La société québécoise ne semble pas encore parvenue à un degré de maturité lui permettant de se pencher sereinement sur son passé religieux. Il existe une proportion de gens, blessés par une éducation catholique bornée, qui sont incapables de discuter religion sans tirer à vue sur l’Église et ses clercs.
Ces générations de Québécois, noyées dans l’eau bénite, n’ont transmis pour seul héritage aux générations suivantes qu’un anticléricalisme hargneux. Surtout, l’histoire religieuse a été évacuée allègrement.
Comment comprendre l’évolution récente de notre société en refusant la dimension religieuse qui nous a façonnés? Comment cerner au plus près notre culture en rejetant l’apport de la religion?
Il est surprenant, voire douloureux, de constater l’ignorance des générations successives quant à l’histoire de l’Église catholique. Notons que l’Église a été la seule institution à caractère universel sur laquelle les Canadiens français ont exercé durant des décennies un pouvoir qui échappait à la domination anglaise.
Dimension religieuse
Comment engager alors un débat sur la laïcité de l’État si l’on persiste à confondre la foi, l’Église-institution et notre propre culture indéfinissable sans la dimension religieuse qui a influencé notre perception du monde, le choix de nos dirigeants et de la politique?
Nous rêvons d’un messie à Québec et l’on a hérité d’un cardinal intellectuellement arrogant, craint par ses ministres comme les évêques d’antan. Le ministre Barrette, lui, ressemble à un curé à la fois autoritaire, sanguin et vaniteux.
Nos syndicalistes-vedettes qui ont plongé le Québec dans des tourments sociaux étaient des clones des théologiens qui excommuniaient les hérétiques à tout-va. Et aujourd’hui encore, le dimanche soir, dans une grand-messe télévisuelle, les Québécois entendent des sermons. On pourrait poursuivre, bien sûr, ces exemples de ce cléricalisme laïque, succédané du cléricalisme religieux.
Laïcs militants
Les pourfendeurs de Dieu s’en donnent à cœur joie, croyant que la raison raisonnante doit logiquement imposer sa loi pour chasser toutes les croyances religieuses dont l’humanité se nourrit depuis des millénaires. Les laïcs militants exigent la séparation étanche de la religion et l’État, pour eux une évidence. Et la population réagit aux cas d’espèce. La saga du crucifix de l’hôpital Saint-Sacrement à Québec en est la dernière illustration.
Le premier ministre donne des coups d’encensoir à droite et à gauche si bien que tout le monde est enfumé.
Or le patrimoine religieux n’est pas l’expression d’une croyance, mais un indicateur de la culture d’un peuple. Toute éradication des symboles religieux hors des murs où s’incarne l’État contribue à effacer la mémoire du peuple.
Ce n’est pas la logique qui doit d’abord présider à la conservation des symboles passés. Faute de les connaître, nous ne comprendrons jamais qui nous sommes, donc qui nous souhaitons devenir. C’est un sentiment sans doute illogique pour des raisonneurs. Mais l’affectivité, le besoin d’appartenance, la fidélité au passé et l’identité doivent prévaloir.
Le crucifix de l’hôpital Saint-Sacrement oblige à se rappeler que des religieuses qui ont fondé l’établissement ont consacré leur vie à soigner les malades. Par foi certes, mais aussi par dévouement, générosité et amour des autres.
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