Le Québec n’est pas redevenu Libéral

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Un électorat Québécois divisé, volatile et imprévisible au fédéral






Les résultats du Parti libéral fédéral au Québec ont dépassé les attentes. Faut-il en conclure que le Québec est désormais solidement aligné derrière le parti de Justin Trudeau? Non. L’électorat québécois reste très divisé et ses attaches partisanes au fédéral éminemment friables.




L’interminable campagne fédérale est maintenant derrière nous. La victoire libérale qu’on voyait poindre dans la semaine qui a précédé le vote a finalement dépassé bien des prévisions. J’en sais quelque chose.








Il serait téméraire de conclure dès maintenant qu’on a devant nous une hégémonie libérale durable








Les libéraux ont mené une bonne campagne et leur programme plus audacieux que celui du NPD leur a permis de s’emparer du titre de parti du changement aux yeux d’un électorat déterminé à se débarrasser de Stephen Harper.




Plusieurs des éléments de ce programme misaient juste, notamment la promesse d’assouplir la politique fiscale pour stimuler une économie chancelante, sans parler de la perspective de mettre fin au style de gouverne hermétique et paranoïaque des années Harper.




Le Québec revenu au bercail libéral ?




Les Québécois ont reconnu le mérite de ces propositions et ils ont perçu, comme les autres Canadiens, que le Parti libéral offrait la meilleure chance de mettre Harper à la porte. De là à conclure qu’ils sont rentrés au bercail plus de trente ans après la fin de l’hégémonie des libéraux fédéraux au Québec, il n’y a qu’un pas, que certains n’hésitent pas à franchir. C’est un peu vite en affaires.




D’abord, si impressionnants qu’ils soient, les gains libéraux restent inférieurs à ceux qu’avait obtenus le NPD en 2011 et qu’il n’a pas pu conserver. S’il a fallu attendre quatre ans pour conclure que l’appui du NPD au Québec n’a pas passé l’épreuve du temps, la prudence élémentaire recommande de soumettre l’appui libéral au même test.




Il est aussi intéressant de noter que la proportion du vote québécois obtenu par les libéraux lundi dernier, 36 %, correspond à peu près au meilleur score qu’ils ont obtenu dans tous les sondages depuis mai 2011. Du côté du NPD, les 20 % obtenus lundi correspondent au plancher de ses appuis pour la même période, alors que leur plafond dépassait les 43 % obtenus en 2011.




Un électorat divisé et volatil




Les appuis au NPD et au PLC au Québec ont varié considérablement entre les deux dernières élections, alors que ceux des bloquistes et des conservateurs sont restés plutôt stables, mais la seule constante a été la volatilité de l’électorat québécois au fédéral. Alors que le Parti libéral entame un mandat où il connaîtra sa part de confrontation avec le Québec, il serait étonnant que ses appuis restent figés au beau fixe.




En somme, si on tient compte des deux dernières élections et de l’ensemble des données d’intentions de vote dans l’intervalle, deux conclusions s’imposent qui mettent en doute l’hypothèse d’une nouvelle hégémonie.




D’abord, l’électorat québécois au fédéral reste profondément divisé entre quatre blocs d’électeurs assez concentrés régionalement pour leur procurer un minimum de sièges. Ensuite, une large portion de l’électorat demeure, jusqu’à preuve du contraire, volatile et imprévisible.




Par conséquent, il serait téméraire de conclure dès maintenant qu’on a devant nous une hégémonie libérale durable.




Le vrai test commence. Il faudra laisser le temps au temps.



 



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Pierre Martin50 articles

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Pierre Martin est professeur titulaire au Département de science politique de l’Université de Montréal et directeur de la Chaire d’études politiques et économiques américaines (CÉPÉA). Il est également membre du Groupe d’étude et de recherche sur la sécurité internationale (GERSI)





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