Après la série de livres-jeux Où est Charlie ?, qui consistait à trouver dans chaque dessin un souriant petit personnage récurrent, habillé d’une marinière à rayures rouges et blanches, voici venir le jeu, pacifique, du Montre ta croix, et c’est tant mieux.
Rappelons les faits : à l’issue d’une controverse qui durait depuis dix ans, « le Conseil d’État a rendu sa décision mercredi sur la croix installée au-dessus d’une statue du pape Jean-Paul II dans la ville de Ploërmel, en Bretagne. “Dès lors que la croix constitue un signe ou un emblème religieux au sens de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 et que son installation par la commune n’entre dans aucune des exceptions ménagées par cet article, sa présence dans un emplacement public est contraire à cette loi” »(Le Point).
Il faut tout de même admettre que c’eût été étrange d’ériger une statue du pape défunt sans croix, un peu comme réaliser le portrait d’un roi de France en tenue d’apparat sans fleur de lys !
L’affaire aurait pu en rester là mais, après avoir bu la coupe de l’anticléricalisme jusqu’à la lie, et agacés par la laïcité intégriste à géométrie variable – les prières de rue et les mosquées-cathédrales poussant çà et là sur notre territoire n’indisposant visiblement pas autant qu’une croix –, un certain nombre de catholiques ont décidé de prendre le taureau par les cornes en lançant le hashtag suivant sur Twitter : #MontreTaCroix.
Résultat : « Le phénomène mobilise des milliers d’internautes depuis mercredi, et prend de l’ampleur depuis vendredi soir. Tous partagent des photos de croix religieuses, héritages de l’histoire française, disséminées un peu partout dans l’hexagone » (Le Parisien). Et pas seulement sur Twitter puisque l’on voit aussi fleurir abondamment des photos de croix sur Facebook.
Évidemment, les Décodeurs du Monde, censeurs autoproclamés de l’information, se sont empressés de contredire les affirmations des uns et des autres, bien entendu tous défenseurs des croix disséminées sur notre territoire et qui sont la marque tangible d’une Histoire tout de même assez chrétienne.
Doxa multiculturelle oblige, les Décodeurs se sont aussi faits les défenseurs des ouailles musulmanes, visiblement bien plus mal loties que les catholiques – opposant artificiellement les 2.200 mosquées aux 42.000 églises présentes sur le sol français –, oubliant de préciser que ces dernières étaient là depuis un petit bout de temps.
Cependant, lorsque ces mêmes Décodeurs affirment que la construction d’édifices « dépend de financements privés », ajoutant benoîtement qu’un minaret « est une composante du lieu de culte », ils mentent par omission car l’État aide au financement des espaces culturels musulmans, la plupart du temps accolés à des mosquées. Sans parler des terrains souvent vendus à vil prix par les municipalités en vue de la construction d’une mosquée.
Au lieu de voir la croix dans l’œil du voisin, certains seraient donc mieux inspirés de voir le croissant dans le leur !
