Leadership et roublardise

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Les conservateurs sont inquiets






Le chef conservateur, Stephen Harper, joue la carte du leadership.  Il se présente comme étant le seul qui peut tenir la barre dans un contexte d’incertitude économique et d’inquiétude quant à la sécurité. Mais il a déjà franchi la ligne qui sépare leadership et roublardise.


 


Il parle de « Justin » et « Mulcair » pour dénigrer l’un et l’autre de ses adversaires de façon différente. Infantiliser le premier, déshumaniser le second. 


 


Il répand ses jugements à l’emporte-pièce. La campagne n’a que trois jours et Stephen Harper a déjà dit, que le premier budget du gouvernement néo-démocrate de l’Alberta était un «
désastre »; que le caucus des députés du NPD  était le plus «
inefficace » de « toute l’histoire politique » canadienne.


 


En référence à la première ministre libérale de l’Ontario, il a
déclaré : « Un haut fonctionnaire m’a dit quand j’ai pris le pouvoir que j’aurai mes meilleures relations avec ceux qui font du bon travail dans leur propre juridiction ».


 


Il a même évoqué le spectre
d'Athènes : « Si on commence à adopter des politiques comme en Grèce, des politiques de dépenses sans contrôle, de grands déficits, de hausses de taxes et des impôts, comme proposés par les libéraux et le NPD, on va avoir une récession permanente ici. »


 


Cette attitude semble déjà vouloir caractériser la campagne conservatrice. Kory
Teneycke, porte-parole de la campagne du Parti conservateur a versé dans la bêtise en référence à Justin Trudeau et au premier débat : « Je crois, a-t-il dit, que s’il monte sur le plateau avec ses pantalons, il aura déjà surpassé nos attentes. »


 


Le leadership en politique est une notion subtile qui peut avoir de nombreux attributs. L’expérience, le charisme, la capacité d’écoute, la capacité de rassembler, la capacité d’incarner une nouvelle réalité. Clinton, Mulroney, Reagan, Bourassa, Lévesque, Trudeau père, Chrétien... Tous ces leaders auxquels nous pouvons penser et qui ont marqué l’histoire avaient des qualités différentes. Ils ont su à un moment précis de l’histoire capturer l’esprit du temps pour mériter l’appui et la confiance de leurs concitoyens. Certains étaient lettrés, certains étaient autoritaires, certains étaient charmeurs. 


 


Que la campagne du gouvernement sortant se soit amorcée sur un ton si vinaigré laisse supposer que les conservateurs sont inquiets et qu’ils veulent rapidement marquer l’opinion. Le dénigrement n’est pas synonyme de leadership. Il évoque plutôt son exact contraire, soit la crainte.


 


On peut aussi voir dans ces manières une forme de contamination du débat public par les réseaux sociaux où l’insulte sévit au point de devenir l’ordinaire. Mais les chefs politiques ont précisément cette responsabilité d’incarner le respect et la bienséance. Si les réseaux sociaux sont une arène où tous les coups sont permis, l’avant-scène du débat doit être occupée par des hommes et des femmes capables d'élégance. 


 



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