Dans une lettre coup-de-poing adressée à François Legault, le président de la mosquée de Québec dit craindre que les propos du premier ministre n’alimentent la frange islamophobe de la population.
« Je crains que votre phrase ne redonne vie à l’amalgame que les islamophobes adorent à l’effet que nous traitons toutes les Québécoises et les Québécois d’islamophobes. Je crains aussi que votre phrase ne soit le préambule à d’autres déclarations gouvernementales musclées notamment sur les signes religieux qui visent essentiellement les femmes musulmanes », écrit le président du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah. « Je crains aussi que votre phrase ne donne la caution magistrale à cette frange agissante de la société qui s’alimente d’islamophobie », ajoute le cofondateur de cette mosquée qui a été le théâtre d’une tuerie qui a fait six morts et de nombreux blessés graves le 29 janvier 2017.
Propos controversés
Le premier ministre François Legault a soulevé un tollé jeudi en expliquant pourquoi il s’oppose à une journée dédiée à la lutte contre l’islamophobie.
« Je ne pense pas qu’il y ait de l’islamophobie au Québec, je ne vois pas pourquoi il y aurait une journée contre l’islamophobie », a-t-il déclaré.
Cette déclaration prononcée à peine deux jours après les commémorations de l’attentat contre la mosquée de Québec a choqué Boufeldja Benabdallah.
« J’ai ressenti un coup de massue ou plus encore, je me suis senti trahi, tellement vos paroles étaient aux antipodes de celles que vous avez prononcées à l’Université Laval », écrit-il.
Plus tard en soirée, hier, le premier ministre a fait savoir, via son fil Twitter, qu’il s’est entretenu avec M. Benabdallah au téléphone.
« Je l’ai assuré que mon gouvernement combattra le racisme, la haine et l’intolérance », a rapporté M. Legault.
Ensaf Haidar appuie Legault
À l’opposé, le premier ministre Legault a reçu l’appui d’Ensaf Haidar. L’épouse du blogueur saoudien Raif Badawi, emprisonné en Arabie saoudite pour avoir proposé de libéraliser le royaume, a dénoncé le concept d’islamophobie.
« L’islamophobie est un grand mensonge inventé par les islamistes en Occident pour intimider et museler les gens qui disent la vérité à propos de la charia », a-t-elle écrit, en anglais, sur Twitter en réaction à un texte sur les propos du premier ministre.
— Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, Bureau parlementaire