Le nouveau chef du Parti québécois Jean-François Lisée a dévoilé vendredi la composition de l'équipe parlementaire qui l'épaulera face au gouvernement libéral de Philippe Couillard, un exercice délicat dans la foulée d'une course à la direction qui a donné lieu à son lot d'échanges acerbes.
Deux des députés qui ont pris le parti de l'appuyer dans les dernières semaines de la course, Pascal Bérubé et Carole Poirier, héritent de fonctions-clés.
Le premier devient leader parlementaire à l'Assemblée nationale, une fonction dans laquelle il sera épaulé par Sylvain Rochon; la seconde sera la whip du parti. Mme Poirier sera aussi porte-parole en matière d'immigration et de communautés culturelles.
Alexandre Cloutier, qui a terminé deuxième dans la course, conserve les fonctions de porte-parole du parti en matière d'éducation qu'il occupait avant le lancement de la course. Il avait fait de l'éducation le thème-clé de sa campagne. Il portera aussi le dossier des affaires autochtones.
Martine Ouellet, troisième de cette course, au cours de laquelle elle a eu de nombreux accrochages avec son nouveau chef, se voit attribuer les dossiers de la culture et de l'économie numérique. Elle continuera en outre à défendre la position du parti dans le dossier d'Uber.
Les questions liées à la politique énergétique du Québec, aux transports et à l'électrification du transport, qui constituaient des éléments importants de sa campagne, échoient toutefois à Alain Therrien, un autre député qui a donné son appui à M. Lisée dans la course à la direction.
Sylvain Gaudreault, qui a agi comme chef intérimaire pendant la course, défendra pour sa part le dossier du développement régional, de l'environnement et de la lutte contre les changements climatiques.
Mathieu Traversy, qui a aussi appuyé Jean-François Lisée lors de la course, devient responsable de l'organisation du parti.
Plusieurs députés récupèrent des fonctions qu'ils ont déjà occupées, dont Nicolas Marceau (finances), Agnès Maltais (laïcité), Stéphane Bergeron (sécurité publique), et Diane Lamarre (santé).
M. Lisée a aussi décidé de laisser les députés élire eux-mêmes le président du caucus. Dans un communiqué, il dit s'être rangé à cette « excellente suggestion de [son] ami Alexandre » Cloutier. Ce scrutin aura lieu mercredi prochain.
En arrivant au caucus de son parti vendredi matin, M. Lisée a déclaré aux journalistes qu'il croyait avoir « trouvé des bonnes combinaisons pour faire en sorte que l'équipe [parlementaire du PQ] soit encore plus forte, plus dynamique, face à un gouvernement dont les jours sont comptés. »
Trouver une « zone de confort » sur les questions identitaires
M. Lisée a par ailleurs indiqué que les positions qu'il a défendues sur la laïcité et les valeurs identitaires au cours de la campagne sont les seules qu'il entend « rééquilibrer » au cours des prochaines semaines.
Comme candidat à la direction du Parti québécois, j'ai fait des propositions fortes auxquelles je tiens. Maintenant que je suis le chef du Parti québécois, je dois rassembler et je suis ouvert à la discussion.
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il entend reconsidérer son approche, il a répondu : « parce que c'est celle qui est la plus sensible, celle sur laquelle il est essentiel d'avoir une zone de confort [...] plus grande ».
M. Lisée a nié qu'il s'agisse là d'une trahison des membres du parti qui ont voté pour lui. « Il n'est pas question de ça. Je pense que ça va être essentiellement ça, mais je leur demande un peu de patience », a-t-il dit.
« Je vais discuter avec Alexandre, avec Maka, avec Agnès, avec tous ceux qui ont des positions fortes là-dessus. Maintenant, je suis le chef, évidemment, et c'est sur la base de mes propositions qu'on va discuter, mais ce ne sera pas éloigné de ce que j'ai dit ».
Mes propositions, elles sont là, elles sont faites. Maintenant, est-ce qu'il est possible à partir de ces propositions de créer une zone de confort où chacun est à l'aise? C'est la question que je vais poser.
Lors de sa campagne, M. Lisée a notamment défendu les idées suivantes :
- demander au Vérificateur général du Québec de se prononcer sur le seuil d'immigration optimal sur le niveau d'investissement supplémentaire permettant la réussite de leur intégration. Il a clairement laissé entendre qu'avec les ressources actuelles, le seuil d'immigration en vigueur est trop élevé;
- interdire, comme le proposait le rapport Bouchard-Taylor, le port de signes religieux par les agents de l'État qui ont un pouvoir de contrainte - juges, policiers, gardiens de prison;
- ouvrir une discussion sur le port de ces mêmes signes religieux dans les services de garde et les écoles primaires et sur le port du voile intégral dans l'espace public;
- que l'État québécois exprime clairement sa « nette préférence » pour un devoir de réserve général de ses autres salariés.
M. Lisée a cependant clairement établi que le parti conservera la position référendaire qu'il a défendue pendant la campagne : engagement à ne pas tenir de référendum dans un premier mandat d'un gouvernement péquiste et aucune dépense publique pour faire la promotion de l'indépendance.
« On a une question claire qui a été posée aux membres, et ils ont choisi la position que j'ai défendue, donc ça va être celle-là », a-t-il assuré.
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