Oui, le catholicisme au Québec a généré une culture de la solidarité

Il a même contribué au rayonnement et au dynamisme du Canada français et du Québec.

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L’Église a porté la montée en force de la nation de 1840 à 1960. Depuis, c’est la pente descendante...


L’auteur a été député à la Chambre des communes et maire de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Diplômé en histoire, en science politique, en droit et en éthique publique, il est présentement inscrit à la majeure en science des religions à l’Université de Montréal.




Au cours des derniers jours, le rôle de l’Église catholique au Québec a fait débat. Est-ce que le catholicisme tel qu’il s’est institutionnellement incarné chez nous a engendré une culture de la solidarité ? Telle était la question. Ce qui m’a étonné dans ce débat, c’est le manque de nuance ; on était davantage dans la charge de cavalerie que dans le fleuret moucheté. Pour plusieurs analystes, l’histoire religieuse du Québec et son héritage catholique ne peuvent s’écrire qu’à l’encre noire.


Certes, il est incontestable que l’Église catholique au Québec, tant comme institution de pouvoir que comme structure d’encadrement, en maintes circonstances et dans plusieurs dossiers, a agi comme une force conservatrice mue par un passéisme aussi désolant que détestable. Pensons à son cléricalisme excessif, à sa dévalorisation du rôle des femmes, à son opposition au modernisme à travers sa condamnation du théâtre, de la danse et du cinéma, à son mépris des homosexuels, et au scandale des agressions sexuelles que le théologien Jean-Guy Nadeau a brillamment documenté.


Cependant, le catholicisme québécois tel qu’il s’est vécu dans notre coin de pays a aussi à son actif des éléments positifs qui ont contribué au rayonnement et au dynamisme du Canada français et du Québec. Il me semble que l’on peut lui en reconnaître quatre.


1. Après l’échec des rébellions de 1837-1838, l’Église devient le principal interlocuteur des autorités coloniales. Elle n’aura de cesse de défendre l’utilisation de la langue française et les droits politiques des Canadiens français, dont l’élite politique avait été décimée, pour reprendre l’expression de l’historien Éric Bédard.


2. Des milliers d’hommes et de femmes ont grossi les rangs du clergé et des congrégations religieuses. Ces personnes, dans des conditions souvent difficiles, se sont mises au service des enfants, des orphelins, des malades, incarnant le don de soi et la générosité : autant de caractéristiques d’une culture de la solidarité. Lucia Ferretti, historienne du catholicisme québécois, écrivait : « En 1931, le Québec compte 4300 prêtres, soit un 1 pour 576 fidèles et 1 religieux ou 1 religieuse pour 97 fidèles […] Au début de la crise, pas moins de 27 100 Québécoises sont des religieuses, contre 15 200 en 1911. »


3. L’Église catholique n’est pas la fondatrice du mouvement coopératif québécois, ce mérite revient à Alphonse Desjardins. Cependant, l’Église catholique d’ici en a fourni les cadres et les lieux par la mise à la disposition des curés des sous-sols des églises paroissiales pour soutenir cet important mouvement économique.


4. Nombreux ont été les analystes à relever que la solidarité n’a pas été l’apanage de la religion catholique et ils ont bien raison. Par contre, l’Église catholique du Québec a promu le catholicisme social et l’action catholique spécialisée au nom desquels des militants laïcs, animés par des valeurs chrétiennes, se sont investis dans des causes tels la sous-scolarisation, les logements insalubres, les bas salaires, etc. Ces militants étaient, entre autres, les Simonne Monnet-Chartrand, Claude Ryan, Gérard Pelletier, Hélène Pelletier-Baillargeon, Guy Rocher de ce monde.


En somme, l’Église québécoise a été un lieu de formation et d’engagement pour quantité de personnes qui ont entrepris de moderniser le Québec et d’en faire ce modèle de développement social unique et original en Amérique du Nord.


Si on veut débattre de la contribution de l’Église québécoise à une certaine culture de la solidarité, je propose que l’on ait présente à l’esprit cette phrase de Lucia Ferretti dont la sagesse et la véracité historique devraient nous éclairer : « Le peuple canadien-français s’est reconnu dans son Église, puisqu’il l’a nourrie de ses vocations, de son soutien financier, de sa participation à ses œuvres et de son acquiescement durable à faire d’elle un de ses principaux instruments de développement. »

 





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