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Les enseignants composent quotidiennement avec la diversité religieuse des élèves ou de leurs parents

«Vous n’êtes qu’une femme...», a lancé un père à la directrice d’une école

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Voilà pourquoi il nous faut une Charte de la laïcité avec des balises claires

Isabelle Maher
Les enseignants composent quotidiennement avec la diversité religieuse des élèves ou de leurs parents. Encore divisés sur la question, ils seront directement touchés par l’application d’une charte des valeurs québécoises.
«Vous n’êtes qu’une femme, voilà pourquoi ça ne marche pas dans votre école madame.»
Cette phrase a été lancée devant quelques témoins par le père d’un élève de confession musulmane à la directrice d’une école. L’anecdote est rapportée par une enseignante qui, comme plusieurs, doit parfois composer avec ce genre de commentaires.
«Dans ce temps-là on se dit: Oups! On part de loin», raconte l’enseignante d’une école secondaire de la Rive-Sud de Montréal.
«Le père d’un élève m’a déjà dit que parce que je suis une femme, je ne sais pas trop ce que je fais, poursuit-elle. Je lui ai répondu qu’ici, les hommes et les femmes sont égaux et que pour le bien de son fils, nous devrions collaborer. Mais habituellement, ce genre d’explication, ça ne donne rien», confie l’enseignante de 42 ans qui, pour protéger son élève, souhaite garder l’anonymat.
Savoir s’adapter
Marcel Proulx enseigne au primaire dans une classe d’enfants atteints d’un trouble envahissant du développement (TED). Sur sept de ses élèves, cinq sont de confession musulmane. Lors des fêtes de Noël, Pâques et l’Halloween, il s’adapte.
«Les parents ne m’envoient pas de déguisement, c’est à moi de le faire. On célèbre ces fêtes-là discrètement. À la cabane à sucre, je dois m’assurer que certains ne mangent pas de porc. À la longue, on finit par éliminer ces activités-là», constate-t-il.
Ce qui dérange le jeune enseignant, c’est plutôt lorsqu’une urgence se présente.
«Un jour, un enfant était malade dans ma classe, il vomissait, il était vert. Lorsque j’ai téléphoné à la maison, la mère qui a pour consigne de ne pas répondre au téléphone et de ne pas adresser la parole à un homme n’a pu venir chercher son enfant, explique-t-il. J’ai dû attendre que le père rentre du travail pour que quelqu’un s’occupe de l’enfant. C’est bête, la mère était disponible», fait valoir monsieur Proulx.
Pour Michel Bouthot qui enseigne le français et l’espagnol à l’école secondaire Gérard-Filion, la diversité religieuse en milieu scolaire se traduit par un agenda parfois compliqué à gérer.
«Je dois planifier mes jours d’examens en fonction des fêtes religieuses et en tenant compte que durant le ramadan, certains de mes élèves sont plus fatigués», explique-t-il.
La clientèle de M. Bouthot, des étudiants de 16 à 18 ans qui doivent compléter leur secondaire, a des demandes qui représentent pour lui un surplus de travail, confie-t-il.
«Si j’avais 25 élèves, de 25 religions différentes, il faudrait que je donne 25 cours», résume l’enseignant.
894 demandes pour la CSDM
Toutes les demandes en lien avec la diversité religieuse ne sont pas uniquement gérées par les enseignants. Selon les dernières données disponibles à la CSDM, au cours de l’année scolaire 2006-2007, 145 directions d’établissements ont indiqué avoir eu à traiter des situations reliées aux différences culturelles.
En tout, 894 demandes ont été adressées aux directions d’école. Dans 62% des cas, ces demandes provenaient des parents et environ 30% ont été refusées.
La Commission scolaire de Montréal se prépare à publier des statistiques plus récentes afin d’offrir un portrait à jour des demandes d’accommodements en milieu scolaire.


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