1968,1985,1987,1995...

L'abnégation

Et en 2011?

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?

C’est une belle notion que l’abnégation. C’est un beau sentiment. On le retrouve dans beaucoup de sphères de la vie et il est nécessaire et il grandit celui ou celle qui en fait preuve.
En politique, où les égos sont généralement petits comme tout le monde le sait, l’abnégation a aussi sa place, mais il est parfois long avant qu’on ne s’y résigne.
Le mouvement indépendantiste nous a fourni dans le passé quelques beaux exemples d’abnégation. Un des premiers en date, et certainement un des plus frappants, a été le sabordement du RIN sous l’égide de Pierre Bourgault en 1968. Bourgault a pris acte que René Lévesque pouvait mener le mouvement plus loin que lui et a décidé de lui laisser le champ libre.
Jacques Parizeau s’est rendu compte, au milieu de la campagne référendaire de 1995, que ses efforts ne rapportaient pas les résultats escomptés. Mettant de côté son orgueil, il s’est résolu à donner une plus grande place à Lucien Bouchard, dont les dons d’orateur surpassaient les siens. Même si je crois qu’on a exagéré l’influence de Bouchard sur la remontée du « oui » (le travail de terrain, en particulier le porte-à-porte, commençait aussi à porter fruits), ce geste de J. Parizeau a été positif et l’a honoré.
À un degré moindre, mais s’inscrivant dans la même logique, les démissions de René Lévesque, de P.-M. Johnson et d’André Boisclair sont le résultat d’une analyse lucide de la situation, qui a amené les intéressés à voir que le bien de la cause serait mieux servi par une démission que par de l’obstination à rester.
Il ne s’agit pas de juger si ces personnes avaient moins de qualités ou de valeur que celles qui leur ont succédé. L’opinion publique avait en quelque sorte tranché et, dans un geste d’humilité, ces leaders ont pris la décision de se retirer, cédant la place à quelqu’un qui semblait plus en mesure qu’eux de remplir efficacement la tâche.
À moins d’un an d’une possible élection, le Parti québécois est à une croisée de chemins. Ou il continue sa trajectoire actuelle et risque fort d’aboutir au précipice, ou il bifurque vers ce que les militants les plus réfléchis et l’électorat lui indiquent comme chemin. Il ne faudrait pas que la cheffe actuelle soit la dernière à se rendre compte qu’un changement s’impose.
Peut-être qu’une petite dose d’abnégation…


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