Claude Bariteau, Natacha Gagné, Stéphane Harrisson, Jacques Lamothe,
Marcel Lefebvre, Guy LeSieur, Pierre Pilon, Jean-Pierre Roy,
_ Membres du CA du RIQ
Aux élections de juin 2003, le Rassemblement pour l'indépendance du Québec (RIQ), en révélant que la plate-forme électorale du Parti québécois (PQ) était confédéraliste, a signalé que les indépendantistes étaient orphelins de parti.
À cette élection, plus de 500,000 Québécois et Québécoises ont préféré rester chez eux et le PQ s'est retrouvé dans l'opposition avec 33,2 % des votes exprimés.
Ces derniers jours, le nouveau chef du PQ a pris ses distances à l'endroit du programme du PQ de 2005. Pour lui, plus question de présenter les avantages économiques d'un Québec indépendant, de mettre au point un projet de constitution et d'identifier les étapes à franchir vers l'indépendance du peuple québécois. Ces propos ont intrigué autant les dirigeants du Parti libéral du Québec (PLQ) que de nombreux indépendantistes.
Chez ces derniers, plusieurs y ont vu la constante tentation péquiste d'abandonner l'essentiel, le projet de pays, pour gérer la province et attendre la conjoncture idéale que leur livreront les fédéralistes alors que ces derniers, dans les faits, font tout, avec l'appui d'une majorité de médias, pour freiner la marche du peuple québécois.
D'autres ont pu constater que ce parti, prétendument porteur de l'indépendance du Québec depuis plus de 35 ans, est dirigé par des gens incapables de mobiliser des indépendantistes pour préciser ces dossiers, ce qui les a consternés.
Certains ont perçu là un geste de prudence inspiré des arguments de Jacques Parizeau sur les dérives contenues dans le programme péquiste de 2005 : précision du moment de la tenue du référendum, élaboration détaillée d'une constitution, et cetera. Pour eux, cette prudence annoncerait que le chef du PQ déploiera une plate-forme électorale analogue à celle de 1994.
On peut aussi penser qu'avec ces propos André Boisclair voulait déstabiliser les fédéralistes, ses adversaires, qui l'attendent de pieds fermes. C'est de bonne guerre à ce stade-ci et ça semble avoir porté fruit.
Pour le RIQ, c'est même la seule lecture intéressante. La première lecture est une réplique de l'approche déployée en 2003 par Bernard Landry. L'activer conduira aux mêmes résultats. La deuxième lecture fait passer les dirigeants de ce parti pour une bande d'amateurs incapables de mettre à jour des dossiers bien rodés. Ça ne fait pas sérieux. Quant à la troisième, y recourir, c'est exposer indûment le peuple québécois en tenant un troisième référendum et faire abstraction du fait que le Canada a changé les règles du jeu avec sa loi sur la clarté.
Ce dernier point est important. Pour le RIQ, indépendamment de la loi sur la clarté qui en contraint le déroulement, il faut mettre de côté la tenue d'un référendum pour deux raisons majeures. La première est l'obligation, pour un peuple qui recourt à ce moyen, d'avoir un accord sur trois points fondamentaux avec le pays dont il entend se détacher : 1) le respect des règles qu'il a établies; 2) la présence d'observateurs mandatés par des organismes internationaux reconnus par les Nations unies; 3) un arbitrage par ces derniers en cas de litige. Or, il n'y a pas de tel accord. La deuxième est la conséquence qu'entraînerait un troisième revers référendaire, soit la transformation de la nation politique québécoise en une nation minorisée, ce que valoriseraient les forces opposées à l'indépendance du Québec.
Voilà pourquoi les membres du CA du RIQ prônent le recours à la voie électorale avec une plate-forme dont la priorité est de faire le pays si les électeurs appuient majoritairement (50 % + 1) les candidats et les partis qui s'engagent de la sorte. Cette approche, fort simple, nécessite un pacte entre les indépendantistes, notamment entre des partis susceptibles d'appuyer l'indépendance du Québec, pacte dans lequel serait défini le contenu qu'ils privilégient.
[->www.clic.net/~lefebvre/site.html] En mai 2006, une assemblée citoyenne tenue sous l'égide du RIQ s'est manifestée très réceptive à [l'idée d'un pacte->www.clic.net/~lefebvre/site.html]. Si les partis indépendantistes la reprennent, ce sera la fin des tergiversations et le début des choses sérieuses, celles qui mobilisent un peuple.
On ne fait pas un pays à cause d'une conjoncture, avec des artifices susceptibles de la provoquer ou en attendant des conditions favorables. On le fait parce que des hommes et des femmes s'y engagent et se battent dans le respect des règles démocratiques qui existent. Les conditions favorables, ce sont ces femmes et ces hommes mobilisés et c'est leur bataille qui provoque les conjonctures. Inverser le tout, c'est astreindre le peuple aux intérêts des dirigeants politiques plutôt que de favoriser l'expression des intérêts supérieurs du peuple.
Opter pour la voie électorale à double majorité, c'est choisir l'action. Cela implique d'activer maintenant les dossiers en tenant compte des remarques de Jacques Parizeau et de travailler immédiatement à l'élaboration d'un pacte. Si le chef du PQ rejette tout ça et met de l'avant une approche analogue à celle de Bernard Landry en 2003 ou à celle de Jacques Parizeau en 1994, il augmentera ses chances de frapper un mur aux prochaines élections.
Le peuple québécois n'est pas dupe. Toute approche qui consolidera son statut de nation minoritaire va à l'encontre de ses intérêts. Aussi, celle que mettra de l'avant le chef du PQ sera analysée sous cet angle. Si André Boisclair s'engage à répéter des stratégies passées, nous alerterons les indépendantistes des dangers qu'ils courent et affirmerons qu'il est des plus urgent de créer un parti qui met constamment de l'avant l'idée de faire le pays avec ceux et celles qui veulent l'édifier.
Les propos d'André Boisclair sous la loupe du RIQ
RIQ - Rassemblement pour l'indépendance du Québec
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
19 octobre 2006Je viens de lire votre article sur Vigile. Il m'apparaît que vous êtes très patients, même trop patients quant à moi et de nombreux Québécois. Même si dans la circonscripion où j'habite, Crémazie en l'occurrence, une candidate renommée veut devenir députée du Parti Québécois, pour la 1ère fois depuis l'arrivée du RIN en 1966 et du Parti Québécois un peu plus tard, mon épouse et moi, songeons fortement à accorder nos votes, à tout indépendantiste autre que Mme Lise Lapointe, puisque le parti de Boisclair ne répond plus à notre idéal. Dans ce sens, même un indépendant se présentant sous le vocable «d'indépendantiste» sera assuré de recevoir notre vote. S'il arrive que ce candidat ou cette candidate est élu, nous en serons très heureux, puisque nous croyons que c'est à partir d'une défaite que le Parti Québécois pourra se remettre au travail en fonction de notre idéal, ou qu'il cèdera la place à un parti politique dont le «seul objectif» sera de faire l'indépendance,en administrant le pays sous la philosophie sociale-démocrate,radicale quant à moi,en attendant que notre pays accède à l'indépendance. Dans ce sens, avec plusieurs indépendantistes, je souhaite que naisse un vrai parti capable de véhiculer notre idéal, en dehors des structures d'un «bon gouvernement» «sic» imprégné du besoin de ne pas déplaire à nos ennemis, ce que fait le Parti Québécois depuis 1976, sous l'influence morbide d'un certain Claude Morin et la complaisance d'un Premier ministre trop anglophile pour réaliser l'indépendance de notre pays.Comme me l'écrivait un grand indépendantiste toujours vivant ayant lu un article assez radical merci,que j'écrivais dans l'Action Indépendantiste du Québec, seul le radicalisme permettra à notre pays de devenir indépendant.Retenons que Québec solidaire (pas plus que les partis de la gauche à la sauce paul Cliche) ne correspond pas au genre de parti pour lequel nous voterons, ce parti faisant passer sa philosophie avant l'indépendance que nous recherchons et que nous souhaitons voir naître dans les délais les plus brefs.