1 million de 10 dollars fait 10 millions de dollars

Opération 1 million de Québécois pour l'indépendance

Chronique de Louis Lapointe

Nous avons assisté la fin de semaine dernière à un autre épisode de ce qu’il sera convenu de reconnaître comme la lente et lancinante destruction de ce que fut jadis le Parti Québécois. Les plus vieux militants se souviendront que, de tout temps, la base syndicale a souvent fait la différence entre des victoires et des défaites dans plusieurs comtés du Québec. Sans la participation de la FTQ à l’élection de 2007, les dommages qu’a subis le PQ auraient probablement été beaucoup plus importants encore. Ceux qui, comme moi, ont travaillé à cette élection savent que certains comtés ont été arrachés de justesse aux libéraux et à l’ADQ.
Je peux toutefois comprendre que l’aile droite du PQ puisse ne pas aimer le discours du SPQ libre, comme moi-même je n’aime pas celui de l’aile droite, celui des Marceau, Facal et Legault. Est-ce une raison pour les exclure ? Je ne crois pas.
Comme membre de ce parti, je n’ai pas non plus aimé l’épisode où Madame Marois a essayé de recruter Clément Gignac comme candidat du PQ, malgré le fait que ce dernier lui ait avoué ouvertement ne pas être un indépendantiste. Elle avait besoin de ses services pour renouveler la social-démocratie au sein du PQ, même s’il était un fédéraliste avoué. Comment, dans ces circonstances, le PQ peut-il exclure les militants les plus engagés pour la souveraineté et leur faire la leçon? Pour faire de la place aux fédéralistes et aux petits amis lucides qui partagent les nouvelles idées de droite du PQ? «Qui a trahi, trahira?»
Le même genre de préoccupation qu’a le PQ lorsqu’il part en campagne de souscription. Il faut éviter les sujets les moins populaires pour ne pas apeurer les généreux donateurs. Être de droite et éviter l’image du pur et dur prêt à déchirer sa chemise pour l’indépendance permet de ramasser plus d’argent auprès de ceux qui en ont beaucoup à investir dans le parti. L'objectif du PQ est-il d'amasser l'argent de riches fédéralistes ou de faire l'indépendance? Un sujet que j'ai abordé l'année dernière, à pareille date, juste avant le début de la campagne de souscription annuelle du PQ, dans Dehors les aristocrates, debout patriotes !.
Je ne sais pas quel esprit futé a pensé que le PQ pouvait gagner les prochaines élections sans la gauche et les syndicats, surtout quand on connaît l’importance historique de cette force sur le terrain pour ramasser l’argent des syndiqués et organiser des élections, car il faut du monde pour faire sortir le vote, les syndiqués le font bénévolement depuis des années dans de nombreux comtés. Une chose est certaine, parce qu'elle ignore ce fait, on constate que Pauline Marois est très mal conseillée et que cela n’augure rien de bon pour l'avenir du PQ.
***
Ce qui a fait historiquement la force de ce parti, ce sont tous ces petits 5 dollars qu’il récoltait. René Lévesque le disait, 1 million de Québécois qui donnent 5$, ça fait 5 millions$. C’était à la base de la Loi sur le financement des partis politiques, redonner confiance aux électeurs dans la démocratie. Le gouvernement élu sera redevable aux citoyens, pas au service des entreprises. L’indépendance se fera par le peuple et pour le peuple, elle ne sera pas l'otage des riches donateurs. C'est pour cela qu'il faut d’abord ramasser des 5$, des millions de 5$, pas des 3000$.
Mais voilà, le PQ ne fait plus la cour aux petits donateurs de 5 dollars depuis belle lurette, mais plutôt la chasse aux gros donateurs qui n’aiment pas la controverse et ces idées déplaisantes comme celle d’augmenter les impôts des millionnaires comme le rappelait un de mes fidèles lecteurs en commentaire à mon dernier billet. Ils n'aiment pas la gauche et les syndicalistes qui revendiquent plus de justice sociale, de meilleures conditions pour les travailleurs et des salaires plus élevés, ce qui fait baisser les profits des entrepreneurs. Il y en a même parmi ces derniers qui ne veulent rien savoir de l’indépendance du Québec, mais qui sont tout de même assez futés pour comprendre que si le vent tourne, ils seront les premiers à en profiter.
Tout le monde sait aussi qu’on ne nomme jamais un pavillon universitaire ou une salle d’opération dans un hôpital du nom d’un petit donateur de 5$, mais plutôt de celui du gros donateur. Parce que c’est le vote de ces petits donateurs qui va permettre de faire l’indépendance, celui de 4 millions de Québécois qui vont dire oui haut et fort, c’est leurs noms qui seront inscrits collectivement sur le monument à la gloire de l’indépendance, pas seulement ceux des quelques personnes d’affaires qui étaient plus intéressées à obtenir le contrat pour couler le béton du monument plutôt qu’à faire l’indépendance.
Pas besoin d’avoir un baccalauréat en administration pour comprendre que les discours de gauche, le RRQ et le SPQ libre ne sont pas très populaires dans ces soupers-bénéfices où on invite des gens d’affaires qui sont souvent des entrepreneurs à la recherche de gros contrats et qui viennent, dans la plupart des cas, porter leur prix de consolation au PQ, la part du lion étant allée au PLQ.
Si le PQ revenait à un peu plus d’orthodoxie, celle qui a marqué ses débuts et ses plus grands succès, à un objectif de 1 million de 10$, récoltant 10 millions de dollars, une opération qui pourrait s’appeler, 1 million de Québécois pour l'indépendance et qu’il demandait à nos amis du SPQ libre et du RRQ de se joindre au mouvement et de mobiliser leurs alliés pour ramasser tous ces petits 10$ qui feront des millions, profitant de cette campagne pour faire annuellement la promotion de la souveraineté, je suis sûr que ce genre d’initiative ferait avancer la cause assez rapidement et nous conduirait plus vite à l’indépendance. Un objectif crédible lorsque l'on sait que près de la moitié des Québécois souhaitent que le Québec devienne indépendant.
Une opération où tous les Québécois pourraient participer et où les milliers de dollars des gens d’affaires seraient noyés dans les millions$ des gens ordinaires ! Un projet de financement populaire tout aussi valable pour Québec Solidaire que le Parti indépendantiste.
Une belle occasion de marquer l'imaginaire collectif et de mobiliser les indépendantistes! Le parti qui réalisera cet objectif ralliera les forces vives du Québec et fera l'indépendance. Il sera le véhicule élu!

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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10 commentaires

  • Christian Montmarquette Répondre

    25 avril 2010

    Toujours heureux de vous lire Monsieur Lapointe.
    Je me range un peu du côté du Monsieur Turcotte, en me méfiant de remettre l'argent non seulement au PQ, mais à tout parti politique.
    Je crois de plus en plus que l'indépendance se devra d'être d'initiative populaire et citoyenne pour être unitaire, même se cela peut paraître quelque peu utopique ou désorganisé ; mais, je réfléchis beaucoup à cette idée actuellement.
    Il faudrait trouver le moyen de rendre «effectif» le «pouvoir citoyen» et le «pouvoir du peuple».
    Contrairement à Madame Moreno qui souhaite un tintamarre, je crois qu'il faut remplacer «l'agitation politique» par«l'action politique».
    Mais, selon ce que je vois actuellement, il semble définitivement se dégager une mouvance en ce sens.
    ______________________
    Christian Montmarquette
    Liens d'intérêt :
    «Un million de Québécois prêt à donner 10$ pour l'indépendance ?» :
    http://www.facebook.com/home.php#!/group.php?gid=377414827270&ref=ts
    «Requête citoyenne pour l'indépendance du Québec»
    http://www.facebook.com/edittopic.php?uid=109992679032714&action=8#!/group.php?gid=109992679032714&ref=mf

  • Patrick Herbelin Répondre

    18 mars 2010

    Bonjour,
    Le Mouvement Québec Renouveau, vient de s'inspirer de votre idée à laquelle nous réfléchissions également, avant de lire votre article.
    Nous venons de créer un groupe facebook pour cette opération d'envergure.
    http://www.facebook.com/group.php?gid=377414827270&v=info&edit_info=all#!/group.php?v=wall&gid=377414827270
    Rejoignez-nous nombreuses et nombreux, Monsieur Lapointe, vous êtes aussi invité

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    A Matane, monsieur Lapointe, le député très provincial a créé le club des 400 qui sont invités à donner chacun ...400.00$ .
    Et il a le culot de dire qu'il s'inspire de... RENÉ LÉVESQUE !
    J'ai une envie folle d'écrire des gros mots. Mais....je me retiens.
    Nestor Turcotte

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    Monsieur Lapointe,
    J’ai voté, à l’automne dernier, pour la première fois depuis 1995. Aujourd’hui, je reconnais ma faiblesse. J’étais en mal de démocratie, de liberté. J’ai flanché et me suis rendu aux urnes pour une élection partielle.
    Depuis, ma pensée s’est renforcée (ce qui signifie que ma pensée a compris qu’elle ne se possédait pas et que le fait de penser seul est une maladie qui se soigne).
    Je suis hautement politisé (quasiment électrifié !) mais le cirque politique ne me tente guère. Je préfère imaginer un monde juste (Eh oui ! Chacun a ses lubies !) et démocratique.
    Lorsque vous mentionnez « Comme membre de ce parti, je n’ai pas non plus aimé l’épisode où Madame Marois a essayé de recruter Clément Gignac comme candidat du PQ, malgré le fait que ce dernier lui ait avoué ouvertement ne pas être un indépendantiste ».
    On constate la putainerie récurrente des politiciens. Ce sont des êtres répugnants (mais comme l’écrivait Nietzsche, nécessaires), apatrides. Comment peuvent-ils alors prétendre défendre autrui, diriger une « patrie ». Je n’utilise le terme de patrie qu’avec dégoût car il véhicule une série de valeurs morbides pour le vivant.
    Madame Marois n’a jamais impressionné « ceux » qui pensent. Depuis la nuit des temps se poursuivent les inégalités. La dernière arnaque en lisse : L’État est le mécanisme du peuple ! Mais, quelle absurdité !
    Après avoir lu votre article, je me suis demandé ce qui motivait les gens à voter ?
    L’expression de leur médiocrité ? Le sentiment qu’il participe à la sacralisation du Roi ? Freud, dans Totem et tabou, explique très finement qu’on ne peut toucher le roi sous peine d’interdit !
    Voter est une façon de « frôler » le Roi, le Ministre, le Souverain ! Comment, après tant de siècles, n’a-t-on pas compris que c’est ce qu’il faut expliquer aux enfants ?
    La réponse est simple et Georges Bataille nous l’enseigne. Le sacré nous habite et nous ne voulons pas qu’il nous traverse, cela nous tuerait. Ainsi, le politique (une différence fondamentale s’exerce ici entre le féminin et le masculin 1) grec ancien, démocrate, assurait une permutabilité de ses citoyens, ce qui excluait cette horrible individualité dont nous faisons les frais à chaque instant de notre vie.
    Aujourd’hui, chacun exprime (éructe) son opinion. Je ne suis pas en accord avec vous sur l’affirmation nationale. Mais ce à quoi j’acquiesce, c’est le droit à l’expression. Comment ne pas écouter ceux qui sont sans voix (voie) ?
    Depuis quinze ans, je ne vote pas (sauf à l’automne dernier). Et personne ne s’interroge sur les raisons qui me poussent à me détourner de l’appareil électoral (ici, une longue digression pourrait nous inciter, vous, moi et vos lecteurs, à nous pencher, en lisant Michel Foucault, sur le concept d’« appareil », de mécanisme de pouvoir. Je n’emprunterai pas cette voie et renverrai vos lecteurs à la lecture de Foucault). Peut-être est-ce simplement parce que j’aime la vie et le débat, non le babillage. Et que l’arène politique demeure, malgré le fait que nous soyons au vingt-et-unième siècle, un lieu sanguinaire où n’a pas sa place la pensée et où pullulent les sophistes.
    Le jour où je sentirai véritablement que ma parole (cet élan sensible ou critique qui résonne dans les âmes et raisonne dans les esprits) vibrera en autrui et me renverra une réverbération autre, je me rendrai sur la place publique, dénudé de mes croyances et préjugés pour célébrer la bacchanale de la liberté.
    Merci tout de même d’écrire.
    André Meloche
    1 « Originellement le mot politikos, avant de signifier des modes de gérance et de gouvernance des biens publics renvoyait au vivre ensemble au sein de la cité, la “polis”. Ce sens du mot politique s’est perdu, malheureusement. C’est tout simplement devenu un mode de gestion des services et des biens qu’on estime être publics. Donc, l’agora n’est plus là. Qu’était ce vivre ensemble au sein de la cité ? C’était la coexistence de la multiplicité et de la diversité. Bien sûr, les Grecs avaient aussi leurs “Barbares” qu’ils renvoyaient hors des murs de la “polis”, mais il reste que l’agora était justement un espace de “négociation” de cette coexistence du divers. C’était le lieu de la prise de parole pour la négociation de cette diversité coexistentielle que formait la cité. Je pense que cela est malheureusement disparu du champ politique au sens restreint du terme, mais réapparaît dans le champ artistique. Je dirais même qu’il y a une dimension sociale au champ artistique; que l’on songe seulement aux grandes manifestations : festivals, symposiums, etc., qui font que les gens descendent dans la rue et participent – peut-être sur un plan festif plutôt qu’autre chose ». Références : Chaire de recherche en esthétique et poétique

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    Ça pourrait être le PI si au moins les meneurs indépendantiste à la «Landry» ou à la «Parizeau» pouvaient l’appuyer et mettre une croix sur le PQ... Sinon, une coalition des organismes et partis indépendantiste. ( tout en mettant une croix sur le PQ..)

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    Péquistes bien écoeurés des virages péquisto-confédéralistes, DE GRACE, ne donnez-plus un SEUL sous à ce parti qui a détourné, à des fins partisanes et électoralistes, le rêve d'une génération.
    Nestor Turcotrte

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    Sûrement beaucoup d'indépendantistes, comme moi d'ailleurs, attendent que le PQ parle sérieusement de faire l'indépendance du pays pour contribuer à la caisse. Bien entendu, il est primordial que le PQ prenne le pouvoir mais il ne doit pas cacher son option par peur de ne pas être élu. L'indépendance, il faut la faire ouvertement, par la grande porte et non en sourdine. Où on est convaincu que c'est la seule option pour assurer la pérennité de notre peuple et on en parle à haute voix ou on n'est pas convaincu et on n' en parle pas trop afin d'obtenir le pouvoir. Personnellement, que le PQ ait le pouvoir pour lui-même ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse, c'est que le PQ prenne le pouvoir pour conduire le peuple québécois vers sa pleine autonomie. Quand je sentirai que la grande bataille, la vraie bataille pour l'indépendance se prépare, je donnerai...et vite parce que ca presse et j'ai hâte de recommencer à donner.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    17 mars 2010

    "mobiliser leurs alliés pour ramasser tous ces petits 10$ qui feront des millions, profitant de cette campagne pour faire annuellement la promotion de la souveraineté..."
    La poule ou l'oeuf? Profiter de la collecte pour faire la promotion... ou l'inverse? Quand les gens auront rencontré un orateur compétent, dans une assemblée restreinte (de cuisine), qui leur aura donné confiance en ses moyens d'action pour réaliser le projet, il sera plus disposé à faire partie du chantier...
    Un exemple décevant: Le mouvement vert qui nous a collecté des 25 dollars pour arrêter le projet de la 25, avec l'argument que les avocats avaient une cause "béton" à plaider... On haït ben ça se sentir poisson! Quand le projet ne lève jamais!

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    Ça pourrait être le PI si au moins les meneurs indépendantiste à la Landry ou à la Pariseau pouvaient l'appuyer et mettre une croix sur le PQ...
    Sinon, une coalition des organismes et partis indépendantiste. ( tout en mettant une croix sur le PQ..)

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2010

    "Une belle occasion de marquer l’imaginaire collectif et de mobiliser les indépendantistes ! Le parti qui réalisera cet objectif ralliera les forces vives du Québec et fera l’indépendance. Il sera le véhicule élu !"
    J'y crois fermement. Quand une personne sort 10,00$ de sa poche et le met dans la cagnotte, elle participe, elle s'engage, elle dit oui à l'Indépendance, elle se sent "faisant partie du grand projet". De l'exaltant projet.
    Il y a nécessité d'agir.
    Quel est le parti rassembleur ? Et ça commence quand ?
    C'est tout simple ce que vous proposez si chacun regarde le but et non son nombril même s'il croit qu'il a le plus beau !