NMQ : le président claque la porte

Jocelyn Desjardins déplore les divisions au sein du mouvement indépendantiste

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L'huile sur le feu

Jocelyn Desjardins, le président du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ), qui s’était donné pour mission d’unir les mouvances souverainistes, a démissionné samedi, regrettant les divisions au sein de l’organisme qu’il a lui-même fondé, il y a deux ans.
«L’ingratitude et un mouvement aux mille tensions, incapable de se rebâtir sauf pour un peu de moments cosmétiques comme aujourd’hui, auront eu raison de ma volonté », a-t-il écrit sur sa page Facebook samedi. Sa décision a été prise à la suite d’une réunion du Conseil de la souveraineté du Québec (CSQ). L’organisme a pour mission de faire la promotion de la souveraineté, en réunissant des militants issus des partis politiques et de la société civile.
M. Desjardins a souhaité connaître le montant des dons effectués par les partis politiques au CSQ en 2012, a-t-il expliqué au Devoir. La question se pose, car l’argent que les partis donnent conditionne par la suite les décisions du CSQ, selon lui. Il affirme qu’il n’a eu aucune réponse de la part de Gilbert Paquette, le président du CSQ. M. Desjardins a alors demandé à sa délégation de quitter la réunion avec lui, en signe de protestation. Mais son équipe a refusé de le suivre et, face à « ce désaccord de fond trop important », il a décidé de quitter son poste.
Pression sur le CSQ?
De son côté, M. Paquette a expliqué, lors d’une entrevue téléphonique avec Le Devoir, que les dons des partis politiques à son organisme sont nécessaires et que les montants de ces contributions sont déjà connus. Ainsi, en 2012, le Parti québécois a donné 10 000 $ à son organisme, le Bloc québécois et Québec solidaire ont fait un don de 5000 $ chacun, et une « organisation syndicale » a contribué avec un don de 5000 $. Les partis devraient aussi contribuer financièrement pour l’année en cours, mais M. Paquette ne connaît pas les montants, étant donné qu’il n’y a eu encore aucun versement. M. Desjardins affirme aussi que les partis politiques, plus particulièrement le PQ, par l’intermédiaire de son président Raymond Archambault, ont fait pression sur le CSQ afin que l’organisme ne participe pas au Congrès sur la convergence nationale qui s’est tenu le mois dernier. M. Archambault rejette cette affirmation. « Quand la décision a été prise autour de la table du conseil d’administration du Conseil de la souveraineté, j’ai dit à M. Paquette : “je dois consulter mes instances”, c’est tout », a expliqué le président du PQ, en entrevue téléphonique au Devoir.
M. Paquette précise toutefois que les partis n’étaient pas enchantés à l’idée que le CSQ, qu’ils financent en partie, participe au Congrès. « Au début, quand les gens ont appris la démarche du Nouveau Mouvement pour le Québec pour le congrès, bien sûr, oui, il y a eu certaines réticences de certains représentants de partis politiques, […] ça n’a pas empêché le Conseil de la souveraineté d’appuyer le congrès de la convergence, ce qui démontre bien que le conseil de la souveraineté est indépendant des partis politiques, c’est un mouvement citoyen », dit M. Paquette.
Tout contrôler
M. Desjardins ne croit pas en la capacité de mobilisation du CSQ. « Les gens ne se réuniront pas derrière un organisme comme le Conseil de la souveraineté du Québec, oublions ça », explique-t-il. Quant à l’avenir du NMQ dont il était jusqu’à récemment le président, il n’est guère plus optimiste. « De tous les angles par lesquels j’ai essayé de m’y prendre, il n’y a rien qui fonctionne […] à un moment donné, tu te dis : “bon, je vais laisser la place à d’autres” », constate-t-il.
M. Desjardins souhaite diminuer l’influence des partis au sein des mouvements souverainistes comme le CSQ ou le NMQ afin de favoriser des espaces de discussion non partisans au sein de la société civile. « Les partis politiques indépendantistes essayent de tout contrôler à la base, ils sont partout : cégeps, universités », déplore-t-il. Mais le NMQ a toutefois fait savoir qu’il y avait eu d’importants progrès accomplis cette fin de semaine. Ainsi, il a été décidé samedi que les partis n’auraient plus le droit de vote au conseil d’administration du CSQ, et que le NMQ y aurait un siège.
Le NMQ a salué le travail de M. Desjardins, précisant par voie de communiqué que les enjeux soulevés par son départ sont « effectivement » importants.
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Primaires: Landry sera le président du consortium
Bernard Landry sera le « président » d’un « consortium » qui doit être mis en place par le Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) afin d’élaborer un plan pour la tenue de primaires indépendantistes dans certaines circonscriptions, a fait savoir Jocelyn Desjardins (notre photo). Le NMQ propose que les militants des différents partis puissent choisir un seul candidat souverainiste. Cette solution est difficilement applicable, dit le président du PQ, Raymond Archambault. « Ça veut dire une investiture à l’intérieur du Parti québécois pour déterminer qui sera le candidat du PQ […], et une fois qu’on aura déterminé qui remporte l’investiture, il faudra se présenter dans une deuxième investiture pour savoir qui est le candidat souverainiste dans telle ou telle circonscription », explique-t-il.
Lors d'une entrevue téléphonique avec Le Devoir, lundi, Bernard Landry a expliqué qu'il était prêt à remplir cette fonction et qu'il a été contacté par M. Desjardins à ce sujet. Toutefois, il souligne que le départ de M. Desjardins a créé des incertitudes au sujet de sa participation. Une réunion au sujet de la mise en place du groupe de travail sur la tenue d'éventuelles primaires indépendantistes doit avoir lieu cette semaine, mais M. Landry ne sait pas si l'ordre du jour restera le même ou si la réunion sera tenue, étant donné que M. Desjardins a démissionné. «Je suis un peu déçu de ce qui arrive et je vais maintenant évaluer la situation», dit-il. Il estime toutefois que les partis doivent s'entendre pour promouvoir la souveraineté. «Il y a un devoir de cohérence, et les partis doivent s'entendre», a-t-il expliqué.
M. Landry dit toutefois qu'il est normal que les partis politiques aident financièrement le CSQ, une idée à laquelle s'oppose M. Desjardins.


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