La sale affaire : qui veut la tête de la bâtonnière?

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Les questions qui tuent






S’agit-il d’une vengeance, d’un règlement de compte, de chantage, d’une lutte de pouvoir? Chose certaine, la querelle qui se joue à la tête du Barreau n’a rien à voir avec la saine administration de la justice. C’est une lutte à finir entre gens peu scrupuleux qui n’hésitent pas à discréditer un pivot de notre système juridique pour arriver à leurs fins. 


 



 


Les bizarreries de ce dossier sont nombreuses et les intentions des uns et des autres sont nébuleuses.


 


Le 22 mai dernier, le
Barreau annonçait les résultats de ses élections 2015. Me Lu Chan Kuong  était alors élue bâtonnière avec 63 % des voix lors du tout premier scrutin électronique de son histoire. Cette noble association aurait dû poursuivre son chemin dans la bonne entente.


 


Le grenouillage a éclaté au grand jour le 1er juillet, lorsque La Presse révélait que la bâtonnière avait fait l’objet d’une
plainte pour vol à l’étalage dans un magasin de Laval en avril 2014. Me Khuong a plaidé la distraction de bonne foi. Le dossier, transmis au Directeur des poursuites criminelles et pénales, a été déjudiciarisé en juin 2014. Autrement dit, du point de vue juridique, il n’existe plus, sauf dans un registre confidentiel temporaire.


 


Le lendemain, le conseil d’administration du Barreau décidait de
suspendre la bâtonnière. Qu’est-ce que c’est que ce cirque? Ce sont des gens de loi. Ils suspendent précipitamment une personne légitimement élue et accusée de rien, pour une faute qui juridiquement n’existe pas, et agissant de la sorte, ils foulent aux pieds le premier principe de notre justice, soit la présomption d’innocence. 


 


Après le cirque, le délire. Le 10 juillet, La Presse commanditait un
sondage CROP sur le dossier; 53,5 % des répondants étaient d’avis que la bâtonnière devait démissionner. Mais que vaut ce sondage? Quelle sorte d’avis peut bien avoir le grand public sur une querelle qui se déroule entre les quatre murs de la communauté juridique? On aurait demandé aux gens si la bâtonnière vendait ses bâtons trop chers et on aurait eu une réponse aussi valable. Ce sondage était une fumisterie.


 


Mais ce n'était pas terminé. Du cirque, au délire, on passait à la manoeuvre subversive. Le 15 août, La Presse dévoilait la
déclaration assermentée de Me Khuong qui n’aurait jamais dû être rendue publique puisqu’elle référait à un dossier qui, juridiquement, n’existe pas.


 


Pourquoi La Presse (et Le Soleil) se fait l’instrument de personnes qui agissent au mépris des lois pour faire tomber la bâtonnière ternissant ainsi la réputation du Barreau? Qui fait couler des documents qui auraient dû rester confidentiels en vertu de la Loi? Cette personne, qui sera tôt ou tard identifiée, joue sa carrière. Mais au bénéfice de qui?


 


Qui donc est prêt à tout pour faire tomber Me Khuong? À quel jeu joue La Presse dans cette opération de sape? Est-ce Me Khuong personnellement qui est visée ou, par extension, son conjoint et ancien ministre de la Justice, Marc Bellemare, celui-là même dont le conflit ouvert avec Jean Charest avait conduit à la Commission Bastarache sur le processus de nomination des juges?


 


L’affaire n’est pas banale et elle met la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, dans une situation très embarrassante. Elle devra forcément intervenir, mais de quelle manière? La démocratie repose sur la séparation des pouvoirs. Quand l’exécutif doit se mêler du juridique, on est vraiment dans une situation empoisonnée.


 



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