Le Québec prend un coup de vieux

« Notre avenir, un dialogue public »



par Berger, François
Inexorablement, le Québec et le Canada vieillissent, mais pas tout à fait au même rythme, constate un nouveau rapport sur la population publié hier par Statistique Canada. L'évolution démographique du pays entraîne d'ailleurs le Québec sur une pente descendante qui lui enlève de l'importance dans l'ensemble canadien.
Les Québécois ont maintenant 40,4 ans d'âge médian, c'est-à-dire que la moitié de la population a plus que cet âge et l'autre moitié, moins. Dans l'ensemble du Canada, l'âge médian est de 38,8 ans. Le 1er juillet dernier, le Québec comptait près de 7,7 millions de citoyens et le Canada, 32,6 millions.
La population québécoise a pris un "coup de vieux" de 1,9 an entre 2001 et 2006 tandis que l'Alberta, la province la plus jeune avec un âge médian de 35,5 ans, a vieilli de seulement de 0,8 an (neuf mois et demi), le Manitoba de 0,9 an et l'Ontario de 1,5 an. Avec le Québec, ce sont les provinces de l'Atlantique qui vieillissent le plus vite, Terre-Neuve ayant gagné un record de 3,2 ans dans son âge médian (maintenant de 41,3 ans) depuis 2001.
Les personnes âgées de 65 ans et plus représentent 13,2% de la population canadienne et 14,1% au Québec. Cette année, les tout premiers baby-boomers, ceux qui sont nés au début de la grande vague de naissances d'après-guerre, sont plus de 400 000 à fêter leur soixantième anniversaire!
Le vieillissement de la population a des effets importants sur la société, note le démographe Hervé Gauthier, de l'Institut de la statistique du Québec. Il provoque une augmentation des charges sociales, notamment dans le secteur de la santé, tout en réduisant le nombre de personnes au travail.
La faible fécondité explique le vieillissement démographique au Canada depuis 40 ans (en 1966, l'âge médian était de 25,4 ans). En moyenne, les femmes canadiennes ont maintenant 1,5 enfant au cours de leur vie, un taux équivalent à celui du Québec. Les provinces qui vieillissent le plus rapidement connaissent aussi un exode de leur main-d'oeuvre, qui va trouver un emploi ailleurs au pays, surtout dans l'Ouest.
Le déclin du Québec
Les projections démographiques de l'agence fédérale des statistiques, qui tiennent compte de la fécondité, de la mortalité, de l'immigration internationale et des migrations interprovinciales, font de l'Ontario la grande gagnante des changements à venir au pays au cours des 25 prochaines années.
En 2031, l'Ontario abritera plus de 41% de la population canadienne, comparativement à 39% en ce moment. Le Québec perdra du poids en passant de 23,5% à 21,5% de la population du pays. En 1991, le Québec constituait 25% du Canada, et 28% 20 ans plus tôt.
La réduction du poids du Québec au Canada aura des effets économiques et aussi politiques, dit le démographe Gauthier, notamment sur la péréquation, qui répartit la richesse entre les régions au prorata de leur population.
Couplée au vieillissement de la population, la diminution de l'importance relative du Québec n'est pas de bon augure pour la province.
Outre l'Ontario, les autres gagnantes de l'avenir démographique sont la Colombie-Britannique, dont le poids passera de 13% à 14% de la population canadienne, et l'Alberta, qui passera de 10% à 11%. Le Manitoba et l'Île-du-Prince-Édouard devraient conserver leur part respective, comme les territoires à majorité autochtone du Yukon, du Nunavut et du Nord-Ouest. Ailleurs, en Saskatchewan, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve, comme au Québec, ce sera le déclin.
Dans un quart de siècle, l'âge médian des Canadiens devrait atteindre 44 ans et celui des Québécois, 46 ans. Les personnes de plus de 65 ans composeront le quart de la population.
L'espérance de vie passera chez les hommes québécois de 76,6 ans en ce moment à près de 82 ans en 2031, et chez les femmes de 82 ans à plus de 86 ans. Quant au nombre de centenaires, il devrait tripler au Québec pour dépasser 3000 dans 25 ans.
Le vieillissement de la population est un phénomène mondial qui touche plus particulièrement les pays développés, où la fécondité s'est effondrée depuis une trentaine d'années. Selon les Nations unies, l'âge médian de toute l'humanité est aujourd'hui de 28,1 ans (c'était 22,2 ans en 1970). Il atteint 39 ans en Europe, 36,1 ans aux États-Unis, 32,3 ans en Océanie, 27,7 ans en Asie (32,6 ans en Chine), 25,9 ans en Amérique latine et seulement 18,9 ans en Afrique.
Le Québec se compare à la Suède, où l'âge médian en 2005 était de 40,1 ans.


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