Le Devoir publiait hier un article proprement stupéfiant tant il était tendancieux.
Il était tendancieux parce qu’il se présentait non pas comme une chronique d’opinion, orientée par définition, mais comme un reportage objectif.
Permettez auparavant un mini-rappel.
Loi
La loi 21 oblige les enseignants à ne pas porter un signe religieux, sauf s’ils bénéficient d’un droit acquis parce qu’ils en portaient un avant l’entrée en vigueur de la législation.
Ceux qui veulent devenir enseignants doivent se conformer à la nouvelle loi.
Est-ce que cela crée deux catégories ? Oui, mais...
D’une part, il y a mille exemples de droits acquis en fonction d’une ancienneté.
D’autre part, l’autre solution aurait été de forcer des enseignants portant leurs signes depuis longtemps à les retirer sous peine de congédiement. Imaginez le psychodrame.
J’en viens à l’article, intitulé « Premiers effets de la loi 21 dans les écoles de Montréal ».
On y rapporte que deux enseignantes voilées n’auront pas de contrat d’embauche parce qu’elles ne bénéficient pas du droit acquis. Normal, c’est la loi.
Une autre s’est fait avertir parce qu’elle porte le voile sans y avoir droit. Normal, c’est la loi.
Les dirigeants interviewés disent l’évidence.
La présidente du syndicat des profs renchérit : « On ne peut pas dire non plus à la Commission scolaire de ne pas respecter la loi. La loi, c’est la loi. »
Et c’est là que Le Devoir ajoute son grain de sel de la taille d’un astéroïde géant, insistant lourdement, très, très lourdement sur la pénurie d’enseignants.
Je cite :
« Sans la loi sur la laïcité, il aurait accueilli ces enseignantes à bras ouverts : neuf classes du primaire de la CSPI sont toujours sans titulaire à cause de la pénurie de personnel. [...] Pour des enfants du primaire, un début d’année scolaire sans “vrai” professeur peut être traumatisant. »
Puis :
« La pénurie prend une ampleur insoupçonnée à la CSDM. L’Alliance des professeurs a calculé qu’à peine 8 postes sur 96 offerts en adaptation scolaire étaient pourvus après la soirée “d’affectation” du 4 septembre [...]. »
Comprenons-nous : on peut avoir des objections de principe, donc philosophiques, contre la loi 21.
Je respecte infiniment ceux qui s’opposent à cette loi au nom de motifs élevés, bien que je ne les partage pas.
On peut aussi reconnaître la pénurie : il y a pénurie parce que le métier est difficile et mal payé, tout simplement.
Mais il est malhonnête et intellectuellement frauduleux de laisser entendre que la pénurie, dossier de nature économique, serait une raison suffisante pour ignorer ou escamoter le débat sur des principes fondamentaux.
Radicale
Évidemment, pas un mot dans ce « publireportage » sur la mentalité radicale de quelqu’un qui place sa religion au-dessus d’une loi démocratique.
Cet article n’est qu’un exemple de la tonalité générale de la couverture que fait Le Devoir sur cette question depuis le début.
Qu’on ne s’étonne pas ensuite que tant de lecteurs fidèles décrochent.