Il pleut sur Montréal ce mardi 8 mai au matin. L’autobus de la STM dans lequel je me trouve se fraie un chemin parmi les cônes orange, dans la partie en travaux de l’avenue du Parc. Une femme asiatique dans la trentaine attend le prochain arrêt, debout à la porte de sortie du milieu de l’autobus. Dans un français impeccable, le chauffeur d’origine maghrébine s’adresse à elle depuis son volant : « Cet arrêt est annulé pour la durée des travaux, Madame. Parce que je n’avais pas prévenu à l’avance, si vous le voulez, je peux vous faire descendre ici à l’avant. » La femme ne bronche pas. Le chauffeur répète un peu plus fort pour être sûr d’être entendu, mais la femme n’affiche toujours aucune réaction. Deux passagers s’empressent alors de tout traduire en anglais à la femme, qui se précipite aussitôt à l’avant où le chauffeur lui ouvre la porte. « Bonne journée », lui dit le souriant et cordial immigrant nord-africain.
Employé du secteur parapublic, l’homme en question est plus chanceux que nos 25 à 30 % d’immigrants maghrébins francotropes et scolarisés, mais au chômage parce que pas bilingues. Et dans l’autobus, sous ce ciel gris et pluvieux, les passagers anglophones affichent une mine contrariée, l’air de se dire, « mais comment diable la Société de transport de Montréal a-t-elle pu embaucher un chauffeur qui ne parle pas anglais ? » De leur côté, leurs copassagers francophones montrent un air circonspect, l’air de penser, « mais qu’attend donc cette femme pour apprendre un petit peu le français ? »
Christian Gagnon
Montréal, le 8 mai 2012
Microcosme montréalais
Tension linguistique - JJC trahit la nation!
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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005
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