Les Canadiens ont remué la carte électorale de manière sans précédent lundi soir en mettant abruptement fin au règne des conservateurs de Stephen Harper, au pouvoir depuis 2006, et en installant aux commandes du gouvernement le Parti libéral du Canada de Justin Trudeau, qui avait été réduit à un rôle marginal au Parlement au scrutin de 2011.
Au terme d'un marathon électoral de 78 jours, Justin Trudeau devient ainsi le 23e premier ministre du Canada 31 ans après que son père, Pierre Elliott Trudeau, qui a dirigé le pays pendant près de 15 ans, eut quitté le 24, promenade Sussex, et fait un trait sur une longue carrière politique mouvementée.
Pour l'instant, le Parti libéral a remporté ou est en avance dans 174 circonscriptions contre 94 au Parti conservateur tandis que le NPD, qui entretenait jusqu'à tout récemment l'espoir de former le premier gouvernement social-démocrate de l'histoire du pays, doit se contenter de 22 sièges. Le chiffre magique pour former un gouvernement majoritaire est de 170 sièges.
Pour sa part, le Bloc québécois, qui visait au moins 12 sièges afin d'obtenir un parti reconnu à la Chambre des communes, est en avance dans 10 circonscriptions.
La vague orange au Québec, qui avait caractérisé le scrutin de 2011 alors que le NPD avait remporté 59 sièges, est donc en voie d'être remplacée par une vague rouge.
En effet, les libéraux de Justin Trudeau sont en avance dans 49 des 78 circonscriptions que compte la province à la Chambre des communes tandis que le Parti conservateur est bon deuxième avec 10 sièges. Le NPD est, lui, en avance dans 7 circonscriptions.
Alors que les conservateurs disaient avoir confiance d'être reconduits au pouvoir en formant un gouvernement minoritaire au début de la campagne, le scrutin est finalement devenu un référendum sur le règne de Stephen Harper.
Durant la soirée, des ministres conservateurs tels que Jason Kenney ont d'ailleurs admis que l'usure du pouvoir avait sans doute été un facteur déterminant durant cette bataille électorale. Stephen Harper, qui est devenu premier ministre en janvier 2006, sollicitait un quatrième mandat de suite.
La victoire du Parti libéral est d'autant plus spectaculaire qu'il ne comptait que 36 sièges au moment du déclenchement des élections et était le troisième parti en importance à la Chambre des communes derrière le NPD, qui formait l'opposition officielle depuis 2011. Aucune formation politique n'avait réussi un tel bond prodigieux dans les intentions de vote pour reprendre le pouvoir après 10 ans de purgatoire sur les banquettes de l'opposition.
Dès la fermeture des bureaux dans les provinces atlantiques, le Parti libéral a fait le plein de votes en rayant de la carte électorale le Parti conservateur et le NPD. Les libéraux ont remporté tous les 32 sièges de cette région, donnant ainsi le ton à cette soirée électorale.
Des ministres du gouvernement Harper tels que Bernard Valcourt (Affaires autocthones) au Nouveau-Brunswick et Gail Shea (Pêches et Océans) de l'Île-du-Prince-Edouard ont ainsi mordu la poussière. Dans les rangs néo-démocrates, des piliers du parti tels que Megan Leslie (Halifax), Peter Stoffer (Sackville-Eastern Shore) et Jack Harris (Saint-Jean, Terre-Neuve), sont tombés au combat.
Après une campagne éreintante de 78 jours, Justin Trudeau aura un menu chargé au cours des prochaines semaines. Il devra d'abord former un conseil des ministres en puisant dans le bassin de candidats vedettes qui ont été aux quatre coins du pays. Dans son programme électoral, M. Trudeau a promis de nommer un nombre égal d'hommes et de femmes au sein de son premier cabinet.
Ensuite, le nouveau gouvernement libéral devra présenter un discours du Trône pour lancer les travaux parlementaires. En principe, la Chambre des communes doit reprendre ses travaux à la mi-novembre.
Au cours de la campagne, M. Trudeau a laissé entendre qu'un gouvernement libéral pourrait déposer rapidement un nouveau budget afin de mettre en oeuvre certaines de ses engagements importants, notamment la baisse du fardeau fiscal pour les contribuables de la classe moyenne et de nouveaux investissements pour les infrastructures.
M. Trudeau devra aussi décider s'il participera à tous les sommets internationaux qui sont prévus d'ici la fin de l'année. Un sommet du G20 est prévu en novembre à Ankara, en Turquie. Le sommet des pays membres du Commonwealth doit aussi avoir lieu le mois prochain dans les Maldives. Et à la mi-décembre, M. Trudeau participera au sommet sur les changements climatiques qui doit avoir lieu Paris. M. Trudeau s'est engagé à inviter les premiers ministres des provinces à l'accompagner à cette importante rencontre environnementale.
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