Le projet Énergie Saguenay de GNL Québec, que l’on croyait mort et enterré, suscite encore l’intérêt du gouvernement sortant. En coulisses, le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon garde la porte ouverte, a appris Radio-Canada.
Selon nos informations, le gouvernement caquiste a récemment laissé savoir à Ottawa qu’il était toujours ouvert à la réalisation du projet.
Des approches informelles, menées par le cabinet du ministre québécois de l’Économie Pierre Fitzgibbon, auraient été faites au cours des deux à trois derniers mois, selon trois sources différentes au gouvernement fédéral.
Selon l’une d’entre elles, le cabinet de Fitzgibbon aurait laissé savoir qu’après les élections provinciales, il y aurait une volonté de la part de Québec de reconsidérer
et d’accélérer
le projet, si la Coalition avenir Québec est réélue. Ce que corroborent d’autres sources à Ottawa.
Cependant, aucune demande formelle n’a été présentée au gouvernement fédéral.
Selon nos sources, c’est le contexte changeant causé par la guerre en Ukraine, la pénurie de gaz en Europe et l’argument du développement économique qui auraient généré un intérêt renouvelé de la part du gouvernement Legault.
Pas plus tard qu’en mai dernier, le premier ministre François Legault déclarait pourtant qu’il n’avait pas l’intention de reconsidérer le projet. Il n'est pas question qu’on rouvre ce dossier-là, pour d’abord une question environnementale
, avait-il déclaré de passage à Jonquière.
En juillet 2021, le gouvernement Legault avait rejeté le projet évalué à 14 milliards visant à installer un complexe de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay, justifiant la décision par un manque d’acceptabilité sociale, notamment.
À la demande du fédéral
Interrogé à ce sujet, l’entourage du ministre sortant Pierre Fitzgibbon n’a pas nié explicitement que ce dernier est ouvert au projet de GNL Québec. Son bureau indique que le sujet a été abordé à la demande du gouvernement fédéral.
En préparation de la visite du chancelier allemand, à l’invitation de représentants du gouvernement fédéral, les processus d’approbation de plusieurs projets énergétiques ont été étudiés
, a expliqué par écrit Mathieu St-Amand, directeur des communications pour M. Fitzgibbon.
Il n’y a actuellement aucun projet à l’étude au gouvernement du Québec concernant GNL Québec. Actuellement, il n’y a pas de projets qui répondent aux besoins à court et à moyen terme de l’Allemagne
, a-t-il ajouté.
Projet peu réaliste aux yeux d’Ottawa
Or, selon des sources fédérales, le projet Énergie Saguenay de GNL Québec est jugé peu réaliste par certains membres du gouvernement Trudeau.
On ne tuerait pas le projet
, a déclaré une source gouvernementale fédérale, qui souligne toutefois qu’il faudrait un plan d’affaires viable.
La semaine dernière, en compagnie du chancelier allemand, Justin Trudeau s’était montré très prudent concernant le potentiel de nouveaux projets d’exportation de gaz vers l’Allemagne, dans l’est du Canada.
Il y a plusieurs projets qui ont été discutés depuis bien des années, mais pour lesquels il n’y a jamais eu de plan économique, de plan d’affaires qui étaient tout à fait logiques ou viables
, avait déclaré Justin Trudeau, ajoutant que c’était aux entreprises d’examiner le nouveau contexte économique et géopolitique.
Le premier ministre Trudeau avait aussi souligné la distance des gisements albertains et les coûts de transport vers l’est du pays.
GNL Québec poursuit ses efforts
Malgré le refus public énoncé par le gouvernement provincial, GNL Québec déploie beaucoup d’efforts pour tenter de faire avancer son projet Énergie Saguenay, avec en toile de fond la crise énergétique en Europe.
Le Québec et le Canada peuvent aider les pays européens dans leur ensemble à diversifier leurs sources d'énergie et à remplacer les carburants les plus polluants
, a écrit un porte-parole de l’entreprise.
GNL Québec a refusé de préciser quelle était la nature de ses contacts avec le gouvernement du Québec ces derniers mois.
En juin, l’entreprise annonçait avoir conclu un accord avec la société d’État ukrainienne Naftogaz pour approvisionner l’Ukraine en gaz naturel liquéfié et en hydrogène, malgré le refus de Québec.
Le printemps dernier, l’entreprise a aussi fait des représentations auprès de l’ambassadeur canadien en Allemagne, Stéphane Dion, pour faire la promotion du projet GNL Québec.