PQ - ne perdons plus notre temps

Chronique de Nic Payne

Un parti politique qui enclencherait le processus
d'accession à la souveraineté du Québec dès son élection, sans passer par
l'étape d'un référendum, voilà ce dont parlait le député Jean-Martin
Aussant en pleine radio, hier, à Montréal, et dans les pages du Devoir.

C'est à ce genre de coup de pied dans les vieilles patentes de la
quincaillerie souverainiste que nous convie l'émancipation qui s'annonce
d'une action indépendantiste en dehors du PQ.

Lèvera le nez qui voudra sur un tel courant d'air frais; quant à moi, j'en
redemande.

Ces paroles qu'on n'aurait pu tenir, jusqu'ici, sans s'inscrire
durablement dans le catalogue des radicaux, purs-et-durs et autres
illuminés, ont été prononcées par l'ex-péquiste de Nicolet-Yamaska sans que
le ciel ne lui tombe sur la tête, sans que l'intervieweur ne fasse une
crise d'apoplexie.

Désormais, des citoyens indépendantistes pourront les reprendre à leur
compte, en se faisant un peu moins traiter d'enragés qu'autrefois. Puis,
peut-être, d'autres élus prendront le relais, ce qui déblaiera encore
davantage le chemin, et ainsi de suite.

S'il est vrai qu'Aussant distille de la " souveraineté " à tours de bras
-- les manies péquistes sont coriaces --, on comprend en l'écoutant qu'il
parle bel et bien d'indépendance. C'est beaucoup mieux que rien, et
surtout, ce n'est pas la " souveraineté " provinciale du PQ.

Ne serait-ce que pour des moments comme celui-ci, où on se permet enfin de
remettre en question certains dogmes figés depuis longtemps dans le carcan
partisan péquiste, l'émancipation d'une démarche indépendantiste en dehors
du PQ se justifie amplement.

***

Entre-temps, du côté du Parti Québécois, tout montre que la conviction de
l'indépendance impossible et invendable, telle que professée par les
Bouchard, Facal, Legault et cie, et sous-tendue par le programme péquiste,
demeure solidement ancrée dans les mentalités.

Là-dessus, la démission des députés Beaudoin et Curzi, qui ont réussi à
quitter un parti mêlant pour des raisons confuses, encourage cette
interprétation de la psyché dominante péquiste. Les deux démissionnaires
n'ont pas remis en cause la " gouvernance souverainiste ", cette
proposition autonomiste rebaptisée. Cela n'est pas anodin. Ils se sont
plutôt épanchés sur l'incapacité des politiciens à rejoindre la population.
De là à dire qu'il n'est pas possible, dans les conditions actuelles, de
promouvoir efficacement l'indépendance, il n'y a qu'un pas.

L'état d'esprit de Beaudoin et Curzi, qu'on sent dubitatif et tourmenté,
s'accorde bien avec le cul-de-sac intellectuel et stratégique qui émane du
PQ : on continue de penser que les Québécois " ne sont pas prêts ", qu'on
ne peut rien y changer et que, de ce fait, l'indépendance constitue un
boulet électoral. Mais en même temps, on est bien obligé de constater que
la coalition péquiste se décompose sans le ciment d'un objectif
indépendantiste concret. Or, on refuse toujours de mettre l'indépendance de
l'avant, une option qui recueille pourtant un assentiment plus fort que la
plupart des courants et partis politiques au Québec.

Rien pour l'instant n'indique la fin de ce
blocage. À ce jour, donc, les effets combinés de la défaite bloquiste et du
persistant spectre Legault, semblent avoir été prépondérants dans le
déclenchement des récentes dissensions au caucus péquiste. L'absence
apparente d'un examen de conscience quant à la " gouvernance souverainiste
" ne peut que laisser entrevoir une prolongation de ce souverainisme
en-attendantiste qui, par son faible potentiel rassembleur, augmente
jusqu'à l'excès l'impression, pour ceux qui le pratiquent, d'avoir à
louvoyer perpétuellement entre militants " trop pressés " et électeurs "
pas assez pressés ". En clair, plus le souverainisme est provincial, plus
le concours grotesque entre mous, durs, moins mous, moins durs, radicaux,
raisonnables, pressés, pas pressés, etc, prend de l'ampleur.

Pour être un bon péquiste, à l'heure actuelle, il faut être, disons, "
juste assez pressé ". Ce n'est pas simple.

***

Les indépendantistes qui se questionnent sur l'opportunité de fonder un
parti politique, ou à tout le moins, de s'affranchir du PQ, sont devant une
évidence implacable : de la cinquantaine d'élus de la dernière cuvée
péquiste, seulement deux -- pensez-y, deux sur cinquante quelque ! --,
Lapointe et Aussant, font aujourd'hui le pari d'une démarche
indépendantiste plus claire. Et il a fallu pour cela qu'ils quittent le
caucus du parti.

Pour le reste, du dépit de Beaudoin à la quête de Curzi, en passant par
les allergies hyper-partisanes des McKay, Gendron et Blanchet -- et du
non-élu Archambault --, jusqu'au malaise de Drainville, personne ne se
montre disposé à porter le ballon de l'indépendance. Personne. Je ne sais
pas ce que tout un chacun pense en son for intérieur, mais dans les faits,
c'est ça.

Qui plus est, ce divorce d'avec toute démarche indépendantiste concrète a
connu une sorte de paroxysme, d'aboutissement, de cassure peut-être
irrémédiable, lors de l'invraisemblable sortie conjointe de plusieurs
députés péquistes contre Jacques Parizeau, qui n'avait pourtant rien fait
d'autre qu'exister.

Il y a de ces gestes qui marquent; voir le Parti Québécois bazarder ainsi
son propre patrimoine, en s'en prenant grossièrement, à coups de phrases
toutes plus formidablement insignifiantes les unes que les autres, au
symbole entre tous d'une pensée indépendantiste cohérente et déterminée,
assortie d'une action conséquente et rigoureuse, fut proprement
consternant. Difficile de ne pas avoir l'impression d'assister à une espèce
d'auto-liquidation inconsciente, ou à une tentative de suicide politique.

Du reste, comment un parti qui dit lutter contre la corruption et qui
dénonce une certaine médiocrité libérale, peut-il ainsi taper sur son
ancien chef au parcours hors du commun, dont l'intégrité à toute épreuve et
l'expertise balaient en un instant tous les Charest de ce monde ?

De deux choses l'une; soit nous avons été témoins d'un énorme manque de
jugement, soit nous avons vu l'ampleur du fossé qui sépare les
indépendantistes des péquistes, qui désormais, classent naturellement
Parizeau au rang des méchants en faisant le pari que la population les
suivra, réflexe habituel des défenseurs de l'unité canadian. Que la réalité
s'approche de l'une ou l'autre de ces options, il n'y a rien là de bien
invitant pour la suite des choses, d'un point de vue indépendantiste.

Les péquistes peuvent-ils réparer ce gâchis ? Ce problème ne concerne
qu'eux. Pourront-ils à l'avenir servir l'indépendance ? Vaste question.

Chose certaine, aux dernières nouvelles, ils avaient besoin de temps.
Laissons-leur en, mais ne perdons plus le nôtre.

Nic Payne

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2011

    Mr Aussant,je le voyais comme ministre des finances après avoir gagné la prochaine élection mais pas comme chef.Il vient à peine d'être élu à la dernière élection.Il a encore du chemin à faire avant d'avoir les compétences d'un vrai chef,peut être dans quelques années mais pas maintenant.Je reconnais que sur ce site il y a beaucoup de purs et durs et moi aussi je suis fatiguée d'attendre mais faire comme vous dites que vous voulez agir c'est foncer dans le mur et pas à peu prêt.Le peuple ne suivra pas,c'est trop radicale et ne sont pas encore assez ouvert ou réveillé.ILs vont encore reculer et ce sera foutu pour une autre décénieCe n'est pas en créant un nouveau parti pour l'indépendance que ça va être mieux.Les gens vont êtres encore plus mêlés et ça va être le chaos.À tout éparpiller on va nulle part mais si on pousse tous dans le même sens on va attirer ceux qui manque pour gagner.Les gens vont se dire si il y a tant de monde qui y croient je vais m'y intéresser,il y a peut être quelques choses dans ce parti.

  • Nic Payne Répondre

    8 août 2011


    Merci de vos commentaires.
    M.Pelletier,
    Si vous m'avez lu, vous aurez remarqué que je commente, moi aussi, cette utilisation du vocable " souveraineté ".
    Cela dit, quand Parizeau, par exemple, parle de souveraineté, il parle bel et bien d'indépendance. Jusqu'à preuve du contraire, je considère qu'il en va de même pour J.M. Aussant.
    Et quand je salue la prise de parole du député démissionnaire, je ne parle pas de son vocabulaire, mais bien du fait d'évoquer une démarche sans référendum. Cela rejoint, d'ailleurs, ce que préconise le Parti Indépendantiste dont vous parlez.
    Du reste, quand vous m'accusez de " prendre mille détours pour taire la réalité ", je ne vous suis pas.
    Mes respects,
    NP

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2011

    M. Pelletier,
    Je prends note de votre frustration. Je ne saisis cependant pas votre opinion à l'effet que M. Aussant serait moins indépendantiste qu'il en a l'air. Personnellement, je n'ai aucun doute sur la sincérité de son engagement pour réaliser la sécession du Québec. Je suis comme vous triste que M. Aussant ait refusé l'offre d’Éric Tremblay du PI de prendre la direction du Parti mais quelle que soit sa décision, je suis certain que son action sera un réel succès.
    http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201108/07/01-4424167-jean-martin-aussant-dit-oui-au-pays-mais-non-au-parti-independantiste.php

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2011

    Monsieur Nick Payne,
    Je suis indépendantiste et je ne reprendrai certe pas les paroles de Jean-Martin Aussant pour mon compte parce qu'il ne parle que de souveraineté tout comme le PQ qui sonne plutôt P...rovince de Q...uébec à présent.
    INTERVIEW DE JEAN-MARTIN AUSSANT PAR JEAN PAGÉ le 2011-08-03 À «MONTRÉAL MAINTENANT» DU 98,5 FM:
    M. Aussant n'y parle pas une seule fois d'indépendance et c'est comme le PQ: le mot indépendance et tout qualificatif ou adjectif y étant lié est carrément banni de son cerveau.
    Pauvre lui! Il y fait cependant 3 fois directement référence au fédéralisme. Tout un indépendantiste!
    C'est Jean Pagé qui anime l'émission - du média dépendant des forces fédéralistes du canada qui le payent - qui lui a fait directement référence à l'indépendance quatre fois par ses mots utilisés.
    EXPLICATION RATIONNELLE
    Les bien-pensants du PQ ont constaté comme tout le monde que depuis leur enfouissement du projet de simple souveraineté d'une belle province en 1996, le PQ a perdu non seulement de nombreux votes mais aussi de nombreux membres.
    C'est ce qui les a amené a monter une nouvelle pièce de théâtre: un sois-disant dissident de ce PQ - nommé Aussant - soudainement devenu un sois-disant indépendantiste qui formerait un nouveau Parti sois-disant indépendantiste.
    Le but évident étant de faire croire à la Nation Québécoise de langue française qu'un tel Parti aurait sois-disant le même discours que le PQ, que donc un autre Parti indépendantiste serait sois-disant inutile et qu'il serait alors sois-disant préférable de retourner avec ce PQ «la belle province».
    Cette tentative de mystification n'est justifiée que par l'éternel volonté du PQ d'IMPOSER aux citoyens Québécois et à ses indépendantistes sa fausse vision d'une vraie souveraineté qui ne peut se concrétiser en toute logique que par l'indépendance d'abord.
    Le PQ tente par tous les moyens à sa disposition de manipuler l'opinion publique et ladite Nation, elle qui de toute évidence ne le croit pratiquement plus en grande partie et de toute façon depuis 1996.
    Croyez-vous vraiment que les indépendantistes vont mordre à l'appât qu'est ce faux Parti sois-disant indépendantiste s'il se réalise? La réponse est dans la question.
    Le Parti Indépendantiste - PI - que les faux souverainistes péquistes - et leurs amis fédéralistes comme eux - qui contrôlent l'information dans les médias tentent sciemment de taire existe depuis le 3 février 2008 et celui-ci propose L'INDÉPENDANCE. Son chef est Me Éric Tremblay - cité ici sans son approbation préalable -.
    Sous toute réserve, vous vous gardez bien d'en parler positivement vous-même Monsieur Nick Payne!
    Comme le PQ vous semblez prendre milles détours pour taire la réalité. En agissant de cette façon avec ladite Nation on ne fait que lui démontrer clairement du mépris.
    Les campagnes médiatisées de peur, les mystifications et les fausses nouvelles sont très répendues présentement !!! L'indépendance est la condition dont la souveraineté dépend, et pas l'inverse.
    Sur ce, VIVE LE QUÉBEC LIBRE!
    _________________
    Réjean Pelletier

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2011

    Je suis entièrement d'accord avec les propos de MM Payne et Gignac.
    Je supporte le PQ depuis sa fondation mais vu le manque de volonté de ses dirigeants à prôner la souveraineté et à informer les Québécois de tous les avantages qui en résulteraient, j'ai décidé de ne pas renouveler ma carte de membre et cesser mes dons au parti.
    Nous donnons la moitié de nos impôts à Ottawa et nous n'avons rien en retour. La pension de vieillesse pourrait être ajoutée à la RRQ et pourrait être augmentée vu la réduction des coûts d'administration. Nous avons toujours contribué en moyenne 25% des dépenses militaires canadiennes; donc les effectifs installés au Québec nous appartiennent, y compris les armes, équipements et installations. Le but d'une armée est de défendre le pays. Nous sauverions des vies et économiserions beaucoup d'argent en cessant d'aller attaquer les pays étrangers pour protéger les puits et pipelines des grandes pétrolières. Nous contrôlerions nos douanes et nos voies navigables. Les frais d'utilisation de nos ports et la voie maritime nous reviendraient, cette partie nous appartenant parce que nous finançons encore environ 25% de toutes les installations canadiennes. Les propriétés fédérales au Québec représentent certainement moins de 25% de l'ensemble canadien, moins que la valeur de notre investissement.
    Je m'arrête là car il y aurait tant d'autres exemples.
    Je souhaite que le PQ se réveille car demain il sera trop tard.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2011

    Monsieur Payne,
    Votre engagement me réconforte et m’encourage. M. Aussant va en surprendre plusieurs par son leadership, son intelligence et sa détermination. Ce qui me réjouis hautement, c’est qu’au lieu que l’on nous qualifie de ″purs et durs de la souveraineté″, dorénavant on nous désignera comme les ″Vrais Indépendantistes″. Pour ce qui est de l’appuie qu’ira chercher M. Aussant, nous pouvons, sans trop se tromper, parler de 12% à 18% de l’électorat d’ici la fin 2011. La moitié de cette clientèle, proviendra de québécois qui auraient voté pour le PQ PAR DÉFAUT. D’autres viendront surtout des abstentionnistes, mais aussi des partis marginaux comme QS et des jeunes qui ne se sont jamais sentis interpellé par la politique avant cet automne.

    Je suis d’accord avec vous, que la création d’un parti résolument indépendantiste mettra fin aux ambigüités et offrira à l’ensemble des nationalistes l’opportunité de s’identifier à la tendance de leur choix. Mais au moins, ils auront enfin un vrai choix. Je pense même que la présence d’un vrai parti indépendantiste, relancera le dialogue et donc la nécessaire pédagogie des masses concernant notre avenir. Les québécois seront plus à l’écoute et risquent de cheminer d’une façon décisive vers une action radicale de sécession d’avec le Canada. En fait, Monsieur Payne, je crois que c’est dans la confrontation entre nous, nationalistes, que nous réussirons à faire l’unité du peuple. Notre première tâche utile consistera à dénoncer la position intenable du PQ. Quel formidable cheval de bataille pour faire évoluer les consciences !
    Le PQ est irrémédiablement brûlé ! Nous allons construire sur ses ruines. Consacrons maintenant notre temps à l'édification du seul parti qui nous libèrera du carcan fédéral.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 août 2011

    ERRATUM
    Svp corriger la phrase suivante: "C'est rendu que Charest construit des chemins..." par celle-ci: "C'est rendu que Charest veut construire des routes...". Merci.
    André Gignac le 6/8/11

  • Archives de Vigile Répondre

    5 août 2011

    Monsieur Payne
    Excellent texte! Ça fait une cinquantaine d'années que je me bats pour l'indépendance du Québec et je dois vous dire que je me sens trahi par les dirigeants du PQ qui, depuis sa fondation, n'ont pas cessé de se tirer dans les deux pieds pour rendre cette indépendance irréalisable. En réalité, c'est depuis la Conquête de 1760 que nos dirigeants politiques québécois de tout acabit collaborent ou pactisent avec l'ennemi (le Canada-anglais) pour asservir le peuple québécois. Rien de neuf sous le soleil!
    Je reviens au PQ; si ce parti avait cru vraiment à l'indépendance du Québec, il aurait pris les moyens nécessaires pour l'expliquer au peuple par une bonne pédagogie de base surtout lorsqu'il était dans l'opposition. Nyet! Avec tout ce lavage de cerveau par Gesca, Radio-Canada et autres médias fédéralistes, le peuple est devenu apolitique surtout la jeunesse montante à qui on n'enseigne même plus l'histoire à l'école. Nous sommes en train de perdre notre mémoire collective et nous nous éteignons à petit feu avec cette assimilation et cette immigration démesurée par rapport à la réalité. Et, nous ne bougeons même pas, ça me dépasse!
    Et nos ressources naturelles qui foutent le camp dans les mains des oligarchies avec l'argent des contribuables. Monsieur Payne, c'est rendu que Charest construit des chemins pour les compagnies minières dans le nord du Québec pendant que nos infrastructures routières dans la région de Montréal tombent en ruines; il faut le faire! Nous sommes gouvernés comme une république de bananes! La solution immédiate: la création d'un VRAI PARTI INDÉPENDANTISTE avant les prochaines élections sinon nous sommes un peuple fini qu'on se le dise! Je reviendrai avec d'autres commentaires.
    André Gignac 5/8/11