L'économie québécoise dépend encore beaucoup trop de celle des États-Unis, qui est en crise.
Il serait donc prudent d'élargir nos horizons et d'aller voir de quoi le reste du monde a l'air.
Ce seul objectif légitime la présence de délégations et de bureaux du Québec dans quelque 25 villes clés du monde.
Mais voilà : ces antennes stratégiques servent souvent à caser des amis du régime dont le rendement n'est pas toujours à la hauteur et dont le mandat se termine parfois dans la controverse. Ça vient d'être le cas pour le délégué général à New York, Bruno Fortier, tombé en disgrâce et rappelé d'urgence à la maison.
[Le quotidien montréalais The Gazette n'allait pas rater si belle occasion->12593]. Avec son habituel et désolant manque de sensibilité au fait québécois, le quotidien réclamait en éditorial, le 22 mars, de sabrer dans ce réseau de bureaux, voire de l'abolir, le qualifiant de "rêves de grandeur coûteux".
Remettons d'abord en perspective les coûts de ces "rêves de grandeur".
Le budget annuel de l'ensemble de ce réseau international s'établit à 44 millions de dollars. C'est moins de deux millièmes de celui du ministère de la Santé et des Services sociaux, et à peine deux fois plus que ce qui est prévu pour implanter un réseau Internet haute vitesse dans les régions rurales du Québec. Pour le même prix, des gens s'affairent partout dans le monde à attirer des investisseurs au Québec et à aider des entrepreneurs québécois à exporter sur de nouveaux marchés. Y parviennent-ils ?
La concurrence est féroce, et le moindre projet d'investissement international suscite la convoitise d'autres États. Quand même : lorsque le développeur britannique de jeux vidéo Eidos a annoncé à l'hiver 2007 son intention d'implanter un studio à Montréal, on s'est frotté les mains à la Délégation générale du Québec à Londres. Le représentant londonien d'Investissement Québec a pu dire "mission accomplie".
Où logent les gens d'Investissement Québec dans le monde ? Dans les locaux des délégations et des bureaux du Québec. Aujourd'hui, Eidos compte déjà 120 employés au Québec et y poursuit son expansion.
De même, les PME québécoises qui prospectent à l'étranger utilisent souvent ces antennes comme points de chute, ce qui leur permet, par exemple, d'interviewer des candidats dans un cadre approprié. Et le personnel en place offre un service de dépannage en tout genre, au moins pour les conseils de départ.
Est-ce superflu ? Sûrement pas. À moins que l'on soutienne, comme The Gazette, que les ambassades et consulats canadiens peuvent bien faire le travail ou, au pire, abriter chez eux les fonctionnaires des provinces.
L'ennui, c'est que tout le monde mange alors à la même table et partage les mêmes secrets, ce qui n'aide pas les démarcheurs d'une province à se démarquer. Dans ce domaine, charité bien ordonnée commence par soi-même.
Ce qui ne règle pas la question des délégués nommés pour leurs accointances politiques et qui viennent faire dérailler tout ce beau raisonnement. Sur ce point, The Gazette a bien raison.Oui, les délégations servent encore trop souvent de refuge pour les généreux donateurs du parti au pouvoir. Elles sont alors dirigées par des ahuris plutôt que par des soldats aguerris.
Avec les maigres moyens dont il dispose, le Québec devrait se faire un point d'honneur de miser sur des gens qualifiés et expérimentés. Il en existe. Mais toute une culture politique basée sur la récompense pour services rendus vient pourrir le système.
Mais on ne devrait pas sortir le bazooka pour régler une question d'intendance. Une représentation distincte pour une société distincte ? Pourquoi pas, si cela sert nos intérêts ?
Les délégations du Québec, imparfaites mais essentielles
Le Québec économique
René Vézina5 articles
Observateur et commentateur privilégié de l’économie québécoise depuis plus de 20 ans, René Vézina fait le point sur un monde en évolution constante. Il jette un regard critique sur les événements et les vulgarise pour faire ressortir les enjeux cachés.
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