Les tribulations frauduleuses de nombreux acteurs entourant la construction du Centre de santé de l’Université Mcgill (CSUM) nous font oublier à quel point ce projet exhibe un échec patent du concept de partenariats public-privé (PPP). À ce sujet, il est frappant de constater le contraste entre la morosité actuelle et ce qui prévalait au Québec au début des années 2000.
De fait, l’exportation au Québec du concept britannique des partenariats public-privé (PPP) avait engendré, il y a une dizaine d’année, un enthousiasme délirant au sein de la classe politique et médiatique.
Plusieurs mécanismes d’auto-promotion avaient alors opéré afin de préparer favorablement l’opinion publique à la venue de cette nouvelle façon de faire. Pourtant, personne n’était alors capable de faire une démonstration convaincante des vertus des PPP.
Par exemple, personne n’était alors en mesure d’expliquer comment un partenaire privée, empruntant à des taux systématiquement plus élevés qu’un gouvernement, pouvait développer et financer une infrastructure de qualité égale à un meilleur coût que le secteur public.
De même, personne n’avait réussi de façon convaincante à nous exposer comment le jeu de la concurrence pouvait réellement jouer alors que l’ampleur de nombreux projets de PPP font en sorte que ceux-ci ne peuvent être réalisés que par une poignée de consortium.
Peu importe, en vertu d’une véritable profession de foi, il nous fallait alors croire le message et ce, malgré les nombreux problèmes rencontrés ailleurs. Pire, ceux qui osaient s’aventurer à critiquer cette méthode, le mouvement syndical en tête, se faisaient taxer de tous les noms : réfractaires au changement ; champion du statu quo ; dinosaures corporatistes et j’en passe.
Or, une dizaine d’années plus tard, devant l’échec de l’Agence des PPP, du scandale de l’Îlôt Voyageur de l’UQAM, de la fraude incommensurable du Centre de santé de l’Université Mcgill (CSUM), des problèmes réccurents du CHUM, des nouveaux CHSLD, force est de constater que ces problèmes originent des fondements mêmes des PPP et que bon nombre des critiques exposées alors étaient fondées.
Outre la navrante caricature du patronage érigé en système au Québec depuis trop longtemps, ce triste épisode illustre trois réflexes navrants de plusieurs de nos élites politiques et médiatiques :
Premièrement, tout ce qui vient de l’extérieur du Québec, particulièrement du monde anglo-saxon, reçoit un à priori favorable.
Deuxièmement, un certain fétichisme du secteur privé s’est infiltré au sein du discours public au point de rendre impossible le début d’une critique du caractère intrinsèque de son efficience comparative.
Finalement, dans bien des dossiers, l’attrait des nouvelles tendances semblent nous empêcher, collectivement, de prendre le temps d’en faire des analyses raisonnées.
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