S'il y a un secteur où le Québec devrait faire sa niche, c'est bien celui de la mobilité électrique. On retrouve ici de l'hydroélectricité en abondance, un savoir-faire reconnu et nombre d'entreprises oeuvrant dans l'industrie.
Mais la province, hélas, a longtemps dormi sur la «switch», laissant à d'autres le soin d'innover dans un secteur où elle a déjà été précurseur, il y a 20 ans. L'idée de développer une filière industrielle en transport électrique, telle que formulée lundi dans la politique économique du gouvernement Marois, est donc fort à propos. À condition, bien sûr, d'éviter quelques écueils...
Une chose est sûre, peu importe sous quel angle on regarde la chose, elle se justifie: relance du manufacturier, atteinte des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, sécurité énergétique, utilisation des surplus d'électricité, amélioration de la balance commerciale, électrification des transports collectifs, etc.
Autant d'objectifs qu'une grappe industrielle peut viser, possiblement atteindre grâce à des bases déjà édifiées au Québec. Il se fabrique ici non seulement des autobus, des trains et des métros, mais aussi des batteries et des composantes pour véhicules électriques. Un consortium privé tente même de construire un bus électrique 100% québécois.
La question n'est donc pas de savoir si cette grappe est une bonne idée, ou si le gouvernement devrait y investir, mais plutôt quels seront le rôle de l'État et les limites de son intervention.
Pour l'instant, les intentions sont plutôt floues. La section sur l'électrification des transports de la politique économique fait davantage penser à un fourre-tout d'idées qu'à l'embryon d'une stratégie réfléchie. Il faudra donc juger des détails lorsqu'ils seront dévoilés. Mais déjà, on voit poindre des obstacles...
On crée l'Institut du transport électrique, on «renforce» les activités du Pôle d'excellence de l'industrie du transport terrestre, on élargit le mandat du regroupement «Inno-VÉ», on mise sur le «leadership» de l'IREQ... sans trop que l'on comprenne qui fera quoi et comment ce maillage fera naître une féconde émulation.
Aussi, le gouvernement entend développer la filière pétrole afin de réduire la dépendance énergétique de la province, mais il n'est toujours pas clair comment cela sera conciliable avec une réduction de la consommation d'hydrocarbures. Ce qu'implique pourtant l'électrification des transports.
Enfin, on mise sur ce fameux projet de monorail suspendu entre Montréal et Rimouski, une chimère que poursuivent étonnamment bien des souverainistes. Or l'énergie et les fonds qui serviront à développer la filière seront mieux investis dans des projets réalistes et réalisables, comme cette ligne de trolleybus sur Saint-Michel, le prolongement de la ligne bleue, voire le système léger sur rail du pont Champlain.
Cela dit, les pays qui constituent les principaux pôles de conception et de fabrication d'équipements de transport ont pour la plupart déjà pris le virage électrique. Il était temps que le Québec pèse sur l'accélérateur.
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