Pendant que les membres du Parti québécois votent pour choisir leur chef, le Devoir s'active à dénaturer le sens du combat de Martine Ouellet. Tout au long de la campagne on a donné une place démesurée à Cloutier et maintenant à Lisée. J'ai noté au moins trois caricatures de Garnote, deux où Martine rame à l'encontre des trois autres (ce qui est rigoureusement exact), mais vers une chute qui dans laquelle le canot péquiste pourrait se précipiter. Heureusement que les matelots Cloutier et Lisée et le moussaillon PSPP sont là pour empêcher la catastrophe. Il y a aussi la caricature d'hier où on voit Philippe Couillard prier St-Jude pour que Martine Ouellet soit élue et surtout pas Lisée.
Ce matin, la veille du vote, Michel David en remet, en page A3 s'il vous plait. Il commence en citant le dicton "Tout ce qui est exagéré est insignifiant". Une position indépendantiste assumée et déterminée serait donc insignifiante. Imaginez si tout à coup un parti théoriquement indépendantiste se donnait un plan d'action pour réaliser l'indépendance à chaque campagne électorale. Quel scandale!
Michel David reproche Martine Ouellet sa soi-disant "hargne" qui fait que certains membres du caucus "ne demanderaient pas mieux que lui tordre le cou". Il termine sa diatribe, car c'est bien de cela qu'il s'agit, en disant qu'il "faudra se résigner à vivre avec les imprécations de la gardienne du temple".
En lisant cette chronique, on a l'impression que la députée de Vachon aurait insulté ses adversaires et que le caucus péquiste serait bienvenus de lui signifier la sortie. Mais qu'a-t'on à lui reprocher au juste ? d'être à contre-courant ? de dire que les plans des trois autres sont "provincialistes" ? Qu'ils nuisent à l'indépendance ?
Mais c'est malheureusement la stricte vérité. Quand un candidat à la chefferie d'une parti souverainiste remet l'indépendance aux calendes grecques, qu'il refuse d'en faire la promotion, objectivement, quelles que soient ses raisons, il nuit à la progression de l'idée d'indépendance.
Selon Michel David, si Martine Ouellet le pense, il ne faudrait pas quelle le dise. Pire, elle devrait suivre l'admonestation (l'ordre de quelqu'un qui se croit déjà chef) de se taire. C'est pourtant dans la politique provincialiste où le PQ s'est embourbé depuis 20 ans. Les portes paroles répètent, oui oui je suis souverainiste. Mais ils n'ont rien préparé, comme en 2014. Ils n'ont pas de plan.
Il faut que le PQ change de cap. Est-ce une "imprécation" M. David. Eh bien vous allez l'entendre aussi longtemps que nécessaire.
Quand Le Devoir fait le boulot de Cloutier-Lisée
Le Devoir à la dérive
Gilbert Paquette68 articles
Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)
Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’...
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Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)
Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).
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1 commentaire
Bruno Deshaies Répondre
7 octobre 20162016-10-08
«C’est pourtant dans la politique provincialiste où le PQ s’est embourbé depuis 20 ans.»
La politique provincialiste est inhérente à notre statut de province comme État local dans une union fédérale très centralisée. C'est le lot de tous les partis politiques au Québec depuis 1867. Ce faithistorique a un nom : l'annexion.
Pour sortir de notre annexion, il faudra à monsieur Lisée beaucoup plus que ce qu'il a livré comme discours hier soir. Les relations entre les nations ne se passent pas sans comprendre les moyens dont dispose l'autre partie, à savoir son adversaire objectif : le CANADA.
Le PQ qui vient de sortir de cette course à la chefferie aura à mettre impérativement à l'ordre du jour le débat qu'il ne veut pas faire sur l'objet même de l'indépendance : «Un État souverain, français, ayant la jouissance de la reconnaissance juridique internationale.» C'est ça «Mettre le cap sur l'indépendance». Un slogan que j'ai moi-même lancé il y a quelques années.
Est-ce que le nouveau Chef de l'Opposition aura le courage de créer un «Groupe de réflexion» qui saura suivre le dossier fondamental du PQ sur le QUOI de l'indépendance? Je suis particulièrement sceptique.
En tout cas, l'Exécutif du PQ devrait sérieusement s'en préoccuper si le Chef n'en voit pas l'urgence immédiate. Si 2018, c'est proche dans le temps, quatre années plus tard ce n'est guère plus loin pour convaincre le public d'une nation «annexée» de son Option finale : la liberté collective.
2016-2022 : six ans ! pour convaincre une nation du bien en soi de son indépendance. C'est de la mystification si le départ n'est pas maintenant avec un plan de match.