsque la conjoncture est favorable. Un vote pour le changement, n’importe lequel, ferait davantage mal au PQ qu’au Parti Libéral mais les deux en souffriraient. Au point de se retrouver avec un gouvernement de centre-droit? Je n’oserais pas l’affirmer mais le ras-le-bol des vieux discours, l’impopularité relative de Mme Marois et celle, confirmée, des Libéraux ouvrent une grande porte. Rappelons-nous qu’au pire de la crise de confiance envers Jean Charest, en novembre dernier, le PQ l’a emporté dans Kamouraska-Témiscouata par à peine 196 voix de plus que le Parti Libéral et que l’ADQ affaiblie a attiré 23% des électeurs contre 36% pour le PQ et 35% pour les Libéraux. Quant à Québec-Solidaire, il n’a recueilli que 4% des voix à cette élection. Ce n’est pas ce parti bicéphale et anachronique (on y chante encore l’Internationale) qui canalisera le mécontentement populaire.
* Si M. Legault réussissait à former le gouvernement, c’est à lui que reviendrait le mandat de mettre la maison en ordre en s’appuyant sur des consensus suffisamment forts. Il aurait aussi à négocier avec Ottawa les arrangements administratifs nécessaires à l’épanouissement de la société québécoise. En cas d’échec, c’est une nouvelle génération et une base sociale élargie qui ferait l’expérience de l’impasse canadienne. Ainsi pourrait être recréée sur des bases plus larges et plus solides la coalition qui a mené le Québec au seuil de la déclaration d’indépendance en 1995.
Mais seul le fait que Québec ne puisse pas réaliser des objectifs stratégiques majeurs, dans ses domaines de compétences, à cause d’obstacles situés à Ottawa, serait en mesure d’entraîner le type de crise pouvant mener à la nécessité de l’indépendance comme moyen de lever les obstacles. Cependant, on ne peut pas créer sciemment une telle crise. C’est la raison pour laquelle la population ne croit pas à la bonne foi du Parti Québécois.
* Il n’est pas évident de créer la conjoncture parfaite capable d’amener une population à choisir clairement une option aussi dramatique que la création d’un nouveau pays. Il y a 60 ans que les indépendantistes s’y essaient activement ou l’attendent passivement. Force est de reconnaître que la stratégie adoptée jusqu’ici n’a pas donné les résultats escomptés. Sachant que les mêmes causes produisent les mêmes effets, la population québécoise exprime clairement son besoin de quelque chose de différent. Pour le moment, c’est là où on en est. Ceux et celles qui n’en tiendront pas compte s’en mordront les doigts.

Squared

Christian Lamontagne5 articles

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Journaliste à l'Agence de presse libre du Québec en 1971, cofondateur du magazine Le Temps Fou en 1978 et fondateur du magazine Guide Ressources en 1985. En 1998, il a fondé le site Internet Passeport Santé (Réseau Proteus), où il travaille toujours.





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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 mai 2011

    Monsieur Lamontagne,
    Votre analyse est certes l'une des plus pertinentes qu'il m'a été donné de lire depuis une semaine.
    Je me suis d'ailleurs permis de vous citer sur un blogue concurrent (http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/default.aspx - voir ci-dessous).
    Si je partage en bonne partie votre opinion, j'estime toutefois qu'il manque un ingrédient essentiel à votre texte et à tous les commentaires qui circulent sur Internet à l'heure actuelle: le "cinquième élément" (cf le film de Luc Besson)...
    Je suis d'avis que le Québec est une société profondément dysfonctionnelle qui a besoin d'une bonne thérapie collective afin de se défaire des illusions qui l'empêchent encore de devenir souverain.
    Mais il semble que, grâce à des gens comme vous, cette oeuvre salutaire de démystification - qui nous permettra d'enfin nous regarder en face tels que nous sommes - vient bel et bien de commencer. (Qui a dit que la question nationale n'intéressait plus personne!?)
    J'ai hâte de voir la suite des événements! Et vous?...
    Cordialement,
    Normand PAIEMENT
    PS - C'est grâce à la polémique qu'il a suscité en début d'année que j'ai découvert l'existence de Vigile.net, qui reste à mes yeux le site où l'on trouve les analyses les plus fouillées et les plus judicieuses que j'ai pu lire jusqu'à présent. Comme quoi "à quelque chose malheur est bon", comme on dit!...
    Sommes-nous prêt(e)s?
    Je constate, à la lecture des commentaires qui précèdent et de ceux que l'on trouve sur d'autres blogues, que les Québécois sont passablement déboussolés et désorientés depuis l'élection du 2 mai qui a chamboulé le décor politique auquel nous avions fini par nous habituer.
    Je vous suggère la lecture de l'une des meilleures analyses de la situation actuelle que j'ai pu lire jusqu'à présent: http://www.vigile.net/Quebec-Canada-avant-tout-sortir-de. Je retiens notamment cette phrase-clé du texte de Christian Lamontagne, l'auteur de ce lucide constat: "La démonstration de la nécessité de l’indépendance a besoin d’être (re)faite."
    Voilà, il me semble, où nous en sommes.
    Est-ce que la petite flamme du désir (ou du besoin) d'émancipation collective brille toujours dans nos coeurs? Faut-il la ranimer ou l'éteindre à jamais?
    Le brassage d'idées auquel nous assistons depuis une semaine est de bon augure. "Du choc des idées jaillit la lumière", dit-on. Je suis curieux de voir ce qui en ressortira!
    Et vous?...
    Cordialement,
    Normand PAIEMENT
    PS - Même s'il faut rester lucides et bien mesurer les conséquences que le projet souverainiste peut avoir sur notre vie de tous les jours, je pense que c'est d'abord et avant tout une affaire de coeur, pas de raison. (L'idéal étant de trouver un équilibre entre coeur et raison, bien entendu. Or, pour l'heure, j'entends - je lis! - plus de raisonnements que de cris du coeur...) "La raison a toujours tort, seul l'amour a toujours raison", a dit un jour un sage. Si nous ouvrons notre coeur à ce qui brille à jamais au plus profond de nous, le monde s'ouvrira de lui-même à nous et aucun obstacle ne deviendra insurmontable, aucun défi ne nous paraîtra trop difficile à relever, aucune mission ne nous semblera impossible. Mais pour en arriver là, il nous faut d'abord nous débarrasser de nos peurs, tant individuelles que collectives. Certains pourraient être tentés de croire qu'il s'agit là d'idéalisme ou d'utopisme purs et simples, mais je peux vous assurer que c'est une vérité universelle et intemporelle: tant que nous continuerons de recourir à nos mécanismes de défense (peur, déni des besoins, faux espoirs...), nous ne pourrons nous voir et nous accepter tels que nous sommes. Cela n'a par conséquent rien à voir avec une quelconque stratégie référendaire ou avec la venue éventuelle d'un leader charismatique. Il suffit de décider... et de passer à l'action, chacun pour soi d'abord. L'"effet papillon" (qui a si bien servi Layton) pourra alors se répéter. La question qui se pose dorénavant est donc celle-ci: Sommes-nous prêt(e)s à assumer enfin ce que nous sommes en tant que peuple, en tant que nation distincte ouverte sur le monde? À vous de me le dire...

  • Marcel Haché Répondre

    8 mai 2011

    @ Luc Ménard
    S’imaginer que le gouvernement Harper n’a plus besoin du Québec et qu’il sera indifférent à ce qui s’y passe relève de la pensée magique sociale-démocrate.
    Le gouvernement Harper, maintenant qu’il est majoritaire, a les coudées plus franches à l’égard de l’électorat du R.O.C.S’il est adroit, et il l’est, Il pourra favoriser à son profit un rapprochement des libéraux et des néo-démocrates qui prendra du temps, beaucoup de temps, et quelques élections. L’Ontario aura eu le temps de devenir bleu d’un bout à l’autre. Et cela lui sera bien suffisant.
    Ce qui guette maintenant le Québec sur le long terme, c’est de devenir la réserve « socialiste » du Canada, comme le village gaulois, comme il fut longtemps la réserve bloquiste.
    La vague orange du Québec ne va pas favoriser une nouvelle vague orange en Ontario, ce serait tout le contraire : cette vague favorisera la vague bleue en Ontario.
    Le Canada ne deviendra pas moins « gouvernable ». Ça, c’est rêver debout. La capacité du fédéralisme lui a déjà permis d’administrer longtemps l’Ouest canadien qui se sentait pourtant exclu du Canada, qui pestait contre le Canada central, au point de fonder le Reform Party. Nous y voilà !

  • Yves Rancourt Répondre

    7 mai 2011

    Bonjour monsieur Lamontagne,
    Je souscris à plusieurs de vos premiers énoncés mais je décroche quand vous commencez à nous tenir le discours de François Legault: "mise en ordre de la maison", " parler des vrais problèmes", etc. Ce n'est pas parce que je n'aime pas M. Legault ou que je ne trouve pas pertinent de mettre de l'ordre dans les finances publiques, mais c'est plutôt parce qu'il est associé à Charles Sirois, un fédéraliste inconditionnel et un néo-libéral très près de l'oligarchie, qui ne pourra jamais accepter que l'on règle comme il se doit les vrais problèmes qui sont d'abord, selon bien des Québécois: la bilinguisation galopante du Québec, l'immigration massive que l'on connaît, l'éducation( qui appelle bien d'autres solutions que des normes de performances pour les enseignants, vous en conviendrez ), le contrôle de notre fiscalité( l'évasion fiscale est une plaie chez nous), le pillage de nos ressources, et combien d'autres. Je doute fortement que M. Legault puisse vraiment régler ces problèmes avec Charles Sirois derrière son dos, quand ce ne sera pas Lucien Bouchard ou un autre. Et j'ajouterais un exemple: à ma connaissance, monsieur Legault a été très timide, dans son manifeste, sur le problème de la corruption dans l'industrie de la construction et je doute fort que ceux qui l'appuient l'incitent à s'y attaquer. C'est pourtant là aussi un problème majeur qui mine la confiance des Québécois envers les politiciens et nos institutions, et qui explique pour beaucoup le ras le bol des Québecois qui s'est exprimé le 2 mai.
    Qu'on nous dise que le mouvement souverainiste devrait revoir sa stratégie et se rajeunir, j'en suis, mais qu'on se serve du contexte provoqué par la défaite de lundi pour nous vendre l'approche Legault, non merci.
    Mes salutations respectueuses à vous.

  • Jeannot Duchesne Répondre

    7 mai 2011

    Nous sommes sorti de l'impasse, de cette fausse sécurité que le Bloc donnait au Québécois en défendant les droits et demandes du Québec et surtout, en faisant, malheureusement, fonctionner ce fédéralisme qui à l'origine devait être une confédération.
    Est-il utile de rappeler que le Québec n'a pas signé la cet acte confédéré?

  • Archives de Vigile Répondre

    7 mai 2011

    Je serai toujours convaincu de la cause mais je n'y crois plus. Les Québécois sont devenus mous et ne s'intéresse qu'à des pecadilles. Voilà moi j'abandonne, c'est fini. Bien que ma flamme est toujours là je n'ai plus foi en ce peuple. Mes 3 enfants sont en Europe pour travail-étude-voyage et je les ai encouragés à aller voir ailleurs. Il est fort possible qu'un des trois y restent pour des raisons personnelles, les deux autres sont dans des domaines qui leur permettra d'aller travailler aux Ëtats-Unis et faire une excellente vie. Voilà pour moi, j'arrive à la retraite et tranquillement mes intérêts vont changer. Je vous dis adieu Québec et malheureusement, bonne Louisianiation...

  • Stéphane Russell Répondre

    6 mai 2011

    Vous n'êtes pas honnête dans votre analyse. La vague NPD n'indique qu'une chose et rien d'autre: une majorité de québécois reconnaissent la nécéssité d'un changement majeur, mais ils n'ont pas le courage de l'entreprendre ni l'honnêteté de se l'admettre. Le PQ et le Bloc n'y peuvent rien. Ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas fait deux référendum déjà.
    Sachant celà, moi je dis que quiconque tente de hâter les choses au Québec, surtout un référendum, est hautement suspect. Chacun sait que la précipitation à ce stade donnerait un coup très dur au mouvement indépendantiste.
    Le PQ fera l'indépendance si les conditions sont réunies. Mais il a choisi la voie noble mais difficile de la démocratie - contairement à son adversaire - il ne peut procéder sans l'accord du peuple. Pendant ce temps, ses adversaires agissent comme un mauvais conjoint qui triche et menace pour garder de force. Jamais le Canada n'a été aussi profond dans sa nature antidémocratique, jamais le Québec n'a autant poussé pour opposer ses priorités à celles du Canada oligarchiste, ceci complètement en vain. Toute la démonstration est en train de se faire. Il ne reste qu'à espérer que tout celà éveillera ce peuple, dont la louisianisation tranquille est déjà commencée.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2011

    M. Lamontagne,
    Je dois avouer que j'ai rarement vu dans ma vie un exposé aussi brillant. Ce n'est pas pour vous flatter outre mesure, cependant je suis incapable de retenir mon admiration devant une synthèse aussi bien montée. Permettez-moi d'exprimer ma reconnaissance de partager avec nous votre pensée.
    Je remarque que vous brossez un portrait complet des facteurs qui auraient pu occasionner ou déclencher ce phénomène politique aussi brutal qu'imprévisible. Nous pourrions ajouter ici et là d'autres arguments mais pour l'essentiel, les points forts et significatifs y sont rassemblés. Vous exploitez habilement l'organisation du texte sous forme de thèmes ce qui le rend plus élégant. À la lumière de votre exposé tout se comprend, tout devient vraisemblable. Nous pourrions très bien l'utiliser comme feuille de route ou comme balise pour accompagner notre action future. Il est aussi juste et précis dans son développement de l'argumentation sans aucun parti pris particulier. Enfin, malgré cette précision, vous laissez le lecteur libre de tirer ses propres conclusions.
    Vraiment, M. Lamontagne, vous m'avez aidé à mettre de l'ordre dans mes pensées et à rassembler une multitude d'impressions et de sentiments éparses. Je vous en remercie grandement.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2011

    Monsieur Lamontagne,
    Vous frappez juste sur plusieurs points, et votre texte contribue au débat. Je ne partage pas tout, cependant, notamment concernant la stratégie à développer. Ceci dit, je suis d'accord avec votre évaluation de la situation actuelle.
    Par ailleurs, le commentaire de monsieur Archambault me laisse croire qu'il faudra encore travailler longtemps pour que l'on puisse s'extirper de nos paradigmes actuels. Un commentaire bien intentionné, mais qui dit quoi? Devenir de plus en plus radical avec un discours éculé?
    Je crois de plus en plus que la stratégie du mouvement indépendantiste doit investir le contenu. Le pays que nous voulons, c'est quoi. Pensons à la république que nous voulons, une république qui pourra rallier une majorité de différences. Facile à dire, mais pas à faire. Et il faudra que les leaders de tous les courants se parlent.
    Vous trouvez que le mouvement est un peu vieux jeu. Gilbert Paquette, par exemple. Pourtant, ce septuagénaire brillant nous propose des États généraux depuis un bon bout de temps, un espace libre où nous pourrions débattre collectivement, et ainsi raviver notre combat. Faire le point, et dégager une tendance d'action, c'est être dépassé? Si il y a un homme qui ne vit pas dans le passé, c'est bien Gilbert Paquette! Il veut changer les paradigmes, sacrebleu! Quant à QS, j'étais un peu comme vous avant. J'apprends à me faire plus modeste, et j'avoue que cela me sied mieux. Des empêcheurs de tourner en rond. À vous d'en apprécier le pour et le contre. Une nouvelle ère s'ammorce - et vous êtes d'accord avec ça -, alors poussez un peu plus loin votre réflexion, et vous verrez que d'autres horizons s'ouvrent
    Je reviendrai là-dessus,et d'autres aussi, dans les semaines et mois à venir. Chaque paragraphe de votre texte mérite réflexion et débat. Ceci est un compliment. Vous êtes un homme de contenu. Mais au niveau de la stratégie (et ça implique évidemment tout ce qui est tactique), nous aurons l'occasion de discuter sérieusement. Vous avez de la rigueur dans le texte, je suis plus brouillon, plus émotif.
    Revenez souvent sur Vigile, et surtout, ne vous laissez pas abattre par les éteignoirs. Ils sont là, c'est la vie.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2011

    J'ai écrit 36 heures après le 2 mai, un WeBillet intitulé "Analyse du 2 mai: Fin du statu quo, dernière chance au fédéralisme???" ici sur mes WeBillets politiques http://lumenlumen.blogspot.com/
    Il y a beaucoup d'éléments du vôtre qui rejoignent mes réflexions.
    Aucun doute que Harper ne fera plus rien pour le Québec. Il en a plus besoin.
    Le NPD ne livrera jamais la marchandise aux Québécois. Le schisme que vous y prévoyez n'arrivera pas. Sur les 57-58 députés du NPD - 2-3 ont de l'expériences en politique, les autres étaient des poteaux et ils vont le rester. Ces derniers gagnaient rien et du jour au lendemain, pour les 4 prochaines années, s'ils restent dociles, ils vont empocher chacun autour de 600,000$. Aucun ne quittera le bateau du NPD.
    Mais c'est pas grave du tout et même c'est pour le mieux.
    Imaginé des bleus...qui connaissent rien à la politique ou presque qui vont être obliger d’arrêter de s'amuser et de travailler. Ca va être le bordel rapidement. On va rire.
    Pour ce qui est de votre vision du PQ et de Pauline, on est d'accord... Legault...vous avez également raison mais Legault est un gars très intelligent. Je connais personnellement sa garde rapprochée. Il a été...est et sera toujours un souverainiste. Présentement il ne travaille pas à la souveraineté, mais ce que vous appelez donner une chance ( la dernière ) à des offres du fédéral. Charles Sirois aura beau l'avoir à l'oeil, tôt ou tard Sirois va partir, congédier et larguer par Legault. Il est difficile de voir dans une boule de cristal en politique (on la vue le 2 mai)Pour moi...il reste 2 ans au PC, au NPD et à Charest pour ouvrir une ronde constitutionnelle après il sera trop tard..

  • Jean Archambault Répondre

    6 mai 2011

    Quelle langue faudra-il utiliser pour parler des vrais problèmes. La social-démocratie à l'anglaise, ça ne m'intéresse pas. Le capitalisme plus modéré à l'anglaise, ça ne m'intéresse pas. Une nation se fait à partir d'une langue commune, d'une culture commune, d'un territoire commun. Pour le moment, la langue commune du travail à Montréal est l'anglais. Les immigrants se parlent, entre eux, en anglais. 50,000 immigrants arrivent au Québec à chaque année et choisissent à 90 % la région de Montréal. À Montréal, les francophones ne forment plus que 49,5 % de la population. Oû vivez-vous donc ? En banlieue, en région. Si nous perdons Montréal, nous assisterons à la "louisanisation" du Québec. Vous voulez parler des vrais problèmes... mais dans quelle langue aborderez-vous vos vrais problèmes !! Venez quelques jours à Montréal, vous verrez que le vrai problème est là. Quand un peuple oublie sa langue pour élire une unilingue anglophone, il y a là comme un gros problème.