La construction du pipeline Énergie Est de TransCanada est essentielle pour permettre à l’industrie pétrolière canadienne de rejoindre un marché indien lucratif et de plus en plus gourmand. La route du pétrole des sables bitumineux passe donc par le Québec, a fait valoir mardi le président et chef de la direction de l’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP), Tim McMillan.
Alors que l’évaluation environnementale du projet de pipeline est au point mort au Québec et que le processus de l’Office national de l’Énergie doit reprendre depuis le début, le porte-parole du lobby pétrolier est venu plaider pour le développement de nouveaux marchés pour la production canadienne, dans le cadre d’une allocution prononcée à la tribune du Conseil des relations internationales de Montréal.
Selon M. McMillan, le client « naturel » que représente les États-Unis risque de devenir de plus en plus un compétiteur, notamment en raison des politiques mises de l’avant par la nouvelle administration de Donald Trump. Le président, a rappelé M. McMillan, a promis à plusieurs reprises de réduire les normes environnementales, mais aussi de favoriser le développement du secteur des énergies fossiles.
Viser l’Asie
Dans ce contexte, le porte-parole de l’ACPP a fait valoir que l’industrie doit plus que jamais se tourner vers de « nouveaux marchés » promoteurs. Or, ceux-ci se situent essentiellement en Asie, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie et de l’Office national de l’énergie. L’Inde et la Chine devraient d’ailleurs mener le bal, a souligné Tim McMillan mardi, devant un parterre de gens d’affaires.
Avec l’approbation du pipeline Trans Mountain, de Kinder Morgan, le pétrole des sables bitumineux devrait se frayer un chemin vers la côte ouest canadienne, a-t-il dit. S’il est construit, ce pipeline transportera au total 890 000 barils par jour, des barils qui devraient ensuite être exportés vers la Chine.
M. McMillan a toutefois insisté sur l’importance de rejoindre également le marché indien. Ce pays de plus d’un milliard d’habitants est déjà le troisième importateur mondial de pétrole et de produits pétroliers. Qui plus est, l’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande quotidienne de pétrole devrait atteindre 10 millions de barils en 2040. Pour le Canada, qui détient les troisièmes réserves pétrolières mondiales, il s’agit donc d’un marché prometteur.
Pour rejoindre le marché indien, a insisté Tim McMillan, il faudra impérativement construire le pipeline Énergie Est, de TransCanada. Ce pipeline voué surtout à l’exportation transporterait chaque jour 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux en sol québécois, sur une distance de 625 kilomètres.
Pipeline crucial
Pour le président et chef de la direction de l’ACPP, « ce projet est important pour l’industrie, mais aussi pour la position du Canada à l’échelle internationale ». Dans le cadre d’une rencontre de presse à la suite de son allocution, il a même dit au Devoir que le pipeline Énergie Est serait « crucial pour le Canada ».
« Si le Canada peut définir son propre destin, ça nous place dans une meilleure position », a ajouté Tim McMillan, en rappelant le fait que ce pipeline de TransCanada serait entièrement construit en sol canadien, contrairement au pipeline Keystone XL.
Il est vrai qu’Énergie Est est d’abord conçu pour faciliter l’exportation de la production croissante des sables bitumineux. Selon des données présentées l’an dernier dans le cadre de l’étude du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, pas moins de 80 % serait directement destiné aux marchés extérieurs, soit environ 900 000 barils par jour. Outre l’Inde, il était alors question de transporter ce pétrole brut vers l’Europe et les États-Unis.
Pas un cas unique
Tim McMillan se dit toutefois conscient de la controverse que suscitent les projets de pipelines comme celui de TransCanada. « Le cas du Québec n’est pas unique », a-t-il rappelé, avant de souligner que les divergences de points de vue « font partie de la vie ».
« Il ne faut pas envisager les projets en se disant qu’il n’y aura pas de gens qui seront en désaccord. Il faut s’assurer que les gens avec des points de vue différents puissent avoir accès aux faits. Ensuite, il faut prendre les décisions qui sont bonnes pour l’ensemble du Canada. »
Selon lui, c’est précisément ce qu’a fait le premier ministre Justin Trudeau en autorisant la construction du pipeline Trans Mountain en novembre dernier. Ce projet, auquel s’oppose notamment la Ville de Vancouver, suscite déjà des contestations judiciaires.
TransCanada suspend sa poursuite de 15 milliards contre les États-Unis
Calgary — TransCanada a suspendu une poursuite de 15 milliards contre les États-Unis relativement à Keystone XL à la suite de signaux lancés par le président américain, Donald Trump, qui laissent peu de doute quant à l’approbation du projet d’oléoduc.
L’entreprise de Calgary a déposé l’an dernier une contestation en vertu de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), alléguant que le gouvernement américain avait échoué dans son engagement à protéger les investisseurs canadiens et à assurer que la compagnie soit traitée conformément au droit international.
Le processus devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements avait été suspendu jusqu’au 27 mars.
TransCanada persiste à dire que l’ancien président américain, Barack Obama, a rejeté le projet d’oléoduc pour se forger une image forte sur la protection de l’environnement, bien que le gouvernement ait conclu maintes fois que l’oléoduc Keystone XL n’aurait pas d’impacts significatifs sur les émissions de gaz à effet de serre.
TransCanada est revenu à la charge pour l’approbation réglementaire de son projet de 8 milliards $US après que M. Trump eut demandé à l’entreprise de soumettre de nouveau sa requête pour un permis de bâtir, peu après son accession à la présidence. L’entreprise canadienne a aussi déposé une requête devant la Commission des services publics du Nebraska pour une approbation de cet ordre de gouvernement plus tôt ce mois-ci.
L’oléoduc de près de 1900 kilomètres, qui transporterait quelque 830 000 barils par jour de pétrole brut de l’Alberta jusqu’au golfe du Mexique, était devenu un sujet de premier plan pour les militants environnementaux avant son rejet par M. Obama en 2015.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé