Le débat sur la Charte pose la question du pouvoir des religions sur des droits fondamentaux comme l’égalité pour les femmes, l’éducation et le travail exercés dans la sphère publique.
Les religions se ressemblent et organisent leurs préceptes et les comportements admis pour garder les femmes sous le joug masculin. Elles ont valorisé le rôle exclusif de la mère au foyer agissant au service de… Pensons au contrôle des prêtres sur nos mères.
Peut-on qualifier pour autant le crucifix de signe religieux à la même symbolique que le voile ? Non ! Le crucifix, symbole de l’histoire de la chrétienté, interpelle autant les hommes que les femmes, qu’on y croie ou pas. Le voile, symbole de l’histoire des femmes, toutes religions confondues, fait référence à la domination des hommes sur la vie des femmes. Il rappelle que, sans le voile, les femmes sont objet de désir. Il n’interpelle que les femmes. Sinon, on verrait des hommes voilés.
Pourquoi l’interdire dans le service public ? Pour poursuivre la séparation des Églises et de l’État. Ni comportements, ni opinions ou engagements commandés par le religieux ou le politique ne seront admis. Un devoir de réserve défini par une politique publique qui va encadrer autant la liberté de religion que la liberté de conscience tout en délimitant le domaine privé de celui du service public. Une politique publique vise à modifier des comportements et à redresser des torts. En interdisant les signes religieux, l’État envoie un message d’égalité de services dans la fonction publique et prend parti pour les usagers.
S’agissant du droit à l’éducation, l’école est un lieu d’apprentissages qui exigent l’exemplarité. Les enseignantes servent de modèles. Or, une personne n’est pas désincarnée. Elle est le produit de son éducation et de sa programmation sociale. Elle fait passer dans ses enseignements ses croyances, sa vérité sur le bien et le mal et sa façon d’agir en société. Elle a une influence certaine sur l’édification de la conscience des jeunes. Elle peut nuire ou aider ; elle peut détruire ou construire. À ce titre, la laïcité constitue la meilleure protection contre des comportements abusifs. Pour éviter l’endoctrinement, l’État s’assure que les enseignements seront expurgés de comportements ou discours religieux. Certes, même sans un signe, une personne peut faire valoir ses croyances. Sauf que le signe, quand il est visible, légitime la personne en autorité de faire passer ses messages.
Le droit à l’émancipation des femmes traverse ce débat. Au Québec, il a été acquis de haute lutte. La montée des fondamentalismes religieux le menace. […] Les luttes féministes ont toujours suscité la controverse […]. J’ai souvent lu des leaders utiliser leurs tribunes pour défendre le statu quo. J’en ai pour preuve l’équité salariale où, malgré une loi, nombre d’employeurs nient encore la discrimination. […]
Il est juste de dire, comme la Commission des droits, que « la Charte québécoise […] garantit le droit à l’égalité entre les hommes et les femmes depuis 1975 ». Elle a oublié d’écrire que cette protection est aussi garantie dans plusieurs outils internationaux. Et puis ? Les viols, les crimes d’honneurs, les violences sexuelles, les refus de scolarisation des filles sont-ils moins nombreux ? L’égalité de droit n’est pas l’égalité de fait.
Quant au travail pouvant être compromis en cas d’interdiction du voile, nos lois et réglementations sont façonnées selon la culture occidentale. La Loi sur l’équité salariale en est un bel exemple. Lorsqu’il fallait faire appliquer la loi, il arrivait que des femmes nous demandent de ne pas intervenir pour éviter la colère des employeurs, du mari et la perte d’emploi. Il en est ainsi des Normes minimales et d’autres lois du travail. Devrions-nous ne pas les faire appliquer ? Pour ces raisons, une Charte de la laïcité est justifiée au Québec dans le respect de la liberté de religion, dans la sphère privée.
Libre opinion - Égalité et laïcité: même engagement
Rosette Côté
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