La récente déclaration de l'ex-premier ministre du Québec M. Lucien Bouchard selon laquelle les Québécois travailleraient moins que leurs voisins ontariens et américains n'est pas passée inaperçue.
C'est un fait indéniable que la productivité au Québec, exprimée en nombre d'heures travaillées, est moins élevée que celle de l'Ontario et des États-Unis. Il est intéressant, à ce sujet, de lire l'étude publiée par Statistique Canada en juin 2005 (n° 75-001-x1l) qui réévalue à la baisse l'écart constaté il y a quelques années entre le Canada et les États-Unis.
Cette étude détermine qu'il y aurait environ 52 heures par année travaillées en moins au Canada. Cela s'expliquerait par un nombre plus élevé au Canada de congés de maternité et par le vieillissement croissant des travailleurs.
Fait intéressant, le taux de participation des femmes au travail, au Québec, est l'un des plus élevés du monde, soit 68,5 %.
La productivité, ici, est plutôt excellente! En particulier, on note que le nombre de «travailleurs autonomes» est beaucoup plus élevé au Canada, ce qui peut expliquer, du moins en partie, l'écart observé relativement au nombre d'heures travaillées. D'ailleurs, l'économiste renommé M. Pierre Fortin, professeur à l'UQUAM, a consacré à ce sujet en 2003 une étude que l'on peut consulter sur le site Internet de L'observateur international de la productivité, n° 6,2003.
La productivité au Québec est certes plus faible qu'ailleurs, mais l'écart n'est pas aussi considérable que l'on croyait.
De toute façon, ce n'est pas tant la productivité évaluée en nombre d'heures qui compte le plus, mais davantage la productivité au sens de la création d'emplois, de l'augmentation du revenu gagné et, par conséquent, de la hausse des recettes fiscales. En effet, dans un Québec plus prospère, les revenus gagnés par les contribuables seraient plus élevés et les recettes fiscales également, ce qui aurait un effet bénéfique sur les finances publiques.
Le débat public sur un Québec riche ou pauvre, selon les lucides ou les solidaires, porte à vrai dire sur l'état des finances publiques du Québec. Si elles étaient en bonne posture, avec des surplus, elles donneraient au gouvernement une marge de manoeuvre, lequel pourrait alors soit réduire les impôts, soit investir davantage dans certains programmes sociaux. Cette absence de marge de manoeuvre est comme l'aiguille dans le talon du gouvernement qui est toujours à la recherche du déficit zéro, de la réduction de la dette ou d'un financement pour investir.
L'impôt payé
Un chiffre me semble fort inquiétant, plus grave encore que la question de la productivité: le montant de l'impôt payé chaque année par les individus au Québec. En effet, on prélève chez les individus actuellement 18 milliards de dollars en impôts. Ce chiffre n'a pas augmenté depuis six ans.
L'an prochain, en 2008, plus de 50 % de la population ne paiera pas d'impôts au Québec, et ce pourcentage augmentera de 1 % tous les cinq ans.
Le vieillissement de la population, déjà perceptible, combiné à des recettes fiscales peu florissantes, nous prépare un cocktail explosif dans les prochaines années.
Étant donné que les dépenses continuent d'augmenter et que le nombre de personnes qui paient de l'impôt au Québec diminue, la question apparaît toute simple, mais lourde de conséquences: qui, demain, paiera des impôts au Québec?
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