Affaire Lola

Quand les juges se font lobbyistes...

la démocratisation de certaines iniquités aux conjoints de fait permettra à la justice québécoise d’arrondir son chiffre d’affaires

Cour suprême - L'affaire LOLA - Procréation assistée

Si, comme moi et plusieurs autres, vous avez suivi les derniers développements de l’affaire Lola, faits d’arme d’autant plus spectaculaires que l’on croyait que la demanderesse serait déboutée, vous êtes sans doute tombés en bas de votre chaise à l’annonce du verdict des juges Marc Beauregard, Julie Dutil et Lorne Giroux, de la Cour d’appel du Québec. Leur décision de permettre à un ex-conjoint de toucher une pension après une séparation sera lourde de conséquences pour 34,6 % des couples du Québec vivant en union de faits. Ne nous leurrons pas, « ex-conjoint » sera le plus souvent conjugué au féminin. Comme 95 % des payeurs de pensions d’anciens couples mariés sont des hommes, 95 % des payeurs de pensions d’anciens couples en union de faits seront des hommes également.
Des avocats à soutenir...
S’abritant derrière de nobles sentiments, à savoir de mettre fin, écrivent les magistrats, à la prétendue injustice que « les conjoints de fait sont moins dignes que les conjoints mariés ou unis civilement de l’article 585», les juges ont invoqué ledit article « qui protège un droit fondamental, celui de satisfaire à des besoins financiers de base après une rupture. »
Les avocats étant des travailleurs sur-représentés au Québec, ce type de jugement me laisse toujours un arrière-goût de suspicion. Mais j’ai l’esprit naturellement tordu. Du temps où Marc Bellemare, ministre de la Justice, souhaitait en 2003 l’abolition du no fault , je ne pouvais m’empêcher d’anticiper le nombre de causes qu’un pareil changement législatif pourrait rapporter à des avocats en mal d’émoluments. Derrière le justicier désireux de faire payer les chauffards au lieu du contribuable, se cachait selon moi le lobbyiste désireux de veiller aux intérêts de ses pairs. Quand, grâce notamment au CAA, le public a compris que la majorité des contrevenants n’étaient pas solvables, donc que leurs victimes paieraient des avocats pour se retrouver le bec à l’eau, les projets de Bellemare sont devenus du coup moins attrayants…
Il m’est franchement difficile de voir autre chose qu’une manœuvre semblable doublée de manipulation de la part de ces juges drapés de nobles intentions factices. Nombreuses sont les voix à avoir dénoncé, avec raison, l’infantilisation de leur décision envers les femmes du Québec et le fait que l’État s’ingérait dans la chambre à coucher des couples. Les causes de séparation étant déjà un marché lucratif au Québec, puisqu’il avantage plus souvent l’ex-épouse et la mère au détriment du père et des enfants, ce qui entretient la judiciarisation des ruptures, la démocratisation de certaines iniquités aux conjoints de fait permettra à la justice québécoise d’arrondir son chiffre d’affaires. Business as usual…
Le prétexte idéal...
Il y a plus. Une ancienne agente d’aide sociale me faisait remarquer que ce jugement ouvrait la porte à nombre de recours en pensions de la part d’assistés sociaux qui se verront forcés par leur agent de poursuivre leur ex. Tel était déjà le cas pour les ex-conjoints mariés. Quelques années auparavant, l’un d’eux, un militant revendiquant la limitation de la pension aux ex-conjointes à trois ans, me faisait déjà remarquer, informations à l’appui, disait-il, que l’État fourbissait ses armes afin d’étendre aux conjoints de fait les mêmes obligations qu’aux couples mariés afin de faire rentrer de l’argent dans ses coffres. Apparemment, l’affaire Lola a été le prétexte, le déclencheur d’une initiative aussi douteuse…
La décision malhonnête avantageant indûment Lola aura des effets pervers, non seulement sur l’administration déjà biaisée de la justice, mais aussi sur la qualité des relations homme-femme, sur le célèbre refus de l’engagement des hommes et sur le déclin démographique de notre province. Le mercantilisme féroce s’avère décidément peu compatible avec l’harmonie entre les sexes…


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