Le contrôle d’internet est l’un des objectifs de la « Guerre de l’Information » dans laquelle Wikileaks/ Julian Assange joue un rôle prépondérant mais aussi dans la « fabrique de la contestation » ce qu’analyse avec justesse et clairvoyance Michel Chossudovsky dans « Who is Behind Wikileaks ».
Actuellement l’ONU fait l’objet de pressions de la part d’un certain nombre d’États membres pour créer en son sein un organisme pour « faire la police » sur internet. Ces pays évoquent les fuites de Wikileaks comme raison principale d’un contrôle plus strict d’internet.
La demande vise à la création d’un « groupe de travail » exclusivement constitué de responsables gouvernementaux qui discuteraient entre eux comment établir un consensus dans leur « politique publique internationale » pour internet. En d’autres termes, les gouvernements seraient amenés à décider de ce qui serait effectivement publié sur internet.
Alors... y a-t-il derrière tout le buzz médiatique des « fuites » de Wikileaks un plan visant à limiter la liberté de publication sur internet ? Le Pentagone a déjà qualifié Assange de « cyber-terroriste » ; on parle de poursuites contre lui aux USA pour « espionnage ».
Alors... des « fuites » orchestrées sur internet pour justifier plus de contrôle et, à long terme, le monopole des médias de masse complices sur tous les contenus internet, de surcroît devenus payants ?
Dans un article publié le 13/12/2010 sur Global Research intitulé « Who is Behind Wikileaks »— Qui est Derrière Wikileaks ? —Michel Chossudovsky fournit des informations clés sur cette organisation et en conclusion donne un avis clairvoyant sur ce processus de « fuites ».
Ci-dessous traduction du paragraphe « Manufacturing Dissent ».
… « Fabrique de la Contestation »Wikileaks présente les caractéristiques essentielles d’un processus de « contestation fabriquée ». Il cherche à exposer les mensonges du gouvernement. Il a publié d’importantes informations sur les crimes de guerre US. Mais une fois que le projet a été intégré dans le moule du journalisme de masse il est utilisé comme un instrument médiatique de désinformation.
« C’est dans l’intérêt des élites et des multinationales d’accepter la contestation et les protestations comme un élément du système tant qu’elles ne menacent pas l’ordre social établi. L’objectif n’est pas d'interdire toute forme de contestation, mais au contraire de la façonner et de la modeler afin d'en établir les limites. Pour maintenir leur légitimité, les élites favorisent une opposition limitée sous des formes contrôlées… Cependant pour être efficace le processus de la "fabrique de la contestation" doit être prudemment régulé et contrôlé par ceux-là même qui sont visés par le "mouvement de protestation" »
Voir Michel Chossudovsky "Manufacturing Dissent": the Anti-globalization Movement is Funded by the Corporate Elites, September 2010
Ce que l’examen de ce projet Wikileaks suggère aussi, c’est que les mécanismes de la propagande du Nouvel Ordre Mondial sont devenus de plus en plus sophistiqués, surtout en ce qui concerne son agenda militaire.
Désormais, ils ne reposent plus sur une suppression directe des faits concernant les crimes de guerre des US-OTAN. Ils ne nécessitent plus, non plus, que les responsables gouvernementaux aux échelons les plus élevés, comme la secrétaire d’État, soient protégés ; ils peuvent être remplacés. Les politiciens du Nouvel Ordre Mondial sont d’une certaine façon « jetables » : on peut les remplacer. Ce qui doit être protégé et soutenu ce sont les intérêts des élites économiques qui contrôlent l’appareil politique dans les coulisses.
Dans le cas de Wikileaks, les faits se trouvent dans une banque de données ; un grand nombre de ces faits, particulièrement ceux concernant les gouvernements étrangers, servent les intérêts de la politique étrangère US. D’autres faits ont tendance, d’un autre côté, à discréditer l’administration US. En ce qui concerne les informations financières, la publication de données concernant une banque en particulier, à l’instigation de Wikileaks, par une institution financière rivale, pourrait être potentiellement utilisée pour déclencher l’effondrement ou la banqueroute d’une institution financière ciblée.
Tous les faits-wiki sont sélectivement expurgés, puis ils sont "analysés" et "interprétés" par des médias qui sont au service des élites économiques.
Alors que les nombreuses informations contenues dans la banque de données Wikileaks sont accessibles à tous, le public dans son ensemble ne prendra pas la peine de les consulter. Il se contentera de lire les informations qui auront été sélectionnées et interprétées par les principaux organes de presse.
Ce qui est présenté dans le spectacle est une vision partiale et biaisée. La version éditée et interprétée par les médias officiels est acceptée par l’opinion publique parce qu'elle provient d'une source généralement considérée comme « fiable » ; alors qu’en fait, ce qui nous est livré est une distorsion soigneusement élaborée et compliquée de la vérité.
Des formes limitées de débat critique et de « transparence » sont tolérées, tandis qu’il s’agit de faire accepter par le public dans son ensemble la politique étrangère des USA, et en particulier leur « guerre contre le terrorisme ». Pour ce qui est d’une grande partie du mouvement anti-guerre US, cette stratégie semble avoir réussi : « nous sommes contre la guerre mais nous soutenons la guerre contre le terrorisme » !
Cela signifie que la vérité dans les médias ne peut exister qu’à condition de démanteler l’appareil de propagande -- i.e. Casser la légitimité des médias de masse, qui soutiennent les vastes intérêts des élites et les plans militaires mondiaux de l’Amérique.
À notre tour nous devons nous assurer que la campagne contre Wikileaks aux US, se servant de la loi sur l’Espionnage de 1917, ne sera pas utilisée comme moyen de mener une campagne pour contrôler l’internet. C’est pour cela que nous devons aussi rester fermes pour empêcher les poursuites judiciaires contre Julian Assange aux Etats Unis.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé