Le système électoral canadien, qui attribue chaque circonscription à celui qui obtient le plus grand nombre d'électeurs, ne fonctionne plus. Les résultats sont souvent aléatoires et injustes.
La Cour suprême a déjà statué sur cette question et a rejeté la proposition que le droit de vote inscrit à la Charte des droits et libertés a garanti un scrutin purement proportionnel. Cette décision est bien fondée.
D'une part, il peut y avoir de bonnes raisons pour s'écarter de la règle de proportionnalité parfaite. Dans une société où la population rurale est en déclin, il n'est pas déraisonnable de favoriser quelque peu les électeurs ruraux. De plus, il est parfois nécessaire de protéger le Québec et certaines provinces maritimes contre les fluctuations démographiques en leur garantissant un nombre de sièges.
De plus, les pays qui ont essayé la proportionnalité parfaite ont découvert beaucoup de failles dans ce système. L'Italie et Israël sont des exemples bien connus de dérapages où une petite minorité radicale peut faire chanter la majorité. En effet, le système proportionnel est une des entraves majeures à la paix au Moyen-Orient puisqu'il donne une influence indue aux mouvements ultranationalistes en Israël.
Cela dit, un système cesse d'être démocratique si la relation entre le résultat et la volonté populaire devient éloignée. Chez nous, cette relation est de plus en plus vague.
En effet, il est possible pour un parti d'être majoritaire avec moins de votes que le perdant et cela est arrivé au Québec, en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick dans les dernières années.
Dans une société multiethnique, le système actuel a pour effet de désavantager les groupes minoritaires. Ces groupes sont souvent concentrés dans quelques quartiers et sont donc nécessairement sous-représentés. Par contre, les quelques députés qu'ils élisent avec de grandes marges de victoire deviennent plutôt des représentants ethniques que des députés ordinaires.
LA MAJORITÉ IGNORÉE
Le pire aspect du système actuel est la possibilité que le gouvernement soit le contraire de ce que la majorité a voulu. En effet, si la gauche ou la droite est divisée, un parti de l'autre tendance peut s'emparer du pouvoir avec 35% des votes. Les élections canadiennes du 14 octobre illustrent ce phénomène. Un tel résultat ternit le blason de la démocratie et amène les citoyens à décrocher de la politique.
Si le système actuel est inacceptable et la proportionnalité totale produit plusieurs effets dangereux, il existe pourtant des solutions intermédiaires. Le Canada et la Grande-Bretagne sont à peu près les seuls pays à garder notre système obsolète. La France tient un deuxième tour des élections dans les circonscriptions où il n'y a pas de majorité la première fois. L'Australie tient compte des «deuxièmes préférences» des citoyens. L'Allemagne a adopté une combinaison de notre système et de la proportionnalité.
C'est le système allemand qui semble le plus intéressant comme modèle. Si on réduisait le nombre de circonscriptions au fédéral de 308 à 225 et si on ajoutait 100 places à distribuer de façon proportionnelle, on vivrait dans le meilleur des mondes. D'une part, chaque électeur pourrait compter sur la présence d'un député local. D'autre part, les absurdités du système actuel seraient largement éliminées. Il n'y aurait plus de possibilité de gouvernement sans la participation du Québec ou de l'Alberta, ni d'un regroupement important comme le Parti vert sans représentation. Or, ce modèle adapté au Québec permettrait une meilleure intégration des minorités et ouvrirait la porte à leur représentation quand le Parti québécois forme le gouvernement.
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