Les anglos inquiets

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La défaite libérale fait paniquer les Anglais du Québec


Depuis l’élection du gouvernement Legault, les représentants des anglophones du Québec s’inquiètent.


Les libéraux ont été au pouvoir pendant longtemps et « la communauté était habituée à un certain style de gouvernement », a confié au Devoir Christopher Skeete, responsable caquiste des relations avec les Québécois d’expression anglaise.


Soyons plus crus : ce n’est pas d’un « style », mais bien d’une « situation » que les anglophones s’ennuient : être au gouvernement, comme sous Charest et Couillard.


Malgré cela, remarquez, les anglophones n’étaient pas toujours heureux. Les tentatives du ministre de l’Éducation François Blais d’éliminer les élections scolaires, l’appui des libéraux à la motion de 2017 contre le « Bonjour-Hi », l’exode de nombreux jeunes anglophones : tout cela faisait que... « Couillard inquiétait les anglophones » (pour pasticher un titre du Devoir de samedi).


Offensive de charme


Même qu’à un certain moment, le chef libéral s’est mis à craindre la désaffection des électeurs anglos (comme en 1976 et en 1989). Il a donc ressuscité l’idée de créer un « Secrétariat aux relations avec les Québécois d’expression anglaise ». « Votre voix est au gouvernement », répétait-il.


En parallèle, François Legault tentait lui aussi de charmer les anglophones. Leur rappelant que la menace d’un référendum était disparue, qu’une nouvelle ère s’ouvrait, il s’écriait en mai 2018 : « Free yourself! Join the team for change! »


Les Anglos étaient donc ouvertement courtisés par les deux plus importants partis. Même le PQ a tenté de leur plaire : Jean-François Lisée a imposé un débat des chefs en anglais !


Symétrie trompeuse


Malgré tous ces efforts, malgré les discours rassurants de Legault, les représentants anglophones reprennent ces jours-ci le discours de l’inquiétude, voire de la victimisation minoritaire. C’est (presque) de bonne guerre. Les procureurs d’une communauté en mettent souvent « plus que le client en demande ».


Mais sérieusement, ils devraient être plus responsables. Les anglophones québécois forment une minorité très particulière, représentant au Québec une langue massivement dominante non seulement dans ce dominion et dans ce continent, mais dans le monde entier.


« Même si la Loi sur les langues officielles traite les minorités francophones à l’extérieur du Québec et les Anglo-Québécois de façon symétrique, la menace sur leurs intérêts et leurs droits est loin d’être similaire », écrivaient très justement trois universitaires dans Le Devoir.


Or dans un tweet récent, Geoffrey Chambers, président du « Quebec Community Groups Network », semble vouloir reprendre la rhétorique irresponsable de l’ère où ses prédécesseurs associaient systématiquement la loi 101 aux lois nazies.


Selon M. Chambers, l’adoption, par l’Assemblée nationale, le 7 juin, d’une autre motion pour critiquer le « Bonjour-Hi » n’était rien de moins qu’une « trahison », notamment de la part des élus libéraux Birnbaum et Maccarone.


Du calme ! Le français a besoin d’un coup de main au Québec et principalement à Montréal. Dire « Bonjour », simplement, uniquement, c’est tout bonnement accepter ce fait.


Tous les Québécois, qu’ils soient francophones ou d’expression anglaise, ont intérêt à ce que le français soit aidé ici. 42 ans de loi 101 l’ont bien démontré.