Bien que toujours en fort mauvais état, le marché immobilier américain semble en voie de se stabiliser, laissant entrevoir la possibilité qu'on puisse bientôt y toucher le fond, à défaut de pouvoir espérer amorcer une remontée tout de suite.
Les ventes de maisons neuves aux États-Unis ont connu, le mois dernier, leur plus forte baisse mensuelle en plus d'un an, a rapporté hier le département du Commerce américain. Ces ventes ont reculé de 7,1 % par rapport à février et se sont élevées à un taux annualisé et désaisonnalisé de seulement 328 000 unités. C'était moins que la moitié du rythme de 700 000 ventes par année que devrait avoir un marché américain en santé selon les analystes.
D'un autre côté, le parc de maisons neuves invendues est tombé à seulement 144 000 en mars, a précisé le ministère. Ce total n'avait pas été aussi bas depuis que l'on a commencé à tenir ces statistiques au début des années 1960. Le prix médian d'une maison neuve aux États-Unis s'élevait en mars à 234 500 $, soit 1 % de moins qu'en février.
Des prix toujours en berne
Le prix des logements a, par ailleurs, diminué en mars pour un sixième mois consécutif dans la plupart des grandes villes du pays, à en croire l'indice S & P/Case-Shiller. Des baisses de prix ont été observées dans 16 des 20 centres urbains analysés. Les réductions les plus prononcées ont été vues à Atlanta, Chicago et Cleveland, alors que Phoenix, San Diego et Miami ont été témoins d'augmentations et que Dallas n'a pas bougé.
Ces nouvelles baisses ont peut-être été, en partie, le fruit d'un temps plus clément le mois d'avant, ce qui aurait amené des ménages à devancer leurs achats. Elles s'ajoutent néanmoins à toutes les autres qui sont venues avant et qui ont ramené l'indice national à son niveau de la fin de 2002.
Le prix des logements, selon ce même indice S & P/Case-Shiller, est aujourd'hui 35 % inférieur à ce qu'il était avant l'éclatement de la bulle immobilière américaine, il y a six ans, et la crise financière et économique qui a suivi. Dans certains endroits, comme Las Vegas et Atlanta, on est retourné aussi loin qu'en 1996.
Pas de rebond de notre vivant
Le marché immobilier a été, de tout temps, un puissant moteur de croissance économique et les Américains attendent avec impatience des signes de son réveil. Selon plusieurs observateurs, les dernières statistiques semblent indiquer un ralentissement de sa chute, et peut-être même une certaine stabilisation. On se prend même à rêver, dans les régions qui se remettent le plus vite, du possible début d'un rebond.
Les taux d'intérêt extraordinairement bas et la reprise du marché de l'emploi contribueront au raffermissement du secteur au cours des prochains mois, a noté hier Sal Guatieri, économiste à la BMO. Aujourd'hui, « il suffit de 12 % du revenu familial médian brut pour financer l'achat d'une maison typique, près de la moitié de ce qui se faisait normalement, a-t-il observé. En fait, dans de nombreuses régions, il en coûte moins cher d'être propriétaire que d'être locataire. »
Selon lui, la tentation se fera de plus en plus forte pour les Américains de se porter acquéreur d'une maison, surtout pour tous ces jeunes de moins de 35 ans qui ont été contraints par le contexte économique à rester chez papa et maman plus longtemps qu'ils ne l'auraient voulu. L'impact de leur entrée sur le marché ne se fera toutefois pas sentir tout de suite en raison des quelque 3 millions de saisies immobilières qu'il resterait encore à faire et qui ne manqueront pas de peser sur le marché.
L'un des pères de l'indice S & P/Case-Shiller se montre plus pessimiste encore. La mollesse de la reprise de l'emploi, la flambée du prix de l'essence et le pessimisme des consommateurs continueront longtemps de peser plus lourd que les faibles taux d'intérêt, a déclaré hier l'économiste de l'Université Yale, Robert Shiller. « Je crains fort qu'il n'y ait pas de grand redressement de notre vivant. »
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Avec l'Associated Press et Reuters
Immobilier
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