Selon le témoignage recueilli par le Washington Post d'un Kazakh ayant été détenu en Chine, les musulmans se verraient parfois forcés d'ingurgiter du porc et de l'alcool, dans le cadre de punitions ciblées en camp de rééducation.
C'est lors d'un entretien téléphonique accordé au Washington Post qu'Omir Bekali, un Kazakh de 42 ans, s'est confié sur son expérience carcérale en Chine. Il explique s'être fait arrêter en mars 2017 alors qu'il rendait visite à ses parents dans le village de Shanshan.
Si le Washington Post ne précise pas le chef d'accusation retenu contre Omir Bekali, il rapporte ainsi son histoire : l'homme affirme avoir subi quatre jours d'interrogatoire puis aurait été enfermé sept mois dans la cellule d'un commissariat, avant de passer 20 jours dans le camp de rééducation de Karamay, dans la province du Xinjiang. Il déclare ne pas avoir eu le droit de faire appel à un avocat.
Omir Bekali décrit une journée type dans l'établissement de Karamay : réveil matinal pour assister à la cérémonie du lever de drapeau, participation à l'atelier de chants pour interpréter des airs communistes ou encore activités de propagande consistant à réciter des éloges du parti et de ses apports au peuple chinois.
L'ancien détenu confie par ailleurs avoir dû apprendre l'hymne chinois ainsi que des slogans condamnant les «trois forces du diable» : le séparatisme, l’extrémisme et le terrorisme.
L'homme soutient que les détenus musulmans, ceux accusés d'extrémisme religieux, sont forcés à boire de l'alcool. Rapportant les témoignages de plusieurs anciens prisonniers, le Washington Post affirme par ailleurs que les détenus des camps de rééducation se voient contraints de manger du porc.
Omir Bekali explique que le gouvernement kazakh a finalement pu négocier sa libération.
Située dans l’extrême nord-ouest de la Chine, la province chinoise de Xinjiang, où le camp de Karamei est situé, a plus d'une fois attiré l'attention médiatique, notamment à propos de ses techniques de lutte antiterroriste. Peuplée d'une communauté musulmane importante avec près de 10 millions de Ouïghours, la province fait preuve d'un engagement drastique face à de potentielles infiltrations djihadistes en provenance des pays limitrophes comme le Pakistan, l’Afghanistan ou encore le Kazakhstan.
En décembre 2017, l'ONG Human rights watch dénonçait la collecte des échantillons d'ADN des habitants en échange d'examens médicaux gratuits.