Pas étonnant que notre fine ministre de la Culture paie cher le mot pour s'adresser à une chambre de commerce. Nous sommes dans une situation politique où le verbiage tient lieu d'action et où le comptage des mots suffit à exciter les creux analystes.
Mais, dans notre nationale province, n'est-il pas fréquent d'entendre d'abord en anglais les mots qui traduisent notre réalité? C'est lors d'une émission humoristique canadian de type Air farce que j'ai entendu pour la première fois le mot « oxymoron ». Me précipitant sur un dictionnaire anglais-français, j'eus la surprise de constater que la traduction ne m'aidait pas. Plus tard, c'est le mot « moron » qui entra dans mon vocabulaire en écoutant les Sex Pistols :
God save the queen
The fascist regime
They made you a moron
Potential H-bomb
Allez savoir pourquoi ces deux mots me revenaient en entendant que les Québécoises et les Québécois formaient une nation dans un Canada-Uni.
Le Canada-Uni, c'est un projet de nettoyage ethnique recommandé, il y a plus de cent cinquante ans, par lord Durham après la répression des rébellions démocratiques du Bas-Canada. La Chambre de communes d'Ottawa, parlement du Canada-Uni actuel, reconnaît donc que, malgré tous les efforts dans ce sens, l'ethnie franco-québécoise a survécu au Canada-Uni. Une reconnaissance en forme de déni inéluctable. La reconnaissance d'une ethnie sous le vocable de nation n'est qu'un oxymoron.
Et, quand j'ai vu des députés se lever pour voter solennellement leur oxymoron, c'est le mot « moron » qui m'est revenu. Pour décrire ce comportement dans notre situation coloniale, il n'y en a pas de meilleur.
Reste que jouer sur les mots peut toujours se retourner contre les apprentis-sorciers. La culture québécoise est prête à lever le gant de n'importe quel benêt belliqueux :
J'ai rattaché ma barque et me suis faite transparente
Le jeu de la colère sous le manteau du silence
Trou dans la mémoire juste à l'endroit des attentes
Je ne vais plus m'envoler au premier de tes souffles
Souffle, époumone-toi
Même si tu souffles, je brûle et ne me consume pas
Dobacaracole
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