Dans un monde qui vire à droite, les Canadiens et les Québécois méritent des félicitations.
Plus de 60% d'entre eux ont rejeté les conservateurs. Ils étaient divisés et les divisions ont permis aux conservateurs de garder le pouvoir. Cependant, les conservateurs n'ont pas de mandat pour transformer le Canada.
En 2006, Stephen Harper a gagné à cause du scandale des commandites. Son programme n'y était pour rien. Depuis, il s'est fait connaître comme un homme de la droite dure. Or, son programme vient d'être rejeté par une majorité importante des Canadiens et même par une majorité des comtés.
Les partis de l'opposition devraient donc se considérer en droit d'empêcher l'adoption de mesures radicales. Les privatisations, surtout du système médical ou de Radio-Canada, sont inadmissibles. Le maintien d'une politique monétaire et fiscale rigide est non seulement contraire à la volonté des Canadiens, mais impossible dans le nouveau climat global interventionniste. Le puritanisme et le populisme de M. Harper en matière de culture se sont avérés indigestes, surtout au Québec. Le durcissement insensé du droit criminel semble populaire dans l'Ouest, mais ne reflète pas l'opinion majoritaire ailleurs.
C'est le Québec qui mérite les félicitations les plus chaleureuses. Malgré la campagne anti-séparatiste menée par les conservateurs et les libéraux, et malgré la reconnaissance «nationale» dénudée de tout contenu, le Québec a réitéré son opposition à Stephen Harper.
Si le NPD n'a pas augmenté sa représentation de façon fulgurante, il a néanmoins survécu à la vague bleue dans l'Ouest et il a augmenté tant le nombre de sièges que le pourcentage du vote gagné ailleurs. Pour la première fois dans une élection générale, un néo-démocrate a gagné au Québec. Le NPD est en bonne position pour continuer son progrès.
Il est indéniable qu'Elizabeth May a démontré de grandes qualités pendant la campagne. Il serait dans l'intérêt du Canada qu'elle soit élue. Cependant, la décision du Parti vert de se présenter dans tous les comtés a aidé les conservateurs. Ce n'était pas sage. Le meilleur espoir pour les verts est une réforme du mode de scrutin et non pas la création des batailles à quatre, normalement gagnées par M. Harper.
LE GRAND PERDANT
Le grand perdant est le Parti libéral. Il est trop simpliste de blâmer Stéphane Dion puisqu'il a hérité d'un parti en déclin. Il possède des atouts indéniables -l'intelligence, le courage, des idées progressistes, une passion sincère pour l'environnement.
Le parti doit cependant décider s'il va garder son allure progressiste qui date des années 1960, dans quel cas il doit collaborer avec le NPD, ou s'il deviendra un parti «centriste» ou même de centre-droite. Jusqu'à maintenant, le PLC a essayé de maintenir deux visages - à gauche dans l'opposition, à droite au gouvernement. La montée du NPD et même des verts fait en sorte que cette ambiguïté n'est pas soutenable.
Si les libéraux veulent demeurer une force progressiste, ils doivent aussi maîtriser leur répugnance envers le Bloc. Il n'est pas nécessaire de devenir souverainiste pour comprendre qu'au Québec, la grande partie de la gauche manifeste des tendances nationalistes.
La grande déception de la soirée électorale était la chute dans le nombre d'électeurs qui ont voté. Une génération entière doit être convaincue de participer. Elle représente un espoir additionnel pour la gauche.
Bref, malgré l'apparente victoire de Stephen Harper, les partis d'opposition ont des devoirs à remplir envers les électeurs qui ont rejeté le programme conservateur. Il y a énormément de travail à faire, ensemble, pour s'assurer que la prochaine fois sera différente.
Bravo les électeurs !
Dans un monde qui vire à droite, les Canadiens et les Québécois méritent des félicitations.
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