BUDGET 2014-2015

Les moyens manquent

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Pas facile de composer avec les dégâts causés par neuf ans de gouvernement Charest

Le deuxième budget du ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, est celui d’un funambule dont le fil d’acier risque de rompre avant la fin du voyage. Ni électoraliste ni franchement austère, il repose sur des hypothèses très optimistes et ne comporte aucune marge de prudence.
Ceux qui s’attendaient à une distribution de bonbons à la veille des élections ont été déçus. Le budget 2014-2015 du ministre Marceau ne contient aucune réduction de taxe ou d’impôt. Au contraire, il avertit les parents de jeunes enfants qu’ils devront payer un dollar de plus par jour pour une place en CPE dès septembre prochain, et deux l’année suivante.

On aura beau dire qu’il était grandement temps que l’on mette fin au gel de ces tarifs compte tenu de la croissance des coûts du réseau, il faut admettre que le gouvernement prend un risque en faisant une telle annonce à la veille d’une campagne électorale qui s’annonce corsée.

Ce budget ne sera pas adopté avant les élections, mais il fournit une indication de l’orientation que prendra ce gouvernement s’il est réélu. Or, cette orientation en est une d’austérité qui refuse de dire son nom. Une austérité que l’on pourrait qualifier de modérée parce qu’elle n’attaque de front aucun programme spécifique du modèle québécois, mais qui fera tout de même très mal partout dans l’appareil d’État. À tel point qu’on peut douter du réalisme d’une approche aussi mur à mur, pendant aussi longtemps.

Peut-on sérieusement croire que le gouvernement réussira à contenir la croissance des dépenses en santé sous la barre du milliard de dollars l’an prochain (3 %) alors qu’elles ont augmenté de 1,6 milliard (5,1 %) cette année ?

Certes, pour réussir l’exploit, le gouvernement se promet d’étaler sur une plus longue période les augmentations astronomiques concédées aux médecins par les libéraux. De même, il entend économiser en réformant le mode de financement des établissements. Mais rien de cela ne se fera rapidement, encore moins facilement…

Entre-temps, le réseau de la santé subira une fois de plus un stress considérable. Prétendre qu’il n’y aura pas de réduction de services, ce serait mentir comme un arracheur de dents.

Ce deuxième budget Marceau ne comporte aucune réserve de prudence pour 2014-2015. Rappelons que pour l’année en cours, ni les 400 millions de réserve inscrits au premier budget ni même l’augmentation imprévue de 2,4 milliards des transferts fédéraux n’ont suffi pour atteindre la cible du déficit zéro qui s’est plutôt transformé en un trou de 2,5 milliards! Un tel écart dans les prévisions est aussi ahurissant qu’inacceptable en dehors des périodes de crise économique.

Afin d’avoir un portrait plus réaliste de ce qui nous attend au cours des prochaines décennies, le gouvernement s’engage à produire dès l’an prochain, s’il est réélu, des prévisions budgétaires à très long terme comme cela se fait déjà à Ottawa. Voilà qui permettra de savoir si le Québec fait face à des déficits budgétaires de nature conjoncturelle ou structurelle, comme certains l’affirment. Dans la même veine, on nous promet une évaluation systématique de tous les programmes publics d’ici cinq ans, un exercice essentiel qui est devenu urgent.

À quelques semaines d’une campagne électorale qui s’annonce très dure, le gouvernement du Parti québécois tente de prouver qu’il est capable de rigueur sans austérité. Soyons francs : dans l’état actuel des finances publiques du Québec, l’un peut difficilement aller sans l’autre.


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