par François Normand
Considérant l'actuel déclin démographique, les Québécois devront tripler leur productivité dans les prochaines décennies s'ils veulent maintenir leur niveau de vie et financer leurs programmes sociaux, selon l'ancien premier ministre Bernard Landry.
C'est ce qu'il a affirmé lors d'une conférence prononcée au Colloque Vision Management, organisé par l'Ordre des comptables en management accrédités du Québec le 25 octobre, à Montréal.
La productivité se rapporte à la quantité et à la qualité de la prestation de travail produites par personne, patron comme employé. Son niveau varie en fonction de l'organisation du travail, de la formation du personnel et de la modernité des équipements.
Multiplier la productivité par trois signifie donc que chaque travailleur québécois devra produire trois fois plus de biens et de services qu'il n'en livre actuellement.
Un objectif considérable, mais pas impossible à atteindre, estime M. Landry, maintenant professeur au département de stratégie des affaires à l'École des sciences de la gestion de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
" Je pense que c'est faisable. Regardez ce que nous avons fait depuis 1960 ", a-t-il dit, en soulignant le rattrapage socioéconomique accompli par le Québec en 40 ans, par rapport à l'Ontario.
Priorité à la formation
Toutefois, selon l'ex-premier ministre, l'amélioration de la productivité au Québec ne passe pas nécessairement pas une hausse importante du nombre d'heures travaillées par semaine, laquelle, au-delà d'un certain seuil, augmente le stress et finit par réduire... la productivité !
La solution, dit-il, réside dans la formation de la main-d'oeuvre, qui doit devenir une vraie priorité dans l'ensemble de la société. " L'éducation et les sciences doivent avoir autant d'importance que la religion catholique au Québec en 1925 ! "
Les personnes mieux formées doivent aussi s'appuyer sur des équipements et des machines de pointe, a-t-il ajouté : " Les équipements industriels - et avec le taux de change, c'est le moment propice pour en acheter - doivent être impeccables. "
Bernard Landry estime que le Japon peut être un modèle à cet égard. Ce pays possède un fort taux de productivité, malgré ses problèmes de démographie semblables à ceux du Québec, a-t-il expliqué. " Si le Japon a pu le faire, nous pouvons aussi le faire. "
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1 commentaire
Normand Perry Répondre
3 novembre 2006Dans son édition Internet de ce matin, Les Affaires titre : "Le Québec doit tripler sa productivité, croit Bernard Landry", chose affirmée lors du Colloque Vision Management, organisé par l'Ordre des comptables en management accrédités du Québec le 25 octobre, à Montréal.
Je vais vous surprendre monsieur Landry, vous avez raison. Mais il se pourrait que les motifs pour lesquels je suis d'accord avec votre affirmation soient un tant soit peu différents par rapport à ceux que vous pourriez penser.
Entendons-nous sur une choses : il ne revient pas uniquement aux travailleurs de faire en sorte que la productivité puisse croître de manière vertigineuse. Les entrepreneurs doivent impérativement revoir la modernité de leurs équipements et l'acuité des méthodes de travail.
Contrairement à ce que Lucien Bouchard pouvait laisser sous-entendre lors de sa récente déclaration, je ne crois en aucune manière que la grande majorité des travailleurs font preuve de paresse ou de lenteur au travail. Cela pourrait être vrai en des cas isolés, mais de là à généraliser sur l'ensemble, il y a tout de même un abîme entre les deux.
Par ailleurs, vous évoquez à juste titre le modèle japonais. Comparativement au Québec, la démographie japonaise est inquiétante. Malgré tout, le Japon possède un fort taux de productivité. " Si le Japon a pu le faire, nous pouvons aussi le faire " selon les propos rapportés par Les Affaires.
Mais il y a des choses qui ne sont pas dites et qui doivent l'être :
Les entrepreneurs japonais, contrairement à l'ensemble des entrepreneurs québécois, ont un très grand souci de la fierté d'appartenance de leurs employés.
Ce qui veut dire un souci du bien-être de la personne humaine dans son milieu de travail et des accommodements (entendre ici sens du réalisme) par rapports à la réalité familiale. Peut-on en dire autant de nos entrepreneurs québécois ? J'ai bien peur que non.
Le plus du gros du travail à faire monsieur Landry est du côté de la mentalité des entrepreneurs. Sauront-ils se faire inspirant ? Le fardeau de la preuve repose sur leurs épaules.
Amicalement,
Normand Perry.