PQ: un 2e débat révélateur

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PKP s'en tire mieux qu'aux débats précédents


Quelques observations sur le deuxième débat officiel de la course à la direction tenu ce dimanche à Sherbrooke. Deux thèmes y étaient abordés : la santé et l’environnement.



L’«effet» Flanagan


Les médias l’ont déjà amplement noté. L’effet immédiat de l’arrivée récente d’un nouveau directeur des communications dans la campagne de Pierre Karl Péladeau s’est fait visiblement sentir tout au long du débat.


Communicateur renommé et expert en «gestion de crises», l’influence de Steve Flanagan – aussi connu comme l’efficace porte-parole d’’Hydro-Québec pendant la crise du verglas en 1998 -, crevait les yeux. (Pour mieux connaître en quoi constitue l’«approche» Flanagan, cette entrevue est particulièrement éclairante.)


Résultat : un PKP plus calme, plus ouvert aux idées des quatre autres candidats à la chefferie. Un PKP plus humble devant la tâche qui l’attend s’il devient chef du PQ et de l’opposition officielle. Un PKP mieux préparé à répondre, plus concrètement, aux questions.


La suite des choses saura montrer si ce changement rapide quant au ton et à la forme des interventions du meneur de la course se traduira également dans le contenu de la campagne de M. Péladeau.


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Après mûre réflexion...


Une autre différence majeure entre le premier débat officiel tenu le 11 mars à Trois-Rivières et celui de Sherbrooke : l’absence d’attaques directes contre PKP sur sa propriété de Québecor ou tout autre sujet connexe.


Sur cette question, dès le lendemain du débat de Trois-Rivières, j’avançais ceci à l’émission Pas de midi sans info. Que ces questions soient pertinentes ou non d’un point de vue journalistique, du point de vue des militants, ces «questions» posées au meneur de la course sont perçues essentiellement comme des attaques plus «personnelles». Lesquelles, parce qu’elles sont justement lancées au sein même du PQ, risquent fort de fragiliser leur possible prochain chef face au PLQ et la CAQ.


Ce qui explique pourquoi, au débat de Trois-Rivières, toute question des autres candidats sur Québecor était huée par une partie de la salle. Et pas seulement par les partisans de PKP. J’avançais donc que d’ici le deuxième débat, les quatre autres candidats – Alexandre Cloutier, Martine Ouellet, Pierre Céré et Bernard Drainville -, mesureraient l’impact de ces mêmes questions sur leurs propres appuis.


Bref, qu’ils jaugeraient si ce genre de question leur ferait perdre ou non des plumes auprès des militants. Si oui, on pouvait s’attendre à ce que ce type de questions ne soit plus posé. Je crois que la réponse était claire à Sherbrooke...


Ce qui, par contre, n’a aucunement empêché les divergences réelles de s’exprimer entre les candidats sur le terrain des idées.


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LA question existentielle


Passée inaperçu, le candidat Pierre Céré – bon dernier dans la course -, a néanmoins mis le doigt sur le bobo en posant LA question existentielle à laquelle le PQ fait face depuis sa défaite historique de l’an dernier.


Constatant avec raison que cette défaite n’était pas un «accident de parcours», Pierre Céré posait la question suivante :


«Dans cette course (...), il y a un enjeu. Un. C’est le Parti québécois. Son avenir, ce qu’il sera ou ne sera pas dans les prochaines années. (...) Qu’avons-nous fait pour que nos enfants et nos petits-enfants ne soient pas avec nous aujourd’hui? (...) Il y a des fissures importantes qui se sont creusées entre notre parti la jeunesse québécoise. Fissures, aussi, face à cette partie de notre population qui est issue de l’immigration.»


En fait, c’est la question de la survie même du Parti québécois qui est posée ici...


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Sur la santé


Trois observations.


1) Pierre Karl Péladeau a fortement insisté pour dire qu’il n’est pas favorable à une ouverture plus grande au privé pour les soins de santé.


2) Après Alexandre Cloutier, PKP s'est aussi dit favorable à l’annulation de l’incorporation des médecins – une mesure qui prive le trésor public de près de 100 millions de dollars par année.


3) La plupart des candidats ont parlé de la nécessité de renforcer les services sociaux au Québec – les grands oubliés du système de santé. Sur cette question, épaulé par l’ex-ministre responsable des services sociaux, Véronique Hivon, le candidat Alexandre Cloutier semble être le plus sensibilisé au problème.


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La grève étudiante


En fin de débat, le candidat Pierre Céré notait également avec raison qu'aucun des quatre autres candidats à la chefferie n'avait même mentionné, ou pris position, sur la grève étudiante actuelle - pourtant, un sujet chaud d'actualité politique.


Un silence en effet étonnant... et qui ne pourra pas durer...


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Le pétrole


Les médias ont surtout insisté sur le différend bien réel entre les candidats quant à l’exploration et l’exploitation éventuelle du pétrole de schiste à Anticosti.


Trois candidats y sont opposés : Alexandre Cloutier, Martine Ouellet et Pierre Céré. Pour PKP, le pétrole est un «atout majeur» pour la souveraineté et pour créer un pays plus «riche». À condition, selon lui, qu’il passe le test de l’«acceptabilité sociale». On sent ici une filiation d’idée directe avec le manifeste signé au début de l’an dernier par une brochette de «personnalités» politiques et du milieu des affaires fortement favorables à l’exploitation du pétrole au Québec.


Pour Bernard Drainville, le pétrole d’Anticosti, même s’il nécessite une fracturation hydraulique risquée pour l’environnement, serait «une énergie de transition vers un Québec sans pétrole».


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Et les sables bitumineux ?


Un autre sujet – celui des sables bitumineux -, était toutefois nettement plus révélateur d’un certain nombre de choses. On parle ici entre autres du projet controversé de la compagnie albertaine Enbridge pour l’inversion de l’Oléoduc Énergie Est 9B. Ainsi que du projet d'oléoduc Énergie Est de TransCanada.


Pour Bernard Drainville, c’est «non aux pipelines de TransCanada». Pour Martine Ouellet, c’est «non, c’est insensé.» Pour Pierre Céré : «c’est non».


Pour PKP, s'il avait déjà proposé que le pipeline de TransCanada serait acceptable en échange de redevances, au débat, il ajoutait que la «population» serait «consultée», mais le vrai problème, selon lui, est que «ce n’est pas aux Québécois de décider qu’est-ce que nous allons faire». Pour Alexandre Cloutier, tout en s’opposant au projet Énergie Est et au pétrole de schiste d’Anticosti, la «seule solution» est l’«indépendance du Québec».


Ce que cette partie du débat révèle surtout est qu’il y avait fort probablement de véritables divergences sur cette question cruciale au sein même du conseil des ministres de Pauline Marois.


Rappelons que dès novembre 2012 – soit, deux mois à peine après son élection -, la première ministre Marois ouvrait toute grande la porte au pétrole controversé et polluant des sables bitumineux albertains. Allant même jusqu’à se rendre au Conseil de la fédération pour créer un  groupe de travail conjoint avec l’Alberta dans le but d'étudier divers projets d'exportation du pétrole albertain au Québec.


Sans compter la tenue d'une commission parlementaire surréaliste tenue en décembre 2013 sur le projet d'Enbridge. Une commission où les trois principaux partis politiques s’étaient montré d’une complaisance franchement gênante envers le projet controversé.


Au débat de Sherbrooke, il était donc fascinant de noter que trois ex-ministres de Pauline Marois – Martine Ouellet, Bernard Drainville et Alexandre Cloutier – s’opposent aujourd’hui farouchement à la même filière pétrolière albertaine à laquelle le gouvernement dont ils faisaient partie ouvrait pourtant les bras.


Lorsqu’on y ajoute les divergences déjà exprimées ici et là par des ex-ministres de Pauline Marois sur sa «charte des valeurs», force est de constater que sur des questions aussi fondamentales que le pétrole albertain et le volet signes religieux de la charte des valeurs, l’unité était loin de régner au sein même du gouvernement minoritaire du Parti québécois...


 



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